FERRARI PRÊT À BRISER L’EQUILIBRE.
Jusque là, le partage était équitable entre les trois équipes dominatrices du championnat de F1. En neuf Grands Prix, elles s’étaient partagé les succès à parité : trois chacune. A Silverstone, la balance promettait de forcément pencher en faveur de l’une ou l’autre. Dès les essais, il apparut qu’il s’agirait de Mercedes ou Ferrari. Car Red Bull payait sur ce tracé très rapide une inadaptation déjà perçue précédemment aux très grandes vitesses. Verstappen et Ricciardo plaçaient plus ou moins clairement ce déficit sur le compte du moteur Renault, omettant (à tort ou à raison) l’influence de charges aérodynamiques pénalisantes. Finalement, entre les deux favoris, Ferrari l’a emporté sur Mercedes avec une marge faible sans doute, mais nette : tandis que Vettel devançait Hamilton, Raïkkonen réglait son compte à Bottas. Pour que le bel équilibre du début de saison se prolonge il faudrait que, lors des deux prochains rendez-vous (Allemagne et Hongrie), Mercedes et Red Bull se partagent les victoires. On miserait alors pour Mercedes à Hockenheim et Red Bull sur le Hungaroring. Mais la vitesse exprimée de façon si nette par les Ferrari à Silverstone entretient le doute : et si, appuyée par l’ardeur de Vettel et Raïkkonen, la Scuderia était partie pour une fin de saison triomphale ?
Johnny RIVES.
HAMILTON AIDÉ PAR LA « SC ».
Héros du public de Silverstone, Lewis Hamilton a été justement acclamé après sa 2e place. Mais cela n’a pas semblé le consoler du tête-à-queue auquel l’avait involontairement contraint Raïkkonen dans la cohue du premier tour. Reparti 19e, Hamilton a réalisé une remontée aussi aisée que spectaculaire. Aisée cela s’est vu lors de ses confrontations avec des rivaux peu habitués à se frotter à lui. Après seulement cinq tours, il s’était déjà hissé à la 12e place. Un tour plus tard, il accédait à la 10e place (donc aux points) au détriment d’un Magnussen totalement impuissant à résister à la Mercedes n°44. Un tour plus tard, il se défaisait de Sainz (9e). Un tour encore et Ocon s’inclinait (8e). Puis c’était Leclère (7e). Un tour encore et Hulkenberg lui cédait la 6e place. En dix tours, Hamilton avait réglé le compte de tous les pilotes du « midfield ». Il comptait alors 27 secondes de retard sur le leader Vettel. Après son changement de pneus (28e tour) il retrouvait cette 6e place à laquelle son retard (22’’7) semblait le condamner. C’est alors qu’intervint la SC (voiture de sécurité), à cause de l’accident d’Ericsson (32e tour). Elle annihilait tous les écarts, et essentiellement celui d’Hamilton. Ferrari compensait ce désavantage en arrêtant Vettel et Raïkkonen pour un second changement de pneus. La SC intervint encore (accrochage Sainz-Grosjean, 38e tour). Quand le feu vert fut redonné (41e passage), Bottas alors en tête précédait de peu Vettel, Hamilton, Verstappen, Raïkkonen et Ricciardo. Tout restait à jouer. En s’opposant d’abord à Vettel, puis à Hamilton, Bottas maltraitait ses pneus au point de perdre toute chance de finir sur le podium. Auquel avait donc accédé Hamilton, ce qui lui avait été facilité par la SC. Il ne s’en montra pas heureux pour autant.
LES LAISSÉS POUR COMPTE.
Plus encore qu’à travers la remontée d’Hamilton, on a clairement mesuré le gouffre séparant les trois équipes majeures du restant du peloton lors de celle de Raïkkonen. Celui-ci avait été le premier appelé à son stand pour changer de pneus (14e tour). Cela le fit dégringoler de la 4e à la 11e position, derrière Magnussen. Après s’être sans difficulté débarrassé du Danois et de sa Haas à moteur Ferrari, Raïkkonen réussit en un seul tour (le 17e) à déborder coup sur coup Ocon, puis Leclère, puis Hulkenberg, pour se retrouver 6e ! Hamilton et Raïkkonen ont implacablement souligné à Silverstone le gouffre séparant les performances des meilleures équipes sur l’ensemble de celles constituant le fameux « midfield ». Un gouffre que les meilleurs tours en course permettent de quantifier clairement : celui qui fut le meilleur des « autres », Hulkenberg (classé 6e grâce à l’abandon de Verstappen en fin de course) a signé un 1’33’’405 qui lui permet de devancer Gasly (1’33’’465), Alonso (1’33’’482), Vandoorne (1’33’’551) etc. Mais cette performance se situe à près de trois secondes du meilleur tour de Vettel (1’30’’696) et à près de deux secondes de celui de Ricciardo (1’31’’589) dont la Red Bull ne pouvait pas ambitionner de faire mieux que 5e derrière les Ferrari et Mercedes. On ne peut que prendre acte de cette situation. Tout en la déplorant…
LA VALEUR DES MOTEURS
Chez Red Bull, personne ne se prive de désigner les insuffisances du moteur Renault pour justifier certaines contre-performances. C’était clairement le cas à Silverstone où les vitesses max venaient étayer les plaintes de Red Bull. Toutefois, un élément troublant apparaît à la lecture des performances relevées au sein du gros peloton. Tout en jouant la sécurité au plan des pneus au détriment de la performances (départ en pneus « medium », blancs, au lieu des « tendres », jaunes, et changement à la mi-course pour des « durs », bleus là où l’on guettait des « tendres » grâce à l’allègement du carburant) l’écurie Renault a émergé du « midfield » (Hulkenberg 6e devant Ocon et Alonso) tout en signant au passage un meilleur tour plus rapide que la meilleure des Mercedes bis (la Force India de Perez) ou que la meilleure des Ferrari bis (la Haas de Magnussen). Cela ne s’expliquerait-il que par la grâce d’un châssis plus performants ? Si oui, cet avantage était passé totalement inaperçu jusqu’ici !