A l’issue du Grand Prix du Mexique 2018, Lewis Hamilton, cinq fois champion du monde, a donc rejoint Juan-Manuel Fangio dans les statistiques de l’Histoire de la course. On estimera cependant préférable d’écrire Hamilton AUTANT que Fangio plutôt que COMME Fangio.
Car il n’y a guère de comparaison possible entre l’époque du grand Argentin et celle d’aujourd’hui. De fait, écoutant nos chers (et excellents) commentateurs établir un parallèle entre ces deux champions hors du commun, il nous venait un sourire : le papa de Lewis Hamilton était-il seulement né en 1957, lors du cinquième et dernier sacre de l’inoubliable Argentin ?
Johnny RIVES.
Pour mémoire :
2017 Grand Prix du Mexique - Max a déjoué les favoris 2016 Grand Prix du Mexique - Le sourire nuancé de Nico 2015 Grand Prix du Mexique - Pas un cadeau !
Deux époques si éloignées…
En effet, essayer d’établir des parallèles entre ces deux périodes de la course tient de la gageure. Sauf si l’on s’en tient à la définition théorique des Grands Prix : il s’agissait, hier comme aujourd’hui, de couvrir à la vitesse la plus élevée possible une distance donnée en circuit fermé au volant d’automobiles à moteur à explosion. Cela étant, rien d’autre n’est comparable entre deux époques aussi éloignées. Au plan technique, déjà. Mais même au plan humain : la relation entre les pilotes, la façon dont ils expriment leur réalité. Jusqu’à l’approche que certains d’entre eux ont de leur métier.
On va pourtant dénicher un aspect qui pourrait rapprocher nos deux héros, celui d’avant-hier et celui d’aujourd’hui. Fangio, pour qui ses congénères exprimaient un respect absolu, était salué par le public et par la presse comme un « grand seigneur ». Une expression couramment utilisée à l’époque. Une image qui, quoique surannée, pourrait être étendue à Hamilton. Lewis se montre toujours loyal dans les combats qu’il livre à ses rivaux (c’est devenu une qualité rare). Et aussi très respectueux pour son entourage professionnel – dont il reconnaît publiquement, avec humilité et humanité, l’importance. En cela, oui, Hamilton est digne de comparaison avec son lointain devancier.
Les courses d’antant
Deux exemples nous viennent en mémoire pour exprimer les relations qu’entretenaient entre eux les pilotes d’antan. Le titre de champion du monde 1951 devait se jouer entre Fangio (Alfa Romeo) et Ascari (Ferrari) lors du dernier Grand Prix de la saison à Barcelone. La rivalité était aiguë entre les deux équipes italiennes, la presse s’en régalait. Or, la veille de la course, les deux rivaux se mirent d’accord pour que le vainqueur de leur confrontation invite l’autre, et de surcroit tous ses amis, à un banquet pour célébrer son titre. C’est Fangio qui paya.
Second exemple : au GP d’Italie 1956, s’arrêtant à son stand pour un changement de pneus. Peter Collins aperçut Fangio, bras ballants, qui venait d’être trahi par sa mécanique. Faisant ni une, ni deux, Collins sauta à terre, priant Fangio de prendre le volant de sa Ferrari pour défendre ses chances au championnat. Quand ses amis (et la presse britannique) lui en firent le reproche, Collins se justifia en disant : « Fangio est le meilleur d’entre nous, il mérite d’être couronné. Moi je suis jeune, j’ai bien le temps pour ça… ». On aurait du mal à citer une anecdote équivalente de nos jours.
Verstappen récompensé
Pour en venir à l’objet même de ces réflexions, on saluera comme il se doit la victoire méritée de Max Verstappen dans le Grand Prix du Mexique 2018. Le Batave a reçu ainsi la récompense qu’il méritait depuis les essais, où sa domination n’avait connu qu’une faille – quand, dans un effort inattendu, son équipier Daniel Ricciardo lui avait soufflé la pole pour 26 millièmes de seconde. Celui-ci méritait la 2e place, après s’être fait brûler la politesse par Verstappen au départ. Quand, une fois de plus il fut trahi par sa Red Bull.
Les Mercedes usent trop leurs gommes
Comme à Austin, une semaine plus tôt, les Mercedes ont perdu toute change de gagner à Mexico à cause d’une usure excessive de leurs pneus. Clairement quelque chose s’est enrayé dans l’équipe allemande depuis qu’elle a modifié ses jantes pour répondre avec certitude au règlement technique. Alors que Raïkkonen (3e) s’est contenté d’un seul changement de pneus, Bottas (6e) en a opéré trois… ce qui lui a permis de signer le meilleur tour en course en fin de parcours avec des pneus neufs. Avec près d’une semi seconde d’avance sur celui de Verstappen. Clairement les capacités absolues des Mercedes n’étaient pas en cause. Mais seulement leur soudaine voracité concernant les Pirelli.
Renault progresse
Après les 6e et 7e places d’Hulkenberg et Sainz à Austin (ils s’étaient classés premiers des « autres »), l’Allemand a récidivé à Mexico en hissant sa Renault à la sixième place. Résultat qui reflète d’étonnants progrès déjà remarqués aux essais – les Renault monopolisaient la quatrième ligne sur la grille de départ. Autant de performances relatives (oublions les Red Bull, Ferrari et Mercedes…) qui confortent la septième place d’Hulkenberg au championnat (premier des « autres » !) et la quatrième de Renault chez les constructeurs, avec désormais une avance rassurante sur les Haas-Ferrari qui ont subi deux déroutes successives à Austin et à Mexico (zéro point).
Revivez les meilleurs moments du Grand Prix du Mexique 2018 :