LES TIFOSI CŒUR BATTANT
Que croire à la veille du GP d’Australie 2017 – première confrontation de la F1 revue et corrigée en faveur de performances plus élevées ? Les essais préliminaires tenus sur le circuit de Catalogne semblent éloquents. Mais peut-on s’y fier ? Les performances des Ferrari ne seraient-elles pas un leurre ? Les prestations des Red Bull paraissent bien discrètes. Trop pour être vraies ? La mise en train de Lewis Hamilton, en léger retrait de son nouvel équipier Vallteri Bottas, signifierait-elle un essoufflement de ses ambitions ? Quoiqu’il en soit, au vu des performances accomplies lors de ces essais préparatoires, on ne peut pas rester indifférent à celles des Ferrari. Le cœur des tifosi doit être prêt à s’emballer !
Johnny RIVES
https://www.youtube.com/watch?v=hEGjA0AEI2A
Hamilton : « Les Ferrari bluffent »
Le jour où Sebastian Vettel avait bouclé son tour le plus rapide (1’19’’024), les observateurs présents à Montmelo avaient remarqué qu’il avait pris soin de couper son élan bien avant la ligne de chronométrage. Ce qui ne l’avait pas empêché de réaliser un chrono qui laissa les Mercedes 3/10 en arrière… malgré son coup de frein intempestif.
Certains établissaient, en s’aidant des trois secteurs chronométrés du circuit, que sans couper son élan Vettel aurait réussi 1’18’’6… performance qu’effectivement Kimi Raïkkonen réalisa le lendemain (1’18’’634), sans se masquer. L’ancien ingénieur Gary Anderson après avoir observé le comportement des F1 2017 dans plusieurs passages délicats s’est dit impressionné par la facilité avec laquelle Vettel et Raïkkonen franchissaient ces difficultés.
« Les Ferrari bluffent, » avait conclu Hamilton un peu hâtivement. Opinion qu’il corrigea peu après en reconnaissant que les Ferrari avaient accompli « de gros progrès ». Ce que confirma Niki Lauda en annonçant : « Nous avons une année difficile devant nous ».
Cela ne veut évidemment pas dire que les Mercedes seront, au terme du championnat 2017, forcément battues par les Ferrari. Mais plutôt que la partie deviendra pour elles bien plus difficile que ces dernières saisons. Et puis qui nous dit que, concentrées sur des essais de fiabilité, les Mercedes n’auraient pas caché leurs capacités de performances ?
La seule certitude émanant de ces deux semaines d’essais préliminaires est que, comme voulu par le nouveau règlement technique, et notamment l’apport de pneus élargis, les performances ont accompli un bond. La référence à la pole position de 2016 à Barcelone (1’24’’681 par Rosberg) fait apparaître une progression considérable de 6 secondes par tour ! En 2017 les batailles se dérouleront donc à un rythme bien plus élevé que les dernières saisons – avec des conséquences redoutables en cas d’accident sur certains circuits. Notamment au GP de Monaco. Mais c’est une autre histoire sur laquelle on reviendra le moment voulu.
Confiance chez Red Bull
Question : ces batailles prévues à une cadence infernale se réduiront-elles à un duel Mercedes-Ferrari ? Cela serait faire peu de cas des prétentions des Red Bull. Les performances relativement modestes de Verstappen (1’19’’438) et surtout de Ricciardo (1’19’’900) incitent à la prudence. D’autant que cette retenue ( ?) n’a pas soustrait les Red Bull à des incidents techniques – le plus souvent à cause de leurs moteurs Renault… badgés TAG-Heuer. Or, la confiance affichée par les dirigeants de cette équipe très internationale (autrichienne, basée en Angleterre et associée avec un motoriste français) a sans doute des motifs concrets. Et finalement, même si Verstappen s’est contenté de la 6e position au terme des essais préliminaires, sa Red Bull n’a concédé qu’un dixième de seconde aux Mercedes. Pas grand chose, donc…
Finalement ne serait-ce pas les Red Bull à avoir le mieux caché leur jeu ? Quoiqu’il en soit Mercedes n’aborde pas le nouveau championnat de F1 dans une position de favori aussi solide que ces dernières années. On ne peut que s’en réjouir.
Williams à son avantage
Et derrière ces trois grands ? Une équipe s’est montrée très à son avantage : Williams. Autant par ses performances (Massa dans le sillage immédiat des Mercedes et devant les Red Bull), que par le kilométrage accompli : 800 tours en huit jours d’essais, le calcul de la moyenne quotidienne est facile à faire. Il n’y a que Mercedes (1096 tours) et Ferrari (956) à avoir fait plus. L’apport du nouveau directeur technique Paddy Lowe (ex-Mercedes) n’est peut-être pas fortuit.
Au plan des pilotes, Williams s’appuie sur un faux retraité en pleine forme, Felipe Massa. Et sur un riche et prometteur débutant, Lance Stroll. Ce dernier après des débuts mouvementés (plusieurs sorties de route la première semaine d’essais) s’est bien rattrapé sur la fin en accomplissant d’importants kilométrages sans incident.
Force India, Renault et les autres…
Williams paraît marquer un avantage sur les autres équipes du gros peloton. Parmi elles, on extraira les roses Force India (avec un Esteban Ocon nullement éclipsé par l’expérimenté Sergio Perez) et les jaunes Renault. Roses et jaunes nous ont paru légèrement plus prometteuses que (dans l’ordre), les belles Toro Rosso et les discrètes Haas (chez qui Grosjean s’est plaint des freins, comme en 2016).
Fermant la marche du peloton, restent les tenaces Sauber, peut-être un soupçon moins rapides que les malheureuses McLaren-Honda. Mais tellement plus endurantes. Alonso et Vandoorne sont prévenus : malgré le retour des McLaren à leur couleur originelle (« papaye » et non orange précisait bien Eoin Young, leur attaché de presse du temps de « Bruce Mac ») leur partie sera loin d’être facile…
Pas sûr que cela réjouisse Ron Denis, écarté avec aussi peu de ménagement de son ancien poste de directeur que l’a été du sien Ecclestone par le nouveau management de la F1. Au sein duquel, bonne nouvelle, la présence de Ross Brawn est rassurante concernant l’avenir des Grands Prix.