28 novembre 2014

F1 2014 : Le billet de Johnny Rives – Abu Dhabi 19

HEUREUSEMENT TOUT S’EST BIEN TERMINÉ !

 Un peu de fiction. Pour le fun, comme disent les plus jeunes. Rosberg et Hamilton sont en première ligne au départ du Grand Prix d’Abu Dhabi, épreuve décisive pour le titre de champion du monde. Hamilton a pris la précaution de faire un simulacre de départ en quittant son stand. Ça lui a permis d’affiner opportunément l’enchaînement automatique des manœuvres.

Johnny Rives

C’est ainsi qu’il a surpris son équipier qui était pourtant en pole position. Tandis qu’Hamilton s’envole, Rosberg a toutes les peines du monde pour s’assurer  la deuxième place. A tel point qu’en un demi tour, Hamilton réussit à creuser un écart qui le place hors de portée de son rival. Quand arrive enfin l’autorisation d’utiliser le DRS en ligne droite, Rosberg avec plus d’une seconde de retard ne peut en profiter. Derrière les deux Mercedes qui s’envolent à leur bonne habitude, Massa conduit brillamment la chasse avec son étonnante Williams.

 Après 20 tours, l’écart entre les deux Mercedes se situe autour des deux secondes et demie. C’est rien. Mais beaucoup aussi. Car Rosberg ne peut toujours pas recourir à son DRS pour gagner les précieux kilomètres/heure qui lui permettraient de rejoindre Hamilton. Soudain surprise ! 23e tour : Hamilton semble avoir manqué un freinage. La Mercedes n°44 fait un large détour sur un dégagement de la piste. « Quelque chose s’est déréglé ! s’exclame Hamilton dans sa radio. J’ai perdu de la puissance » Rosberg est déjà dans ses roues. Il le dépasse aisément dans la première ligne droite.

« Qu’est-ce que je dois faire ? » implore Hamilton.

« On vérifie tout, lui répond son stand. Essaye de continuer aussi vite que tu peux ! »

Hélas, le stand Mercedes sera impuissant. Le système de récupération de l’énergie est défaillant. Rien à faire… « Essaye de poursuivre ainsi. Si tu parviens à te classer 2e c’est toi le champion du monde ! » Hamilton le sait très bien. D’ailleurs il préfère ne pas répondre. Une caméra embarquée montre son regard d’une intensité terrible. Mais ses efforts seront vains. Pendant que Rosberg s’envole vers une victoire irrésistible – à moins que son ERS ne subisse le même sort que celui d’Hamilton – on songe aux propos de Toto Wolfe, juste avant le départ :  « Nous avons concentré tous nos efforts pour préparer au mieux nos deux F1. Dans l’espoir que nos deux pilotes règleront leur rivalité d’égal à égal sans qu’une défaillance technique sur une des voitures ne fasse la décision. » On ne doute pas un seul instant de la sincérité de ce voeux pieux. Hélas, et cela depuis que la course existe, les hommes proposent mais la mécanique dispose. De plus en plus en difficulté, Hamilton ne résistera pas au retour de Massa. Il sera même débordé par la plupart de ses poursuivants.

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Son staff technique s’apitoie sur son sort : « Tu devrais rentrer au stand, we are so sorry, » communique sa radio. Mais Lewis se défend : « Non !non ! je ne veux pas rendre les armes, je veux finir la course. – OK, nous respectons ton choix, tu es courageux ! »

Finalement classé 14e derrière les deux Français Vergne et Grosjean, Hamilton ne pourra pas dissimuler sa déception. Néanmoins il tiendra sportivement à féliciter Nico Rosberg pour son couronnement inattendu. Qu’il qualifiera même, élégance suprême, de « mérité ».

Evidemment, nous avons échappé à ce scenario fantaisiste. On ajoutera même : heureusement ! Car outre le fait que, dans ce cas là, il aurait fallu encenser un champion du monde comptant moins de victoires (6) que son dauphin (10), on n’ose imaginer les commentaires suspicieux qu’aurait entrainé une telle panne. Heureusement, elle n’a pas affecté Hamilton mais Rosberg. Si bien que la saison s’est achevée par la victoire du plus méritant (11 victoires à 5) à la satisfaction générale. Tout est bien qui a bien fini.

En écrivant pour CC.png

Les félicitations adressées à Lewis Hamilton sont quasiment unanimes. Quant à la panne ayant enrayé les derniers espoirs de Rosberg, personne ne songe à l’évoquer. Dans le cas inverse – imaginé ci-dessus – il en aurait été tout autrement, gageons le !

 Curieusement, le final d’Abu Dhabi, bien qu’il ne se soit pas écarté tant que cela du scenario habituel – à la panne de Rosberg près – ne nous a pas semblé aussi léthargique qu’en d’autres circonstances cette saison. C’est peut-être ce qui a incité tant Alain Prost que Jean Alesi de se montrer satisfaits d’avoir vécu un saison de F1 « passionnante » (sic). Nous avons quelque mal à les suivre sur ce plan, avouons le. Malgré les remarquables coups d’éclat réussis ici ou là par Daniel Ricciardo (qui s’est adjugé trois victoires on ne sait plus trop grâce à quel miracle !) Hamilton et Rosberg ont été beaucoup trop seuls en 2014.

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 Fernando Alonso, qui ne leur est certainement pas inférieur, n’a jamais été en mesure de rivaliser avec eux. Les Ferrari ont accompli une saison aussi piètre qu’en 1993 – ça n’est pas nous qui le disons, mais les statistiques.

 A l’époque leur sauveur avait été Jean Todt qui, après avoir fait triompher Peugeot en rallyes, puis en rallyes-raids et enfin en endurance, avait été appelé à la rescousse par Maranello. Deux mois après qu’il ait pris les commandes de la Scuderia, Gerhard Berger nous avait dit : « Quand j’ai su que Jean Todt arrivait chez nous j’ai eu peur qu’il constitue avec Jean Alesi et quelques ingénieurs provenant eux aussi de Peugeot une sorte de « mafia francese ». Maintenant que je le vois travailler depuis deux mois, je peux affirmer que s’il y a une personne au  monde capable de replacer Ferrari sur les bons rails, c’est bien lui, Jean Todt. »

 Hamilton drapeau.jpgMais on n’est plus en 1993… Jean Todt a vieilli, il a pris d’autres fonctions. Sera-t-on capable chez Ferrari de mettre la main sur son alter ego ?

 Fernando Alonso doit en douter. Puisqu’il est allé jusqu’à rompre le contrat qui le liait à Ferrari. Une aubaine pour Ron Dennis, pour McLaren et pour Honda. Qui nous laisse espérer que Rosberg et Hamilton ne résumeront pas à eux seuls les Grands Prix de 2015. Et qui sait si, les sévères leçons de 2014 une fois digérées, Renault ne mettra pas à la disposition de Red Bull, donc de Daniel Ricciardo, un moteur enfin plus proche de l’impressionnant Mercedes.

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 Une bataille à quatre pour le prochain championnat de F1 ? On signe sans hésitation pour qu’ Alonso et Ricciardo disposent d’arguments convaincants face à Hamilton et Rosberg. Sans oublier que Valtteri Bottas doit guetter avec espoir la confirmation du redressement des étonnantes Williams.

 Et Vettel et Raïkkonen dans tout ça ? On laissera à nos amis lecteurs le soin de sonder une boule de cristal pour anticiper sur leur avenir…

Illustrations
Illsutration 1 : Podium Abu Dhabi 2014 @ DR
Illustration 2 : Johnny Rives @ Lysiane Rives
Illustration 3 : Lewis Hamilton @ DR

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