DEUX GEANTS… PLUS UN !
La splendide démonstration dont Lewis Hamilton a été l’auteur au GP de Chine 2017 apparaîtra peut-être aux yeux des grincheux comme une redite de ce que l’on a vu ces trois dernières saisons en F1. On en était pourtant loin, très loin. Couronnée par un succès mis en relief par un Sebastian Vettel ayant retrouvé toute sa superbe – et pourtant battu – cette victoire magnifique n’a éclipsé aucune des batailles qui se sont développées derrière lui. Le GP de Chine, effaçant la déplorable impression que nous avait laissée le GP d’Australie, nous a raccommodés avec la F1. Il est vrai que le circuit de Changaï est digne d’être le théâtre de grands combats, alors que celui de Melbourne souligne ses insuffisances (dépassements problématiques) année après année. Honneur à Hamilton, donc. Et honneur aussi à un nombre important de ses poursuivants, en tête desquels se situe incontestablement le seul Vettel , aussi superbe qu’ait été la « remontada » (terme à la mode…) accomplie par Max Verstappen derrière ces deux géants.
Johnny RIVES.
PROMETTEUR DUEL
La hiérarchie ayant conclu le GP de Chine 2017 n’a rien de commun avec celle du GP d’Australie. Dans celui-ci, 28 petites secondes séparaient le vainqueur (Vettel) du moins bien classé des favoris (Verstappen, 5e). A Changaï, l’écart s’est élevé à 45 secondes entre le vainqueur (Hamilton) et le plus proche pilote ne disposant ni d’une Mercedes ni d’une Ferrari (encore Verstappen et sa Red Bull, 3e). Le tracé autrement plus sélectif du circuit chinois en est en partie responsable. Mais moins que les conditions météos ayant considérablement augmenté les difficultés de pilotage : humide au départ, la piste a posé d’aigus problèmes d’adhérence aggravant les choix stratégiques. Pour compliquer encore plus la situation, l’intervention de la voiture de sécurité (SC) après l’accident de l’infortuné Giovinazzi a suscité des changements de pneus plus ou moins opportuns – dont Vettel assure qu’ils l’ont défavorisé au point de lui faire perdre toute chance de victoire. Cela ne l’a pas empêché d’être le seul, avec Hamilton, à émerger d’un peloton au sein duquel les erreurs se sont multipliées. Les deux premiers Grands Prix du championnat 2017 nous indiquent en tout cas que Mercedes – pour ne pas dire Hamilton – n’est plus seule en piste.
Ferrari est là et bien là, comme l’avaient suggéré les essais préliminaires de Barcelone et comme l’avait confirmé le GP d’Australie. Hamilton contre Vettel, on en rêvait. C’est maintenant chose tangible. Leurs performances absolues ressortent de leurs meilleurs tours en course. Celui d’Hamilton (1’35’’378) a été réalisé au 44e des 56 tours avec des pneus « jaunes » (tendre) neufs. Vettel a réussi le sien (1’35’’423) un peu plus tôt (40e tour) avec la même gomme Pirelli « tendre » mais déjà rodée, donc un peu moins fraîche. On se régale par avance de leur prochain duel à Bahrein, par des conditions météos sans doute plus proches de celles d’Australie que du ciel maussade de Changaï.
REMONTADA
Derrière les deux géants nous ayant régalé à Changaï, force est de mettre en relief la prestation de Max Verstappen, seizième sur la grille de départ, et pointé déjà 7e au premier passage. Le (jeune) homme était déjà fameux pour ses aptitudes aiguës à accomplir des dépassements difficiles. Là, c’est comme s’il avait fait joujou avec des débutants tout au long d’un premier tour d’anthologie. La suite de son exhibition n’a pas été moins convaincante. Notamment en fin de course quand il a contenu fermement les efforts déployés par son équipier Daniel Ricciardo tentant de lui ravir la troisième marche du podium. Un Ricciardo moins malheureux en Chine qu’en Australie. Mais qui se retrouve peu ou prou dans une situation équivalente à celle de Kimi Raïkkonen chez Ferrari. Lequel, raisons techniques (moteur faible, sous-virage excessif) ou stratégiques aidant (ultime changement de pneus intervenu trop tardivement par rapport à celui de Ricciardo), suscite d’inquiétantes interrogations chez Ferrari. Valttéri Bottas, autre grand vaincu du GP de Chine, n’a pas encore de telles inquiétudes à nourrir – l’incident lui ayant coûté gros à Changaï (tête-à-queue en début de course alors qu’il tentait de maintenir la température de ses pneus en zigzagant) pouvant être considéré comme un malheureux, quoique regrettable, concours de circonstances.
LES FORCES FRANÇAISES
La septième place obtenue en qualification par la Renault d’Hulkenberg semblait contenir de réelles promesses. Hélas, en course on n’en a rien vu. Outre un premier changement de pneus sans doute inapproprié, le jeune Allemand s’est distingué par des pénalités sans doute évitables – qui lui ont valu de ne pas exister dans cette course où il y avait tant à gagner comme l’ont démontré Carlos Sainz et surtout le toujours brillant, quoique malchanceux, Fernando Alonso. Du coup, Grosjean n’ayant, malgré de beaux efforts soulignés par des dépassements audacieux et grandioses, pu surmonter sa piètre position sur la grille, c’est encore une fois Esteban Ocon qui a attiré vers lui les plus encourageants commentaires. Quelle malchance ce changement manqué de pneus en début de course (son équipe, qui n’était pas prête, l’a renvoyé en piste sans toucher à sa machine). Les 15 secondes qu’il y a perdues auraient peut-être bonifié sa nouvelle 10e place, qui sait ? Son meilleur tour en course (1’37’’036) quoiqu’éloigné de celui de son équipier Perez (1’36’’511) le place devant des pilotes comme Sainz ou Magnussen, classés devant lui au final.