La saison 1976 constitue une grande saison dans l’histoire de la Formule 1. Le duel Hunt – Lauda, l’accident de Lauda, son retour, le final au Japon sous la pluie. Autant d’évènements qui ont marqué les esprits des amateurs et du public. Un véritable scénario de film…
Classic COURSES
A l’occasion de la sortie du film « Rush » de Ron Howard, pour la saison 1976, voir aussi : Rush Bande annonce Le Grand Prix de France 1976 La saison 1976 en vidéo James Hunt 1976 en Vidéo Niki Lauda 1976 en Vidéo He deserved it – James Hunt Rush, critique du film Guy Edwards, le chasseur de sponsors Brett Lunger, un américain en Europe Harald Ertl, la gai barbu Arturo Merzario, l’inaltérable Er hätte es verdient ! – Niki Lauda
Hospitalité
Réceptif, paddock club, hôtesses, open bar : ne cherchez pas, ca n’existe pas en 1976 !
Mes hôtes sont des italiens; un Peugeot J7, une bonne bâche, un arbre et roule ! Du p’tit jaune en abondance, un barbecue, il fait plus de 35°…, les choses s’annoncent bien pour mon premier Grand Prix ! Le Nikkormat et son 135 Soligor vont sévir. Ne parlons pas du terrifiant doubleur de focale.
La mode est aux sensations fortes, fumeuses et vaporeuses…Les sponsors F1 sont à l’aune de cette société optimiste qui croit en son avenir et vit au présent. Huiles, essences et pneus ont été rejoints par apéritifs, alcool, cigarettes, cigares, tabac et même préservatifs… Oui, John Surtees accepte de voir Durex décorer ses monoplaces. Commentaires « velus » garantis dans les gradins méridionaux !
Le campement
Plateau
La présence anglaise est à son apogée avec Mc Laren, Lotus, Brabham, March, Williams, Surtees, Ensign et Hesketh engagées par leurs teams officiels mais aussi à titre privé. Penske représente les Usa, Copersucar-Fittipaldi le Brésil, Ligier la France et bien sûr Ferrari l’Italie. Ligier est assurément la grande nouveauté du championnat. Guy Ligier est parvenu à créer son écurie de F1 avec le soutien de la Seita. Le bleu de France, absent des pistes depuis fin 1972, est de retour. On attendait Jean-Pierre Beltoise. On a Jacques Laffite, « préféré » dit le programme, pour ses qualités de metteur au point…
Double droit du Beausset – Jacques Laffite Ligier JS5
Le moteur V8 Ford Cosworth équipe la grande majorité du plateau. Seules trois équipes en sont dépourvues : Ferrari – V12 à 180°-, Brabham – Flat 12 Alfa Roméo – et Ligier – V12 Matra aux vocalises si expressives – . Les pneus sont des Good Year. Les monocoques sont en aluminium. Le nombre de roues n’est pas encore réglementé et Derek Gardner, l’ingénieur de Tyrrell a la curieuse idée de créer une Tyrrell P34 avec 6 roues, dont 4 petites à l’avant. Un succès marketing mondial précède de très bonnes performances. Jody Scheckter venant de gagner à son volant le Grand Prix de Suède, Patrick Depailler ayant déjà glané deux secondes places. Les contraintes imposées aux aérodynamiciens sont peu importantes, ce qui contribue à laisser libre cours à leur imagination pour l’emplacement des radiateurs, la forme des ailerons, et nous offre le spectacle d’une grande diversité de formes d’une équipe à l’autre.
Une équipe a généralement deux voitures, parfois une seule, elle participe à tout ou partie du championnat, peut changer ses pilotes en cours de saison, leur donner des consignes… Quelques dizaines de personnes y travaillent. Son budget représente en moyenne 6 millions de francs de l’époque, soit en monnaie constante moins de 5 millions d’euros 2010… (Pour rappel, le budget 2010 moyen d’une équipe est de 130 millions d’euros avec plus de 250 employés).
