Les choses ont l’air faciles pour Lewis Hamilton. Manque-t-il son départ ? Les Ferrari affichent-elles de nets progrès en performances ? Qu’importe ! Il finit bientôt par se retrouver au commandement. Presque sans l’avoir voulu. Il n’a alors plus qu’à sagement achever son parcours tandis que derrière lui les autres s’escriment en vain…
Johnny RIVES.
…Il émane de ces scenarii une impression de force irrésistible, presque surnaturelle, à son avantage. Les quelques erreurs qu’il a pu commettre, on ne les oublie pas mais on finit par les négliger. On ne voit plus que la tranquille domination qu’il exerce sur ses rivaux, jusqu’à ne leur laisser que quelques miettes d’un banquet qu’il savoure sans en être repu. Il en émerge tranquillement rasséréné, souriant et gentil. Plus gentil que dans le premier virage où il n’avait eu aucun égard pour son équipier Rosberg… Derrière lui, après cette sévère passe d’armes, les autres se sont essoufflés en s’arrêtant plus souvent que lui à leur stand, en visitant des échappatoires ou en s’embarquant dans de spectaculaires tête-à-queue. C’est ainsi qu’il règne, Lewis Hamilton. En tout cas qu’il a régné sur le G.P. du Canada. La suite confirmera-t-elle cette impression ? Personne ne peut en avoir la certitude. Quelle que soit la sympathie qu’il soulève, on se permettra d’ajouter un mot : heureusement !
* VETTEL BATTU MAIS CONTENT.
L’irrésistible domination d’Hamilton a été soulignée par l’inattendue réaction de Sebastian Vettel après sa 2e place. Lui le compétiteur que l’on a parfois vu excédé après certaines défaites, affichait une mine guillerette sur le podium de Montréal. Comme si sa 2e place n’avait pas été une défaite. « On va peut-être critiquer notre stratégie à deux arrêts, devait-il même commenter (Hamilton et Bottas n’ont observé qu’un seul changement de pneus). Moi pas. C’était un coup à tenter. Ça n’a pas marché mais je ne m’en plaindrai pas. » Peut-être le sursaut tangible des Ferrari au plan des performances l’incitait-il à cette inattendue bonne humeur ? Raïkkonen lui-même, confiné pourtant à un résultat médiocre – un de plus – acceptait de dire que les Ferrari marquaient des progrès. Il situait sa contre performance dans la seule difficulté qu’il avait eue à maintenir ses pneus à une bonne température. C’est vrai que la météo n’a fait aucun cadeau à Ferrari en ce début de saison. Après les essais hivernaux il apparaissait assez clairement que dès qu’un climat estival serait établi les Ferrari seraient servies par l’avantage de moins surchauffer leurs pneus que leurs rivales directes. Mais il n’a fait chaud nulle part encore. Encore moins au Canada qu’ailleurs (12 degrés) !
* LA HIÉRARCHIE EST ÉTABLIE.
Après sept des 21 épreuves du championnat 2016, la hiérarchie des équipes apparaît clairement. On peut la scinder en trois « familles ». Le groupe de tête est constitué par Mercedes, Ferrari et Red Bull, comme la grille de départ du G.P. du Canada l’a mis en évidence. A l’opposé, le dernier groupe réunit Haas, Renault, Sauber et Manor qui fournissent, sauf incident, les plus fréquents éliminés à l’issue des Q1 chaque samedi de Grand Prix. Entre ces deux extrêmes on trouve Williams, Force India, Toro Rosso et McLaren, toutes plus ou moins capables de sursauts au gré des évènements – comme l’ont souligné les 3e places de Sergio Perez à Monaco et de Vallteri Bottas à Montréal. Mais une telle hiérarchie s’assortit parfois de quelques nuances. Par exemple au Canada on a constaté qu’au cours de la remontée à laquelle il a été contraint après le sévère écart que lui avait imposé Hamilton dans le premier virage, Rosberg a vu sa Mercedes être incapable de rivaliser en vitesse maxi avec la Williams de Bottas. Il était plus rapide sur un tour, mais incapable de le déloger de sa 3e place faute de le rattraper en ligne droite en dépit de son DRS ouvert. Après sa crevaison, il s’est trouvé dans un embarras presqu’aussi important face à la Red Bull de Verstappen. Cette fois l’utilisation du DRS lui permettait d’espérer, mais l’implacable défense de Max l’en empêcha ! L’avantage des Williams en V max était déjà patent en 2015. Sera-t-il décisif à Bakou lors du prochain rendez-vous des F1, où l’on nous annonce la plus longue ligne droite de la saison ? Ou bien va-t-on célébrer enfin une victoire de Ferrari, la seule pour l’heure des équipes de pointe à n’avoir pas gagné en 2016 ?
Illustrations @ DR