18 janvier 2019

Edmund Nelson – Portrait d’un inconnu 1/2

Portrait d’un inconnu. C’est le titre d’un roman de Nathalie Sarraute, la papesse du Nouveau Roman dans les années 50. Un livre difficile, déconcertant ; on appelait cela un antiroman. « Prise de tête » garantie, à vous faire fuir en courant rien qu’en lisant la présentation sur la page de garde. Et je me demande si, vous aussi, vous n’allez pas fuir en courant après avoir lu ce titre et les premières lignes de ce texte. Edmund Nelson, vous connaissez ? Je suis sûr que non. Et si ce nom vous dit vaguement quelque chose, parce que votre connaissance encyclopédique de l’histoire du sport automobile vous permet de l’associer au nom de Portago [1] et au drame des Mille Miglia de 1957, je suis bien certain que vous n’en savez guère plus ; et qu’il ne vous est jamais venu à l’idée de creuser la question.

René Fiévet

(texte publié par Mémoire des Stands le 20 août 2011)

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Edmund Nelson

Edmund Nelson (1er septembre 1916 – 12 mai 1957) @ DR

Pourquoi s’intéresser à Edmund Nelson, un inconnu, quelqu’un dont pratiquement plus personne n’a le souvenir, dont très peu ont entendu parler, et qui, au bout du compte, n’a rien laissé de tangible derrière lui ? Et si certains se souviennent, leur esprit se fixe le plus souvent sur cet évènement tragique, horrible même. Quelque chose que l’on voudrait chasser pour toujours de sa mémoire.

« Ecrits intimes »

La première fois que je me suis intéressé à Edmund Nelson, c’est un peu par hasard. En feuilletant un livre, Ecrits intimes de Roger Vailland [2]. L’écrivain couvre les Mille Miglia de 1957 pour un journal français. Bien entendu, il n’y connaît pas grand-chose en sport automobile. Et comme souvent dans ce cas, le regard neuf (mais jamais innocent) de l’écrivain se porte sur des choses ou des personnes un peu inattendues. Et à l’Hôtel Royal de Modène où il réside, il s’intéresse à Edmund Nelson qu’il nous décrit, l’allure « Anglais, de bonne éducation », portant cette veste de tweed que l’on retrouve sur lui sur les photos de sa dernière chevauchée avec Portago. L’avant-veille de la course, il le voit dîner avec une jeune italienne qu’il avait rencontrée dans le bar de l’hôtel. « Sa dernière fille« , conclut l’écrivain, très porté sur ce genre de choses. L’écrivain rapporte aussi que Nelson avait demandé à Marisa, la femme de chambre de l’hôtel, de lui faire une bise sur les deux joues avant le départ de la course. Pour lui porter bonheur, lui avait-il dit …

Mais qui était donc Edmund Nelson ? Plus précisément, Edmund Gurner Nelson [3]. Je me suis intéressé à la question. Non sans difficultés d’ailleurs, tant les informations sont rares sur le sujet, souvent peu fiables, parfois contradictoires. Et surtout, tant son souvenir a été occulté par la personnalité rayonnante, écrasante de Portago. Et pourtant, ce que j’ai fini par trouver ne manque pas d’intérêt, au contraire. C’est une histoire « forte » pourrait-on dire, émouvante par certains côtés, une amitié « à la vie à la mort » entre deux hommes que tout séparait à l’origine et que rien ne destinait à se rencontrer. Et cela aurait pu être une belle histoire à raconter si tout ne s’était pas terminé dans la plus horrible des tragédies [4].

US Air Force

Tout commence donc par une rencontre. Nous sommes en 1945, à la sortie de la guerre. Edmund Nelson, 29 ans, est démobilisé. Il revient de France où il a fait la guerre dans l’US Air Force, probablement comme navigateur dans un bombardier [5]. C’est un garçon d’origine modeste, né à Estelline (South Dakota) en 1916, orphelin de père et délaissé par son beau-père. On peut penser toutefois qu’il avait un bon niveau d’éducation puisqu’on retrouve sa trace comme étudiant en droit à l’Université de l’Illinois en 1935-1936 (source : myheritage.com). Puis, pour une raison inconnue, il émigra à Hawaï en juillet 1938 où il se trouvait encore en décembre 1941 au moment de l’attaque japonaise sur Pearl Harbor. Toujours est-il qu’il débarque à New York à l’issue de la guerre et trouve un emploi dans un grand hôtel, le Plaza Hotel. Le Plaza Hotel, c’est comme le Waldorf Astoria, une institution new yorkaise.

