Si l’on se fie aux images captées dans d’innombrables foyers, le public du circuit Paul-Ricard rénové était heureux, ce 24 juin 2018. Les téléspectateurs également puisqu’ils ont décerné au Grand Prix de France 2018 une note nettement plus élevée que celles accordées précédemment aux G.P. de Monaco et du Canada. Seuls la Chine, Azerbaïdjan et Bahrein avaient fait mieux – de peu.
La fête a donc été réussie sur le plateau du Camp du Castellet malgré un ciel boudeur. Y compris pour Lewis Hamilton qui, comme prévu, a imposé sans coup férir sa Mercedes. Bien aidé en cela par Vettel a condamné d’entrée ses propres chances et celles de l’infortuné Bottas. Finalement la déception la plus marquante a accablé les pilotes français, dont on espérait beaucoup. Pour ne pas dire trop.
Johnny RIVES.
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ÉCARTS ÉTROITS
Grand Prix de France 2018 – Les Mercedes étaient favorites en regard de ce qu’elles avaient démontré au G.P. d’Espagne sur un circuit de Montmelo au dessin pouvant s’apparenter à celui du circuit Paul-Ricard. De plus, elles ont débarqué au G.P. de France avec des propulseurs améliorés depuis la course précédente. Or, leur suprématie, malgré la constante domination de Lewis Hamilton, a été moins écrasante que prévu. Plus que la faible avance à l’arrivée de l’Anglais sur Verstappen (7 secondes), les données qui soulignent le mieux l’étroitesse des écarts entre les trois grandes équipes sont les meilleurs tours en course.
A l’exception de Ricciardo, qui avait choisi des réglages aérodynamiques excessifs (trop d’appui) les cinq autres pilotes de pointe sont groupés en moins de 3/10 pour leurs meilleurs tours en course. A preuve : Bottas 1’34’’225, Verstappen 1’34’’275, Raïkkonen 1’34’’398, Vettel 1’34’’475 et Hamilton (qui gérait intelligemment son avance) 1’34’’509. On peut donc s’attendre à une course très ouverte dimanche prochain sur le circuit autrichien de Spielberg (ex Zeltweg), bien moins sélectif que le Paul-Ricard lors de ce Grand Prix de France 2018.
PAUL-RICARD OK
A ce propos, force est de reconnaître que le circuit Paul-Ricard rénové a tenu toutes ses promesse, même celles auxquelles on ne croyait pas trop. Au plan de la sélectivité, rien à dire : les virages de la Sainte-Beaume et le double droite du Beausset ont été des juges impitoyables. Autre bon point : au plan de la sécurité les sorties de route à haute vitesse d’Ericsson aux essais et de Stroll en course se sont achevées du mieux possible.
Plus important point noir à revoir : la sortie des stands, telle qu’elle était pour cette inauguration, est dangereusement propice à des collisions. Cela devrait être facile à corriger. La plus forte (et heureuse) surprise est provenue des dépassements, plus aisés que prévu : 1.Au freinage de la chicane « nord », comme disait Julien Fébreau. 2.Dans le long et délicat double droite du Beausset, qui a l’avantage d’offrir différentes possibilités de trajectoires, ce dont les meilleurs se sont régalés.
L’IMBROGLIO FRANÇAIS
Finalement, après la reprise du contrôle par Hamilton du championnat du monde, l’avènement majeur, quoique négatif, de ce G.P. de France aura été l’échec sans appel des pilotes français que le public se faisait une joie d’acclamer. Le gros coup dur est survenu dans le virage n°3, après que, dans le « S » de la Verrerie qui précédait, Vettel eut déjà provoqué un gros désordre – dont l’infortuné Bottas paya une note plus sévère que l’Allemand.
On n’était pas encore revenu de cette mauvaise surprise quand on vit Esteban Ocon être percuté par un impuissant Pierre Gasly dont la route s’était refermée devant lui – l’un et l’autre se retrouvant irrémédiablement éliminés dès le premier kilomètres de course ! Ocon avait plongé dans le virage sans précaution, comme s’il avait été seul en piste alors que le peloton était encore groupé. Cela lui était déjà arrivé à Bakou où il s’était rabattu devant Raïkkonen lors du 1er tour.
Comme conscient de s’être mis en faute, Ocon éluda totalement cet accrochage pourtant sévère lorsqu’il lui fut demandé un commentaire. Accusant en revanche Romain Grosjean qui n’était pourtant pas mêlé à l’affaire. « Il m’avait chargé précédemment d’un coup de volant incompréhensible qui de toute façon m’aurait contraint à l’abandon. »
EN IMAGES AUSSI
Quand on revit les images de cet incident, il apparut en effet que Grosjean l’avait chargé sans ménagement bien avant d’atteindre le « S » où Vettel accrocha Bottas. Mais les dégâts sur le Force India d’Ocon paraissaient loin d’être aussi importants qu’il l’avait lui-même estimé.
En tout cas pas au point de le contraindre à l’abandon – et Pierre Gasly avec lui ! Pour en revenir à la manoeuvre de Grosjean (qui lui valut une pénalité assez ridicule de 5 secondes) celui-ci se défendit en arguant qu’il avait été lui-même « tassé » à gauche par Leclerc. Or les ralentis télévisés montrèrent qu’au moment du contact Grosjean-Ocon, Leclerc était nettement devant eux.
De cette lamentable confusion – un véritable concours de mauvaise foi ! – on conclura que nos « Bleus » n’ont pas été capables de gérer sereinement la pression de se produire pour la première fois de leur carrière devant leur propre public. Gasly a été la victime innocente de cette maldonne. En résulte un malaise dont les conséquences risquent d’être longues à se dissiper.
LES RENAULT À LA PEINE … MAIS À L’ARRIVÉE !
Finalement Grosjean ayant dû se contenter d’une 11e place « mal payée » (sic), pendant que son équipier Magnussen apportait à l’écurie américaine Haas une jolie 6e place, les couleurs françaises ont été récompensées avec un brio relatif par les Renault de Sainz (8e) et Hulkenberg (9e).
Outre le manque de réussite de l’Espagnol, trahi à cinq tours de l’arrivée par l’auxiliaire électrique de son moteur hybride (il précédait alors Bottas, classé finalement 7e), les Renault ont confirmé un manque flagrant de performances – que leur directeur Cyril Abiteboul situe au plan aérodynamique.
Peu d’espoir que cela évolue dans un avenir proche. Mais pour 2019, avec le passage de Red Bull chez Honda, l’affaire prendra une tournure urgente pour que Renault (actuellement 4e au championnat constructeurs) se hisse au contact des trois équipes dominant actuellement la F1.