MONZA A ACCOUCHE D’UNE SOURIS
Les deux Mercedes devant les deux Williams en qualification. Les deux Mercedes devant les deux Williams puis les deux Red Bull à l’issue du Grand Prix d’Italie… Le circuit de Monza, que certains appellent pompeusement « Temple de la vitesse » n’aura finalement accouché que d’une souris. Un Grand Prix monotone, sans surprises et presque sans émotions. Heureusement que, comme souvent, il y avait Daniel Ricciardo et Vallteri Bottas.
Johnny Rives
La qualité des retransmissions de Canal+ n’est guère discutable. Mais convenons que l’esprit qui les anime est parfois « relou » , comme l’on dit aujourd’hui. On l’avait déjà ressenti après le G.P. de Belgique, quand ils nous avaient rassasiés jusqu’à l’écoeurement de l’accrochage Rosberg-Hamilton, à propos duquel on avait pourtant entendu Alain Prost affirmer qu’il n’y avait rien « d’intentionnel » de la part de Rosberg dans cet incident – analyse que nous partagions entièrement.
En dépit de cette sage sentence de l’ancien champion du monde, l’accrochage de Francorchamps nous a été resservi au-delà de toute raison lors des deux journées d’essais de Monza. Et même le jour de la course, avec de lourds sous-entendus sur des intentions prêtées à chacun des deux malencontreux protagonistes.
Le souvenir, vaguement faussé par ceux qui le remuent, des duels Senna-Prost égare l’analyse de nombreux observateurs d’aujourd’hui. Au fond d’eux-mêmes ils souhaitent une réédition de cette rivalité, ce qui est impossible, l’histoire ne se répétant pas. Cela les pousse à la chercher désespérément à travers celle qui oppose Hamilton et Rosberg de nos jours. Quitte à mettre et à remettre de l’huile sur le feu. On les remercie par avance de mettre enfin au placard leurs désirs de faits divers sans doute provoqués par ce besoin de sensationnalisme que l’on rencontre souvent dans une certaine presse. En ce domaine Valérie Trierweiler a placé la barre à une hauteur que les évènements sportifs auront du mal à atteindre. Alors, please, on demande une trêve !
Pour en rester à la rivalité Hamilton-Rosberg, elle s’est exprimée modérément à Monza. A la déception de beaucoup, sans doute. Nico, qui avait déjà effectué – sans perdre sa première place – un crochet par l’étroit slalom placé dans l’échappatoire de la première chicane. Cette fausse manœuvre lui avait coûté deux secondes : l’avance de quatre secondes qu’il possédait alors sur Massa, 2e, tomba à deux. Il en effectua un second qui permit à Hamilton, un peu plus d’une seconde derrière lui, de lui succéder en tête.
Dès lors, la course était entendue. Felipe Massa avait montré depuis de nombreux tours déjà que les qualités de sa Williams, pour remarquables qu’elles soient, ne lui permettaient pas d’inquiéter les reines de la F1 version 2014. Et ce qui échappait aux Williams ne pouvait évidemment encore moins revenir ni aux McLaren, ni aux Red Bull.
Pour échapper à l’assoupissement, il y avait heureusement au cœur du peloton deux vaillants garçons dont les remontées ne surprirent personne : Vallteri Bottas et Daniele Ricciardo qui s’offrirent le luxe (et nous offrirent le spectacle) de revenir du diable vauvert.
On a particulièrement apprécié la subtilité de certains dépassements de Ricciardo (Perez et Vettel) au freinage de la chicane de la Roggia. Ses adversaires faisant mine de rester à sa gauche pour avoir l’intérieur, il coupa légèrement les gaz comme pour leur laisser l’avantage. Pour, dès qu’ils reprirent position devant lui, d’une habile et subtil coup de volant, se déhancher complètement à gauche de la piste et les surprendre au freinage… par l’intérieur dont ils croyaient l’avoir privé ! Ce Ricciardo a vraiment l’étoffe d’un grand. D’un très grand.
A l’inverse, au cours de la jolie remontée de Bottas, on a hélas revu le jeune Magnussen à l’œuvre, zigzagant de façon aussi lamentable qu’en Belgique pour « protéger » sa place. Les cinq secondes de pénalité que cela lui a coûté sont une broutille par rapport à ce qu’il méritait.
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