Et pourtant dans le programme de ce Grand Prix de France 1976, on peut lire : « la F1 de la génération précédente [ ressemble] à une antédiluvienne distraction de patronage. ……il est évident que par les sommes astronomiques et les intérêts mis en jeu, le sport est quelque peu dépassé par les évènements »
De francs il est fortement question chez Guy Ligier en cette veille de Grand Prix. Outre la JS 5 de Jacques Laffite, une seconde voiture est préparée pour Jean Pierre Jarier qui l’a longuement essayée. On peut lire que Ligier a fait des investissements lourds pour son inscription. Mais Jarier reste chez son employeur Shadow. Son patron Don Nichols, pourtant aux abois depuis le départ de son sponsor Uop, lui a réglé les arriérés de salaire qui lui sont dus.
Championnat
La France est le 8e Grand Prix d’une saison qui en compte 16. Les grands favoris de l’année sont Ferrari et Lauda, Champions en titre, qui dominent le début de saison. 4 victoires pour Lauda et 5 pour Ferrari avec celle de Clay Regazzoni à Long Beach, Hunt a gagné en Espagne et Scheckter en Suède.
Lauda est largement en tête au classement provisoire du championnat avec 52 points devant Scheckter 22 points, Depailler 20 points et Hunt 17 points.
Ligne droite des stands – Niki Lauda Ferrari 312 T2
Essais
La première séance d’essais est dominée par Carlos Pace dont la belle – mais lourde – Brabham Alfa Roméo réalise 1’48’’76. La seconde séance voit une hiérarchie plus habituelle se mettre en place, dominée par James Hunt 1’47’’89 devant Lauda en 1’48’’17. Suivent Depailler, Regazzoni, Peterson et Pace. Laffite est 13e, la belle Ligier a été incapable de rééditer ses temps d’intersaison, les autres français sont derrière : Jarier 15e, Leclère 20e, Pescarolo 22e.
Ligne droite des stands – Carlos Pace Brabham Alfa Roméo BT45
Ligne droite des stands – James Hunt Mc Laren M23
Double droit du Beausset – Patrick Depailler Tyrrell P34
Sortie virage de la tour – Clay Regazzoni Ferrari 312 T2
Sortie virage de la tour – Vittorio Brambilla March 761
Stand Vittorio Brambilla March 761
Stand Tyrrell
Grille de départ1 | e | ligne | Lauda | Hunt |
Ferrari 312 T2 | Mc Laren M23 | |||
1 48 17 | 1 47 89 | |||
2 | e | ligne | Regazzoni | Depailler |
Ferrari 312 T2 | Tyrrell P34 | |||
1 48 69 | 1 48 59 | |||
3 | e | ligne | Peterson | Pace |
March 761 | Brabham BT 45 | |||
1 49 07 | 1 48 75 | |||
4 | e | ligne | Watson | Andretti |
Penske PC4 | Lotus 77 | |||
1 49 22 | 1 49 19 | |||
5 | e | ligne | Retemann | Scheckter |
Brabham BT 45 | Tyrrell P34 | |||
1 49 79 | 1 49 63 | |||
6 | e | ligne | Nilsson | Brambilla |
Lotus 77 | March 761 | |||
1 49 83 | 1 49 79 | |||
7 | e | ligne | Mass | Laffite |
Mc Laren M 23 | Ligier JS 05 | |||
1 50 10 | 1 50 06 | |||
8 | e | ligne | Pryce | Jarier |
Shadow DN5 | Shadow DN5 | |||
1 50 27 | 1 50 12 | |||
9 | e | ligne | Jones | Stuck |
Surtees TS 19 | March 761 | |||
1 51 11 | 1 50 31 | |||
10 | e | ligne | Merzario | Ickx |
March 761 | Williams FW 05 | |||
1 51 79 | 1 51 41 | |||
11 | e | ligne | Leclere | Fittipaldi |
Williams FW 05 | Copersucar FD 04 | |||
1 52 29 | 1 52 11 | |||
12 | e | ligne | Pescarolo | Lunger |
Surtees TS 19 | Surtees TS 19 | |||
1 52 60 | 1 52 41 | |||
13 | e | ligne | Nève | Edwards |
Ensign N 176 | Hesketh 308D | |||
1 52 82 | 1 52 63 |
Non qualifiés :
Damien Maggee Brabham BT 44B 1’53’’49 Ingo Hoffmann Copersucar FD 04 1’53’’78 Harald Ertl Hesketh 308D 1’53’’79 Loris Kessel Brabham BT 44B 1’55’’30Course des champions AUTO Hebdo
Après les essais, Auto Hebdo organise une course de vélos pour les pilotes. Un tour de circuit. Jacky Ickx fait honneur à son compatriote Eddy Merckx, et remporte la course. Je découvre Auto Hebdo. Un brillant avenir de… lecteur m’attend. Mes hôtes ont conservé les numéros sortis depuis le 17 février et me les offrent.
