PAS DORÉS, LES FINLANDAIS…
Ce titre pourrait faire référence à la malchance ayant frappé Kimi Raïkkonen et Vallteri Bottas au Grand Prix d’Espagne 2017 en raison de leurs abandons. Mais non. Aussi regrettables qu’ils aient été, ces deux faits de course étaient la conséquence de circonstances particulières : la (quasi) inévitable bousculade du premier virage pour Kimi ; et l’utilisation d’un moteur en bout de kilométrage pour Vallteri. En revanche, il y a plus inquiétant pour eux. Une menace constante. Un obstacle auquel ils seront confrontés régulièrement, à chaque Grand Prix : l’étincelante maîtrise de leurs équipiers, Sebastian Vettel et Lewis Hamilton. Une maîtrise à laquelle chacun de ces deux champions hors du commun a eu recours sur le circuit de Montmelo. En étalant, à notre grand ravissement, un brio difficilement égalable. Qui par un étincelant sens de l’attaque (Vettel), qui par une inaltérable constance à se tenir aux limites sans la moindre erreur (Hamilton). Qualités ayant abouti à un résultat éloquent : 3’’6 les séparaient au terme d’une course qu’ils ont dominée de la tête et des épaules, tandis qu’à la seule exception de Ricciardo (néanmoins distancé de 1’15’’) tous les autres leur avaient concédé au moins un tour de retard.. Entre ces deux pilotes d’exception, la différence s’était faite sur un coup de dés ou presque : la remise en question par la safety car de la stratégie des changements de pneus. Dans laquelle le hasard, peu ou prou, a eu son mot à dire. Cela étant, quel duel ! Quelle course ! Quel final entre eux deux ! On en redemande ! Tout en gardant le (petit) espoir que Raïkkonen et Bottas puissent contrarier le plus souvent possible une situation qui, à Montmelo, nous a semblé endémique.
Johnny RIVES.
MAÎTRES À JOUER.
Après cinq Grands Prix, voici donc Vettel et Hamilton à égalité de victoires : deux chacun. Ce qui les départage (de peu) ce sont les deuxièmes places : trois pour l’Allemand, deux pour l’Anglais. Les qualités leur ayant permis de dominer le début du championnat 2017 sont apparue en pleine lumière à Montmelo.
-Hamilton a triomphé en assortissant d’une constance infaillible son sens aigu de la limite. Il possède la faculté de se tenir, à chaque freinage, dans chaque virage, tout près des limites pourtant imperceptibles de sa machine. Jamais d’erreur ? En tout cas très rarement. C’est peut-être cette qualité qui, au GP de Russie, lui avait permis de ne pas tenter l’impossible avec une machine dont le fonctionnement lui posait problème. Et ainsi de sauver une 4e place qui, pour misérable qu’elle put paraître, pourrait ultérieurement s’avérer précieuse.
-Vettel semble avoir définitivement retrouvé ces qualités lui ayant rapporté quatre titres de champion du monde (de 2010 à 2014) à la grande époque des Red Bull. Il lui aura fallu trois saisons pour trouver chaussure à son pied chez Ferrari. Désormais l’osmose semble parfaite entre lui et la Scuderia. Il y exprime son sens de l’attaque comme à ses plus beaux jours. Ce qu’il a démontré d’abord par un départ de feu, au GP d’Espagne 2017 puis en infligeant à Bottas une humiliante leçon en lui subtilisant la première place alors que Vallteri croyait la défendre de façon imparable.
LES REINES DU PELOTON.
Les terribles ennuis que connaît avec la justice de son pays Vijay Mallya, son propriétaire, ne semblent affecter en rien le fonctionnement de l’équipe Force India. Celle-ci, en obtenant les 4e (Perez) et 5e places (Ocon) au GP d’Espagne, a confirmé au-delà de toute espérance un début de saison d’une efficacité exemplaire. Elle est la seule équipe de F1 à avoir constamment placé ses deux pilotes dans les dix premiers de tous les Grands Prix disputés à ce jour. Au point de mener très largement le peloton de chasse au détriment de Toro Rosso et Williams. Deux écuries vaillantes mais qui subissent le handicap de s’appuyer sur un seul pilote aux performances constantes (Sainz et Massa). Il est question depuis quelques jours de la reprise de l’équipe Force India par un groupe d’investisseurs dans lequel, dit-on, pourrait figurer Bernie Ecclestone ainsi que l’un des fils du regretté Jack Brabham, trois fois champion du monde et créateur de l’écurie ayant porté son nom. Va-t-on, dans cette éventualité, vers une renaissance de l’équipe Brabham ? Cela ne serait pas pour déplaire aux nostalgiques. La réussite de Perez et du sensationnel Esteban Ocon ne peut que favoriser une telle perspective.
MONACO A L’ÉPREUVE DES NOUVELLES F1.
Deux secondes et 9/10 gagnées en qualification (1’19’’149 par Hamilton contre 1’22’’ l’an dernier), et plus encore en course (1’26’’948 en 2016 pour 1’23’’593 cette année) le gain des F1 en matière de performances apparaît désormais comme une évidence. Ce bond en avant est dû aux progrès accomplis en matière de moteurs hybrides, au développement de solutions aérodynamiques sans cesse réévaluées et surtout à de nouveaux pneus plus larges que lors des dernières saisons. Quels résultats fournira la combinaison de ces trois éléments sur un circuit aussi particulier que Monaco ? Cette perspective comporte des craintes qu’il est difficile de passer sous silence. Certes un soin chaque année plus important, au plan de la sécurité, préside à cette gageure : la transformation de la principauté en circuit de vitesse. Le principal inconvénient que l’on puisse anticiper à cause de l’élargissement des pneus – donc des F1 – est que les dépassements déjà problématiques sur ce circuit le deviendront encore plus ! Croisons les doigts…