Un hôtel tout ce qu’il y a de plus chic, en face de Central Park. C’est précisément dans cet hôtel que réside depuis plusieurs années le jeune Portago, avec sa mère et sa sœur. Bien entendu, la légende, répétée inlassablement par les journalistes et biographes, veut que Nelson fût garçon d’ascenseur dans l’hôtel. Dans le livre d’Ed McDonough [6] on lit toutefois qu’il s’occupait du kiosque à journaux. Mais j’ai lu aussi que Nelson travaillait à la réception, ce qui me paraît plus vraisemblable : Nelson, selon tous les témoignages, était un bel homme, présentant bien, dynamique et débrouillard, d’une grande sociabilité.

Coup de foudre

Entre le jeune Portago et Ed Nelson, c’est le coup de foudre. Ce qui frappe au premier abord, c’est la différence d’âge : 12 ans d’écart, ce qui est considérable à cet âge de la vie. Mais c’est peut-être aussi ce qui explique tout. Pour le jeune Portago, qui termine son adolescence, cette rencontre avec Nelson est une révélation qui va bouleverser sa vie, plus précisément sa conception de la vie. Car Nelson est un personnage haut en couleurs, « a picaresque character » écrit Sport Illustrated, attiré par tout ce qui concerne le sport et l’aventure. Et aussi un homme doté, dit-on, d’un charme irrésistible, d’une certaine prestance, d’une grande aisance relationnelle. Le jeune Portago, timide et encore mal assuré, a découvert son « idéal du moi ». N’oublions pas non plus un aspect important : Portago a perdu son père alors qu’il était encore jeune ; Nelson va jouer un peu le rôle de père de substitution. Il va donc prendre en main le jeune adolescent qui découvre la vie. Dans le domaine sportif, il va notamment l’initier à la boxe qu’il avait pratiquée comme poids léger.

Portago à l’âge de 16 ans, à l’époque où il rencontre Ed Nelson @ DR

Portago à l’âge de 16 ans, à l’époque où il rencontre Ed Nelson. Habillé façon Savile Row, fumant des cigarettes orientales, parlant avec un accent anglais prononcé. « Il y a du boulot », a dû se dire Nelson (source : Ed McDonough, Marquis de Portago, the legend). @ DR

Ce qui est marquant aussi, c’est la différence sociale. Pas pour le jeune Portago, qui s’en moque bien entendu, mais pour nous qui voyons cela avec un regard extérieur. Entre la clientèle huppée du Plaza (et n’oublions pas que les Portago sont des clients permanents de l’hôtel) et les employés de l’hôtel, il y a plus qu’un gouffre social, un écart abyssal qui interdit à ces deux mondes de se rencontrer pour autre chose qu’une relation de service. Que cette amitié ait pu naître et se développer sur ce terreau défavorable est en soi du domaine de l’exceptionnel, et déjà un prélude à ce qui suivra…

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Pygmalion

On sait peu de chose néanmoins sur ce qui s’est passé entre les deux hommes de 1945 à 1949. On peut supposer que cette amitié n’a cessé de s’approfondir à mesure que l’adolescent devenait un homme. Carroll McDaniel, qui épousa Portago en 1949, nous dit que, sous l’influence de Nelson, il fut beaucoup plus question pour le jeune Portago des plaisirs de la vie que des études. Et qu’il fut aussi beaucoup question de femmes, ce qui n’étonne pas trop (témoignage recueilli par McDonough). Toujours est-il qu’en 1949, quand la famille Portago quitte les Etats-Unis pour la France pour s’installer à Biarritz, Nelson lui aussi quitte son pays pour la France, pour résider à Paris [7]. Je n’y vois rien de fortuit, même si je n’en sais guère plus sur les circonstances. Mais il me paraît clair que les deux hommes savent qu’ils sont devenus des amis inséparables.

Et cette amitié va façonner la personnalité de Portago. Quand ils se rencontrent pour la première fois, le jeune Portago est certes un adolescent turbulent, mais son comportement est encore marqué par son origine sociale. Comment pourrait-il en être autrement ? On le décrit habillé à la dernière mode, façon Savile Row, arborant un porte-cigarette en or, fumant des cigarettes orientales et parlant avec un accent anglais prononcé. Dès ce moment, Nelson devient le pygmalion improbable d’une comédie sociale où on joue à front renversé, où c’est Miss Doolittle qui apprend au professeur Higgins les règles du savoir (sur)vivre dans le monde tel qu’il est, et non tel qu’il devrait être. Encore faut-il que quelque chose de fort les réunisse, une passion commune : ce sera le sport, la compétition, le défi, le danger même.

Edmund Nelson

Pour Carroll, l’épouse légitime, Nelson était le valet de Portago, son Sancho Pansa @ DR

« Sancho Pansa » ?