62e Grand Prix de France
La parade des pilotes a lieu sur la nouvelle Porsche 924..
James Hunt Carlos Pace – John Watson
Une grille de départ bien proche, un spectacle omniprésent, depuis la cohorte de gendarmes qui montent la garde le long du muret des stands, en passant par les acrobates installés en haut des panneaux publicitaires, jusqu’aux tenues des spectateurs ; short, maillot de bain : belle ambiance de fête populaire.
Une particularité de l’époque et du circuit est de pouvoir y circuler en voiture, ce qui permet d’en faire quasiment le tour et de diversifier les points de vue.
Fin de premier tour, Lauda…
…puis les autres : Hunt, Regazzoni, Peterson…
Le cavalier seul de Lauda ne dure que 9 tours. Abandon sur rupture de moteur. Hunt est en tête. Regazzoni le harcèle pendant presque 10 tours puis sort sur rupture de moteur . Abandon.
Depailler puis Scheckter dépassent Peterson dont la tenue de route se dégrade.
Abandon d’Henri Pescarolo sur défaillance de porte moyeu.
Laffite va doubler Mass mais tous deux sont à un tour.
Watson et Pace ont doublé Scheckter pour les 3e et 4e place. Ca survire une Brabham !
Depailler s’achemine vers la seconde place
293,8 km/h Ligne droite du Mistral – Ronnie Peterson
A l’issue du Grand Prix de France, Lauda conserve largement la tête du championnat avec 52 points, Hunt est second avec 26 points dont une victoire, Depailler second ex aequo avec 26 points mais pas de victoire, Scheckter est 4e avec 24 points.
Lauda gagnera en Grande Bretagne mais ne marquera plus que 16 points jusqu’à la fin de la saison, du fait de son accident au Nurburgring. Hunt en marquera 43 et remportera le championnat d’un point, au Japon, dans des conditions qui sont entrées dans l’histoire de la F1.
Résultats de la course
Résultat | Pilote | Causes abandons | Temps |
1 | Hunt | 1h ‘40mn 58 | |
2 | Depailler | à 12 ‘’ 70 | |
3 | Watson | à 23’’ 55 | |
4 | Pace | à 24’’82 | |
5 | Andretti | à 43’’ 92 | |
6 | Scheckter | à 55’’07 | |
7 | Stuck | à 1’21’’55 | |
8 | Pryce | à 1’30’’67 | |
9 | Merzario | à 1’53’’57 | |
10 | Ickx | à 1 tour | |
11 | Reutemann | à 1 tour | |
12 | Jarier | à 1 tour | |
13 | Leclère | à 1 tour | |
14 | Laffite | à 1 tour | |
15 | Mass | à 1 tour | |
16 | Lunger | à 1 tour | |
17 | Edwards | à 1 tour | |
18 | Névé | à 1 tour | |
19 | Peterson | Alimentation | A 3 tours |
Nilson | Boite de vitesses | ||
Lauda | Moteur | ||
Regazoni | Moteur | ||
Pescarolo | Porte moyeu | ||
Fittipaldi | Pression huile | ||
Brambilla | Pression huile | ||
Jones | Suspension arrière | ||
Meillleur tour
Pilote | Temps | Tour |
Lauda | 1 51 00 | 4e |
Olivier ROGAR
Photos @ Olivier ROGAR
Video 1 @ Rillenreifen DR
Video 2 @ Jean Michel Sacaze DR
(*) Publié précédemment sur Mémoire des Stands