Aujourd’hui 3 janvier nous avons une pensée pour Michael Schumacher. 49 ans. Quatre ans se sont déjà passés depuis son accident. L’espoir peu à peu s’en est allé. Les média l’ont oublié. Le champion demeure. Il nous avait inspiré ces quelques mots.
Classic Courses
L’incrédulité a progressivement laissé place à la peine puis à la prière. Casque brisé, traumatisme, coma, pronostic vital engagé. La litanie dramaturgique d’un mauvais film. Pas de media, pas d’images, pas de commentaires en direct. L’accident de Michael Schumacher est si peu en rapport avec sa dangereuse vie de pilote de Grand Prix qu’il est difficile de lui donner une consistance, une matérialité, une réalité tangible. Et pourtant, il s’est produit. A l’écart du monde auquel il a imposé son talent. Sans les media qui lui ont donné sa célébrité. Hors d’une compétition dans laquelle il a battu tous les records.
Olivier Rogar
Au-delà du grand champion qui lutte, nous sommes conduits à penser à ce qui fait le caractère de ces hommes. Lorsqu’un pilote subit un grave accident de course, nous sommes partagés entre deux pensées contradictoires ; d’une part le sentiment que ce sport pousse toujours les limites de la performance au-delà de celles de l’absurde et d’autre part la résignation égoïste devant ce que notre passion nous conduit à nommer « les risques du métier ».
Mais avec Michael Schumacher, il ne s’agit pas d’un fait de course. Il s’agit d’un accident de ski banal comme les égrène chaque hiver le fil de l’actualité. Cette banalité à laquelle les champions nous semblent devoir échapper. C’est précisément cette opposition entre deux notions contradictoires ; absurdité de la quête sans fin de performance et banalité de l’accident, qui nous renvoie à la source de l’admiration que nous portons à ces hommes d’exception.
De l’âge de l’enfance à celui de la retraite sportive, ces pilotes du plus haut niveau vivent à 300 à l’heure au sein d’un monde de relativité étroite entre temps, espace et danger. Un univers que peu ont exploré. Un univers au sein duquel ils excellent à tangenter des limites toujours risquées, parfois mortelles. Leur vie se déroule à une vitesse à laquelle toute maitrise échappe au commun des mortels. Tandis qu’une vie « normale » leur semble se dérouler au ralenti. Ce manque explique parfois les retours de champions qui n’ont plus rien à prouver. Manque d’humilité, d’ambitions autres, de volonté de prendre « d’autres » risques ? Nous pensons simplement que l’absence d’adrénaline leur est insupportable.
Souvenons-nous de la première retraite de Michael Schumacher. Deux titres chez Benetton puis cinq titres chez Ferrari dans une équipe au sein de laquelle ses ingénieurs l’avaient suivi. Sa proximité avec Jean Todt semblait faire de lui un successeur idéal au sein de la Scuderia. Il n’en n’a rien été. Il est parti. A pris du repos et après quelques mois s’est investi en sport motocycliste… Une passion inassouvie à laquelle il donnait corps. De jolies performances, quelques chutes puis un gros accident lui ont fait mettre un terme à l’aventure. Mais il avait compris que sa carrière s’était arrêtée à un âge et à un niveau de performance physique incompatibles avec son besoin d’adrénaline et de performances.
Mercédès n’eut pas de mal à le convaincre de faire son retour en F1. Retour dans une écurie en construction dont il eut l’imprudence de dire qu’il revenait pour la faire gagner. Retour qui nous paru fade, pour ne pas dire raté après la conquête d’un seul podium en trois saisons. . Retour à peser à postériori à l’aune des qualités de son coéquipier Nico Rosberg, dont l’ultra rapide Hamilton eut à essuyer la domination à de nombreuses reprises en cette saison 2013.
Ces champions sont tellement habitués à gérer les paramètres de leurs performances, qu’ils nous semblent devoir être épargnés par l’imprévisible. Par ce que l’on appelle parfois la fatalité. Fatalité qui les ramène au monde commun. Fatalité qui les rend vulnérables, eux qui semblaient indestructibles. Fatalité qui nous les fait aussi apprécier et aimer comme des êtres humains « normaux ».
En ce jour particulier pour Michael Schumacher, celui de son 45e anniversaire, nous en appelons aux forces de l’esprit et de la compassion pour l’aider dans sa lutte, réelle bien qu’ inconsciente, et pour manifester tout notre soutien à sa famille.
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