Rétromobile 2025 : « La Formule 1 tricolore, des années soixante à nos jours », c’est ainsi que le salon parisien où l’on pose a intitulé l’exposition de Formule 1 ayant une relation marquée avec l’hexagone. Nous vous en présentons les plus emblématiques, ainsi qu’un petit clin d’œil final assez partisan qui n’a rien à voir avec le sujet dont on cause, reconnaissons-le bien volontiers.
Pierre Ménard
Texte et photos : Pierre Ménard
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Un concept large
Que veut exactement dire ce titre, « La Formule 1 tricolore, des années soixante à nos jours » ? Car d’évidence, la Formule 1 « française » n’existait pas en 1965. On peut par contre considérer que cette date marque le début d’une grande aventure tricolore qui mènera vers un titre mondial pour une monoplace bleue. Mais pilotée par un Ecossais avec un moteur et des pneumatiques anglais autour de lui. Toute la finesse du concept exposé au fond du Hall 2 est résumée dans cet exemple : les voitures présentes ont toutes un rapport avec le sport automobile hexagonal, que ce soit le pilote, le moteur, le châssis ou/et les pneus. Ça permet de ratisser large et de prouver qu’on a un sacré savoir-faire dès lors qu’on s’en donne la peine.
Les grands vainqueurs
A tout seigneur, tout honneur, la Matra MS80 que Jackie Stewart fit triompher à 5 reprises en 1969 (en Afrique du Sud, Stew pilotait encore la MS10 de l’année précédente). C’est elle qui clôtura ce programme ambitieux lancé par Lagardère en 1965 : la F3 pour apprendre, la F2 pour gagner, la F1 pour être champion du monde. Le triomphe fut partagé avec l’écurie de Ken Tyrrell présentant de meilleurs gages de réussite que la maison mère française, mais ayant refusé le V12 maison pour privilégier le V8 Cosworth, plus fiable, plus coupleux et plus puissant. Rappelons toutefois que, lorsqu’on lui demanda à plusieurs reprises quelle voiture l’avait le plus enthousiasmé dans son parcours de F1, le pilote à la voix aiguë insista sur le fait que la Matra était la mieux équilibrée.
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A l’autre bout du spectre, presque trente ans plus tard, la Benetton B195 de Michael Schumacher en 1995 et la Williams FW19 de Jacques Villeneuve en 1997 illustrent la suprématie indiscutable du V10 Renault dans les années 1992-1997. En tout 12 titres pilotes et constructeurs. Carton plein ! La firme au Losange avait initialement signé avec Frank Williams pour une fourniture gratuite… et exclusive dès 1989. Aussi, lorsque Bernard Dudot annonça en 1994 au rigide patron anglais que Renault fournirait également Benetton dès 1995 pour un « meilleur retour et une plus grande compétitivité pour les deux équipes », ce dernier lui demanda froidement si c’était une plaisanterie. Le triomphe de Schumacher et de son équipe en 1995 resta en travers de la gorge de Frank, même après les couronnes revenues « à la maison » en 96 et 97.
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Quelques morceaux de gloire
La Renault-turbo RE40 de 1983 aurait normalement dû pouvoir prétendre à ces honneurs ultimes. Elle était tricolore jusqu’au bout des ailerons, châssis, moteur, pétrolier, pneumatiques et pilote. C’était l’année à ne pas louper, celle d’une « équipe derrière son pilote » comme le proclamaient les affiches 4X3 placardées dans tout l’Hexagone au moment où l’atmosphère commençait à devenir irrespirable au sein de l’écurie jaune et noir. Le titre manqué d’un chouïa à Kyalami face à une Brabham dopée à une essence suspecte, l’éviction de Prost et la lente agonie jusqu’en 1985 ne doivent pas faire oublier que Bernard Dudot et son staff avaient initié une audacieuse technologie et que le V6 turbo de Viry-Châtillon resterait une référence dans le monde de la course.
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Puisqu’on en cause, ce multicylindres équipa également les belles Lotus JPS à partir de 1983. Cet exemplaire de 1984, Type 95T conçu par Gérard Ducarouge et Martin Ogilvie, fut à la pointe de beaucoup de combats, sans malheureusement concrétiser au plus haut niveau. Il faudrait attendre la saison suivante et l’arrivée du « magicien » Senna dans l’écurie pour que les victoires saluent les performances de ce moteur. Lors du retrait définitif de Renault fin 1986, le Brésilien exprimerait ses regrets, affirmant que ce bloc avait fait d’énormes progrès et que c’était dommage de se retirer au moment où « ça allait payer ».
