Chance ? Malchance ? Le débat était une fois encore ouvert à l’issue d’un G.P. de Malaisie riche en coups de théâtre. Souvent qualifié de malchanceux à son époque, Jean-Pierre Jabouille s’insurgeait : « La malchance n’existe pas, il y a toujours une erreur en cause. » A Sepang, il y a clairement eu faute plus que malchance dans l’accrochage qui a éliminé Vettel et retardé Rosberg. Vettel avait confondu vitesse et précipitation. Il était KO et Rosberg, relégué à la 20e place, ne valait guère mieux. Bien plus tard, aux trois quarts de la distance, Hamilton régnait sur la course, maitrisant Ricciardo et Verstappen lancés à ses trousses. Soudain, du jamais vu en 2016 : son moteur Mercedes s’effondra dans une gerbe de flammes, plongeant Lewis dans le désespoir. Un moteur pourtant renouvelé depuis Francorchamps. Et théoriquement plus frais que celui de Rosberg . Défaillance mécanique, donc erreur… Mais laquelle ? Surchauffe ? Usure prématurée ? Chez Red Bull, personne ne se posait la question : on exultait. Malchance d’Hamilton, chance de ses proches poursuivants : Ricciardo voyait compenser ses déconvenues d’Espagne et de Monaco. Max fit bonne figure. Et Rosberg semblait hébété sur le podium, croyant initialement avoir tout perdu, il portait finalement son avance sur Hamilton de 8 à 23 points. Chance, malchance ? On s’est amusé à articuler la description du scenario de ce Grand Prix déroutant en jouant avec deux adverbes contradictoires. Pour sourire…
Johnny RIVES.
CHANCE OU MALCHANCE ?
HEUREUSEMENT Rosberg avait réussi un aussi bon départ qu’Hamilton : il était deuxième derrière son équipier et rival au premier virage.
MALHEUREUSEMENT Vettel commettait un excès d’optimisme, perdant le contrôle de sa Ferrari qui accrocha la Mercedes de Nico.
Heureusement, si la Ferrari y laissa son train avant, la Mercedes n°6 s’en sortit indemne.
Malheureusement, le choc avait propulsé Rosberg en tête-à-queue…
Heureusement son système anti calage fonctionna bien, et Nico put reprendre la course.
Malheureusement il occupait la 20e place en repartant tandis que là-bas au loin Hamilton s’envolait vers une victoire probable.
Heureusement l’intervention de la safety car virtuelle offrit à Rosberg la possibilité de s’arrêter pour chausser des pneus durs, sensés capables de couvrir la distance.
Malheureusement cela ne devait pas être le cas, comme d’autres en firent l’expérience à l’exception de Bottas qui ne s’arrêta qu’une fois.
Heureusement Rosberg, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, se lança dans une remontée fructueuse : après 20 tours, il était 5e derrière Hamilton, Ricciardo, Verstappen et Raïkkonen.
Malheureusement la Ferrari s’avéra bien plus difficile à déborder que les adversaires précédents.
Heureusement Rosberg y parvint au prix d’une manœuvre osée et spectaculaire devenue denrée rare en F1.
Malheureusement les commissaires sportifs infligèrent une pénalité à Rosberg qui les collectionne cette saison.
Heureusement les 10 secondes dont il fut accablé n’étaient rien par rapport aux malheurs d’Hamilton dont le moteur éclata quatre tours plus tard.
Malheureusement la position de 3e occupée par Rosberg derrière les deux Red Bull était illusoire : en fait il était 4e derrière Raïkkonen.
Heureusement, manifestant une fois encore l’ardeur lui ayant permis une spectaculaire remontée en début de course, il réussit à surmonter la pénalité, coupant la ligne d’arrivée derrière les triomphantes Red Bull avec 13’’2 d’avance sur la Ferrari, obtenant la 3e place pour 3’’2.
Malheureusement, Hamilton avait de quoi s’interroger après cette défaillance mécanique lui ayant coûté si cher. Est-il l’objet d’une conspiration ?
Heureusement cette incertitude manifestée sous le coup de la déception ne tient pas un instant à l’analyse. Et puis que sont 23 points de retard sur Rosberg en regard des cinq Grands Prix encore à disputer (Japon, Etats-Unis, Mexique, Brésil et Abu Dhabi) et des 125 points qui pourront y être collectés.
C Q F D …
RENAULT VENT EN POUPE
Pour chanceux qu’il soit, le doublé réussi par Red Bull en Malaisie concrétise les réels progrès effectués par les moteurs Renault en 2016. La mauvaise humeur manifestée par l’écurie anglo-autrichienne à l’égard de son motoriste la saison passée en paraît d’autant plus saugrenue. Les qualités routières du châssis Red Bull entrent bien sûr en compte dans les bons résultats obtenus depuis la rentrée (Belgique), comme le souligne la faiblesse de celui obtenu à Monza, circuit de moteurs par excellence (Ricciardo 5e). Aux performances en progrès du V6 français s’ajoute une autre qualité, la résistance aux efforts. Celle-ci a été mise en valeur en Malaisie à travers le duel fratricide que se sont livrés Ricciardo et Verstappen, le premier pour défendre sa première place, le second pour la conquérir. Dans ces moments parfois très chauds, les deux rivaux n’ont rien épargné à leurs machines. On a apprécié au passage que nulle intervention de l’écurie ne soit intervenue. Et au terme de quoi, bien que battu, Max Verstappen a fait bonne figure, autres satisfaction. Du coup, Max a effacé les effets de réactions de mauvaise humeur qu’il avait pu manifester précédemment. Et qui, vu son très jeune âge, pouvaient paraître irrespectueuses vis à vis de certains anciens à qui elles étaient destinées.