GENTLEMEN… MAIS PAS TOUS !
Vettel : « Kimi était nettement plus rapide que moi. Dans mon sillage, il m’a utilement servi de protection face au retour de la Mercedes de Lewis. »
Raïkkonen : « Aujourd’hui j’ai couru essentiellement au profit de mon équipe. Avec réussite puisque nous avons obtenu les deux premières places. »
Hamilton : « J’avais promis que je rendrais à Bottas sa 3e place si je ne parvenais pas à prendre l’avantage sur les Ferrari. Je suis content de l’avoir fait. Au risque que les 3 points que cela m’a coûté soient décisifs pour le titre… »
Après ces trois témoignages, l’essentiel était dit sur le GP de Hongrie et le triomphe des Ferrari. Cela dit, une tout autre affaire, nous attend fin août sur le circuit de Spa-Francorchamps, haut lieu indiscutable du championnat de F1. Ce qui n’est pas le privilège du Hungaroring.
Johnny RIVES
FERRARI ET MERCEDES
Deux attitudes, deux réactions opposées dans les deux équipes dominant le championnat du monde 2017. A Raïkkonen qui, sans insister lourdement, répétait aux responsables de Ferrari qu’il pourrait aller plus vite que Vettel – donc semer les Mercedes – aucune consigne pour le satisfaire n’était donnée. A Hamilton, qui tenait les mêmes propos par rapport à Bottas, Toto Wolff accorda sa confiance. Consigne à Vallteri fut donc donnée de laisser le passage à son leader (ce qu’il fit avec ostentation) avec la promesse qu’Hamilton lui restituerait sa 3e place si les Ferrari lui résistaient. Et tout se passa selon le bon vouloir des deux états-majors rivaux. Imaginons le cas contraire. Que Raïkkonen ait été laissé libre de gagner devant Vettel. Dans ce cas, Hamilton aurait eu intérêt à conserver la 3e place jusqu’au bout. Et son retard au championnat n’eut été que de quatre points sur Vettel (au lieu de 14). Ce qui changerait sensiblement la perspective de la fin du championnat à venir. En Hongrie la stratégie de Ferrari fut donc positive quand celle de Mercedes fut sportive.
VETTEL ET RAÏKKONEN
Le triomphe des Ferrari en Hongrie est apparent (deux premières places) plus que convaincant. Car à l’arrivée il ne vaut que pour 12 secondes d’avance quand après les douze premiers tours du Grand Prix (dont quatre derrière safety car), l’avance de Vettel (1er) sur Hamilton (5e) était déjà de onze secondes. A ce stade de la course, on imaginait un avantage proche de la minute pour les Rouges au terme de la course. Finalement on en fut loin. Et Vettel dut affronter une épreuve très difficile là où il croyait partir pour une promenade de santé. Le grave défaut apparu sur son train avant le plaça dans un stress constant lors des trois derniers quarts de l’épreuve. « Evite les bordures ! » lui fut-il intimé, alors qu’empiéter sur elles offre un précieux gain de temps. A cela s’ajoutait le souci constant de ménager ses pneus pour ne pas amoindrir encore plus ses performances. Heureusement, Raïkkonen était là, derrière lui, imparable bouclier. Les deux hommes se côtoient dans une atmosphère de totale sportivité. Pourquoi Ferrari briserait-il une si belle entente ?
VERSTAPPEN ET DEREK WARWICK
Max Verstappen a lourdement payé son erreur du premier tour, quand, pour éviter d’être devancé par son équipier Ricciardo, il a commis l’erreur fatale (pour Ricciardo) de freiner trop tard pour le virage n°2. Et est venu, à sa propre confusion, embrocher la Red Bull sœur. Et à la consternation affichée de l’Australien à qui il faudra un long délai pour digérer ce coup dur. « C’est ma faute, je m’en excuse, avait beau dire Max. Je tiens à ce que notre bonne entente n’en souffre pas. » Heureusement pour lui, et pour Red Bull, Daniel Ricciardo est un gentleman. Encore un. Il n’en manquait pas, dimanche sur le Hungaroring.
Verstappen paya autrement sa bévue : en se voyant infliger par les commissaires sportifs une pénalité de 10 secondes. Sans elle, qui sait s’il n’aurait pas menacé plus sérieusement les Ferrari qu’Hamilton ? Pénaliser une erreur de pilotage ? La Formule 1 gagnerait à éviter de telles sanctions car les erreurs de pilotage font partie intégrante de la course automobile. On est désolé que cette décision ait été prise par un pilote dont la bravoure fut admirable en son temps, Derek Warwick, président des commissaires sportifs dans ce GP d’ Hongrie. On ne lui reprochera en revanche pas d’avoir pénalisé Magnussen, qui, plus tard dans la course (et dans le même virage que Verstappen) a délibérément éjecté hors de la piste la Renault d’Hulkenberg, plus rapide que lui et qui tentait de le dépasser. Magnussen, que l’on a déjà surpris dans des manœuvres antisportives, a aggravé son cas en ajoutant une honteuse vulgarité à son manque de sportivité. « Hulk » était venu lui demander des comptes. « Suce mes c…, chérie ! » prit-il la liberté de cracher en direction du pilote allemand. Désormais, on sait qui est Magnussen. Il est loin d’appartenir au club des gentlemen à qui nous avons voulu rendre hommage au début de ces réflexions.
ALONSO
Malgré ses malheurs, on a souvent eu l’occasion d’admirer le comportement de Fernando Alonso cette saison. Ce qu’il a formidablement confirmé sur le Hungaroring. Le moteur Honda a sans doute gagné en fiabilité, mais peu en performances. N’empêche, Alonso en tire la quintessence avec un panache superbe. Ce qui lui a permis sur le Hungaroring d’être le vainqueur de la course du « reste du monde » – les équipes incapables de rivaliser avec les trois grandes : Mercedes, Ferrari et Red Bull. Dans sa course, Alonso a réussi à prendre le dessus sur son compatriote (et admirateur) Carlos Sainz dans le fameux virage n°2 en faisant l’extérieur comme Ricciardo et Hulkenberg ont vainement tenté de le faire sur d’autre adversaires. Dans l’affaire, Sainz a été d’une correction exemplaire, rejoignant ainsi le groupe des gentlemen de Hongrie ! Alonso était tout sourire après sa 6e place, s’amusant même à souligner qu’il avait établi le meilleur tour en course (plus vite que Raïkkonen, Verstappen, Vettel et Hamilton) à l’avant dernier passage sur la ligne de chronométrage. Sans doute grâce à l’allègement de sa McLaren, vide d’essence, ce qui compensa la faible cavalerie japonaise. Pour lui et pour son équipier belge Stoffel Vandorne, on craint que la partie soit bien plus difficile à Francorchamps. Où l’on guettera les Mercedes, chez les cadors, et les Force India dans « le reste du monde ».