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Pas vraiment une référence, la BRM P160B de 1972. Mais elle reste chère au cœur du public français car c’est à son volant que Jean-Pierre Beltoise remporta son unique victoire – mais quelle victoire ! – à Monaco sous une pluie battante. Elle n’était pas d’une grande rigidité et son V12 était relativement feignant. Mais sur le bitume détrempé de la Principauté, ces défauts permirent au chouchou des spectateurs locaux de se jouer des événements et de la concurrence. Tout en pilotant à l’aveugle et au compte-tours !
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Six ans plus tard, et sous un grand soleil, c’est un autre Français méritant qui s’illustra sur les montagnes russes du Rocher. Patrick Depailler pilotait une Tyrrell 008 qui marquait le retour au grand classicisme après l’aventure un peu folle de la P34 six-roues. Un retour à la normalité qui s’accompagnait, hélas, d’une absence de grande qualité pour ce châssis. Mais sur le circuit étroit de Monaco où il est quasiment impossible de doubler, la hargne et le talent d’un champion déterminé suffirent pour que le petit Clermontois timide enlève enfin sa première victoire en grand prix. A noter que le modèle exposé fut un temps la propriété de Nick Mason, grand collectionneur de belles mécaniques et accessoirement batteur d’un des plus célèbres groupes de rock de la planète.
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Et les autres
Elles ne gagnèrent jamais, mais elles autorisèrent l’écriture de quelques pages de cette belle histoire du sport automobile tricolore. Ne tournons pas autour du pot, la Williams FW04 de 1975 ne valait pas grand-chose : châssis imparfait, préparation douteuse de la part d’une équipe désargentée, V8 Cosworth et pneumatiques de second choix, bref rien de bien folichon pour le jovial Jacques Laffite qui considérait avec fatalisme que ces galères seraient très instructives pour un futur plus lumineux. De la lumière, il y en eut lors du Grand Prix d’Allemagne sur un Nürburgring écrasé de soleil. Et des crevaisons également, à cause de la chaleur favorisant l’accumulation de gravillons au bord de la piste. Bien des cadors durent abandonner ce jour-là, ou rentrer aux stands pour changer de semelles. Pas Jacques, qui fut épargné par la poisse et réussit à amener sa brouette sous le drapeau à damiers, en deuxième position derrière le vainqueur Reutemann. Une belle journée assurément !
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En parlant de brouette, celle qui échut à Henri Pescarolo en 1972 était un sacré spécimen : la March 721 de Frank Williams (déjà lui !) représentait la F1 des défavorisés. Ayant déjà piloté une 711 approximative en 1971, Henri se voyait condamné à la médiocrité crasse avec cette Formule 1 dérivant de la précédente. Le grand barbu, dont le parcours de pilote F1 s’enfonçait dans le néant absolu, put se consoler cette année-là avec une victoire éclatante au Mans qui annonçait une carrière exceptionnelle en endurance.
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Le cabriolet roi
Sans transition aucune, voici un stand qui a interpellé votre serviteur : les Mazda MX5 cabriolet. Quatre modèles exposés, NA, NB, NC et ND, soit les quatre évolutions de celui qui détient le titre de « cabriolet deux places le plus vendu au monde » (on parle de 1 200 000 exemplaires écoulés depuis 1989). Lors de sa conception dans la deuxième partie des années quatre-vingt, les ingénieurs maison à Hiroshima voulant relancer la vogue des petits roadsters se sont basés sur l’iconique Lotus Elan pour leur développement. Mais avec en tête une idée forte : fiable et étanche. Histoire de ne pas rebuter une clientèle putative ne sacrifiant rien au confort d’utilisation.
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Lors de son apparition, la petite japonaise fut fraîchement accueillie par les amateurs d’anciennes. Mais son essai se transforma vite en adoption et son image grimpa en flèche dans l’esprit des fanas de voitures plaisir. Légère et amusante, la « Miata » devint vite un mode de vie automobile et son, ou sa, propriétaire peut même se faire aimablement saluer sur les petites routes par des possesseurs de Lotus Elise ou autre cabriolet britannique. Vérifié à de nombreuses reprises.
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