31 mai 2016

F1 2016, Monaco. La déception de Ricciardo

Le beau sourire qu’il exhibe à tout moment n’était plus là. Sur le podium du G.P. de Monaco, devant le prince Albert, Daniel Ricciardo affichait une mine contrariée d’autant plus éloquente qu’elle contrastait avec la joie exacerbée de Lewis Hamilton. Une contrariété qui n’avait nul besoin d’explication. Elle coulait de source. Une heure plus tôt on avait été les témoins du catastrophique changement de pneus (13 secondes d’arrêt au lieu de trois) lui ayant coûté la victoire. Une bévue de son équipe que Daniel estimait payer très cher. Trop cher. D’autant plus qu’au Grand Prix précédent (Espagne) il avait déjà été victime d’une autre erreur des stratèges de son équipe Red Bull. Ils l’avaient obligé à un changement de pneus auquel échappa Verstappen… qui en profita pour signer sa première victoire ! Après deux défaites dont il n’était pas responsable, on n’allait évidemment pas reprocher à Ricciardo de ne pas partager la joie – tout aussi compréhensible que sa propre amertume – de l’étincelant Lewis Hamilton…

Johnny RIVES.

 

  • LE COUP DE GÉNIE D’HAMILTON.

Ces dix secondes perdues à son stand, Ricciardo les regrettait d’autant plus amèrement  qu’il les avait gagnées à la force du poignet en début de course. En imprimant, sur sa Red Bull totalement régénérée par une version « B » en gros progrès de son moteur Renault, une cadence telle que les Mercedes avaient  été incapables de la suivre. Ou, pour être juste, la Mercedes de Nico Rosberg en tout cas. Lequel était visiblement peu à son aise sur la patinoire monégasque en début de course. Une patinoire que tous les favoris avaient abordée en pneus « pluie ». Qu’est-ce qui n’allait pas à bord pour paralyser à ce point Nico ? « Le refroidissement des freins, » estimait Toto Wolff après la course – mais avant qu’une analyse circonstanciée ait pu être conduite. Quand consigne fut passée au germano-monégasque de laisser passer Hamilton (16e tour) celui-ci était pointé à un peu plus de 13 secondes de Ricciardo.

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La pluie ayant alors cessé et le soleil commençant même à filtrer, les premiers changements de pneus s’étaient déjà produits, Vettel ayant été l’un des premiers à tenter les pneus « mixtes » (13e tour). Ricciardo attendit dix tours de plus pour remplacer ses « pluie » par des « mixtes ». Il comptait alors 11’’2 d’avance sur Hamilton – qui avait donc légèrement réduit son retard sur lui. Lewis tournait alors en 1’33’’5. Avec ses « mixtes » Ricciardo trouva aussitôt une cadence bien plus élevée (1’30’’ au tour). Cela lui permit de recoller à Hamilton en quatre petits tours.

Mais à Monaco, même quand on rattrape un adversaire à grandes enjambées, le problème est en suite de le déborder. C’était d’autant plus difficile à ce moment là pour Ricciardo que pour y parvenir il était obligé de sortir de la trajectoire normale, nettement plus sèche. Il essaya pourtant, mais Hamilton veillait au grain – quitte à couper excessivement dans la chicane, ce qui ne lui fut pas reproché sans doute parce qu’il ne l’avait pas court-circuitée totalement.

Hamilton profita de cet avantage pour conserver ses pneus pluie au delà de toute raison – l’usure les avait transformés en « slicks », au risque de subir une crevaison. Finalement, Hamilton les fit durer jusqu’au 31e passage. Ce fut son coup de génie. Car lorsqu’il s’arrêta pour en changer, il put faire monter directement des slicks désormais mieux adaptés à la piste que les « mixtes » – il faisait soleil !

Ce que voyant, Ricciardo l’imita un tour plus tard. Son stand l’y avait encouragé. « C’est eux qui m’ont dit de rentrer », témoigna-t-il. Hélas, trois fois hélas, les mécanos chargés de la manœuvre étaient encore à l‘intérieur du garage quand il obtempéra. Bilan : dix secondes perdues. Qui lui valurent de reprendre la piste au moment où Hamilton passait plein pot sous son nez. Quand Ricciardo déboucha de la voie de sortie des stands, au bas de la montée, Hamilton le devançait in extremis. La victoire était jouée. Gagnée pour l’Anglais, qui ne s’était arrêté qu’une fois pour les pneus, et perdue pour l’Australien dont le second arrêt décida de sa défaite.

  • FERRARI À LA PEINE.

Une fois encore, la sixième depuis le début de la saison en six Grands Prix, les Ferrari ont été à la peine. Leurs positions sur la grille de départ constituaient déjà un certain handicap (Vettel 4e, Raïkkonen 12e compte tenu d’une pénalité pour avoir changé de boîte de vitesses). Il s’y est ajouté une stratégie audacieuse de Vettel, l’un des premiers à abandonner ses pneus « pluie » au profit de « mixtes » (13e tour). Manque de chance, cela l’amena à reprendre la piste derrière Felipe Massa derrière lequel il perdit beaucoup de temps jusqu’à l’arrêt du Brésilien (20e tour). Quand, plus tard, Vettel en vint enfin aux « slicks » (31e tour) il se retrouva derrière Sergio Perez. Au volant de sa Force India, le Mexicain effectuait une course de toute beauté et Vettel s’avéra incapable de lui ravir la troisième place. Pour en finir avec Ferrari, un mot sur le malheureux Raïkkonen, impuissant sur la piste mouillée (« Je manquais totalement d’adhérence »). Et qui provoqua très involontairement le retard de Grosjean, ne s’étant pas aperçu tout de suite que, son aileron avant coincé sous les roues antérieures après un choc, le privait totalement de direction.

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Les accidents ont évidemment  pimenté ce Grand Prix particulièrement difficile. Le plus cocasse (hélas ! pour Ericsson et Nasr) fut celui des deux Sauber à la Rascasse. Un virage qui avait déjà fait trébucher Kvyat parti trop intempestivement attaquer Magnussen. Les Renault ont joué de malheur tout au long de ce week-end, Palmer n’ayant cessé d’aller au décor. En course, il fut l’auteur de l’accident le plus impressionnant dans la ligne droite (qui n’en est pas une) des stands. Comment vont réagir les responsables de l’écurie française à son endroit ? Car la répétition de ses accidents n’est pas faite pour favoriser le développement des réglages d’un châssis très en deça des autres F1. Pour en rester aux accidents un mot sur Verstappen qui a, comme aux essais, achevé sa course dans les glissières proches du Casino de Monte-Carlo. Au moment où il a été éliminé, le Néerlandais était l’un des plus rapides en piste. Il avait gagné dix places depuis le départ. On lui accordera donc des excuses…

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