Il est intéressant de voir comment cette relation très forte a été vue par les autres proches de Portago. A ce titre, on est frappé par les jugements contradictoires, souvent assez peu flatteurs pour Nelson. En première ligne, la propre femme de Portago, Carroll Portago (plus tard Carroll Petrie). Dans son témoignage donné à McDonough, elle ne peut voir Nelson que dans l’ombre de son mari. C’est Fon qui décidait, et Nelson suivait. C’était son « Sancho Pansa ».

« Nelson était un gentil garçon dans la mesure où il faisait tout ce que Fon lui demandait de faire, » dit-elle, avec un brin de condescendance, voire de mépris. Mais que peut comprendre Carroll Petrie à la relation qui lie son mari à Nelson ? Plus précisément, jusqu’où peut-elle aller au-delà des apparences qui, effectivement, mettaient Nelson dans le sillage de Portago ? Pour cette femme, originaire d’un milieu très conservateur de la Caroline du Sud, issue d’une famille déjà fort riche, son mariage avec Portago a correspondu à une forme d’ascension sociale : la fréquentation du gratin, l’entrée dans le « grand monde » des princes et des princesses [8].

Entre Portago et Nelson, elle ne peut voir qu’une relation de maître à valet. Cela fait partie de ses structures mentales, et elle se sentirait rabaissée de voir les choses autrement. Ce n’est pas de sa faute… La vérité est sans doute plus simple et plus complexe à la fois : c’est Portago qui avait l’argent (et il en avait beaucoup, par sa mère) alors que Nelson était pauvre [9]. Nelson ne pouvait que suivre le rythme de vie endiablé de Portago ; mais cela ne veut pas dire qu’il était dans une relation de subordination, voire de servilité, avec son ami.

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Jugement à charge…

Dorian Leigh voit les choses différemment [10]. Pour elle, Nelson était l’inspirateur de Portago, et de la pire des façons. Dans son livre, The girl who had everything, elle décrit Nelson comme quelqu’un de profondément amoral, un être malfaisant, le mauvais génie de Portago. Une sorte de personnage interlope, qui se présente comme « l’homme d’affaires » de Portago, et engage ce dernier dans des opérations financières douteuses. Cette femme, qui était alors le plus célèbre mannequin de son époque (on ne disait pas encore « top-model »), vit dans la proximité des « happy few ».

Le dessus du panier de la société est devenu son ordinaire. Originaire de la moyenne bourgeoisie (son père était chimiste), sa rencontre avec le milieu raffiné et bon chic bon genre de la haute couture n’a fait que conforter chez elle une conception de la vie assez conventionnelle. Il suffit de lire son livre pour s’en convaincre : Nelson lui apparaît comme un extra-terrestre, complètement déplacé dans le milieu où elle vit. Le genre de personne que l’on a un peu honte d’avoir à fréquenter, et qu’on n’inviterait certainement pas chez soi.

Le côté « aventurier » de Nelson est très bien décrit dans son livre, à l’occasion d’une anecdote intéressante. En juillet 1952, elle accompagne Portago et Nelson en vacances en Crète. Ces vacances n’étaient en fait qu’une couverture pour aller à la recherche d’un trésor de guerre enterré dans un vieux puits, dont Nelson avait appris l’existence. Finalement, l’affaire tourne court car le fameux puits avait disparu en raison de la construction au même endroit d’une base navale après la fin de la guerre. Cet échec met Nelson de fort mauvaise humeur.

Edmund Nelson

Pour Dorian Leigh, photographiée ici par Richard Avedon, Nelson était un être profondément amoral, le mauvais génie de Portago @ DR

… à décharge…

La bonne surprise nous vient de Linda Christian [11]. C’est souvent le cas avec les starlettes, surtout quand elles ont eu du mal à se frayer un chemin vers la notoriété. Elles doivent tracer leur route « the hard way », et celles qui réussissent (les plus intelligentes, en définitive) ont souvent un regard très juste sur la vie et les choses. Une vraie sensibilité et, par-dessus tout, l’intelligence des situations. Elle va tout de suite comprendre la relation essentielle qui lie Portago à Nelson ; et si elle doit trouver sa place auprès de Fon (c’est à dire se faire épouser, son seul objectif), elle sait que ce ne sera pas contre Nelson. Elle va même essayer de se faire un allié de Nelson.

« Leur amitié était incroyable. Gurner était le père, le frère et l’ami de Fon, et j’avais été acceptée comme le troisième mousquetaire uniquement parce que je n’avais rien fait pour me mettre entre eux deux. D’autres femmes dans la vie de Fon avaient essayé, et elles avaient échoué. Et quand il vit que ce n’était pas le cas avec moi, Gurner fut le premier surpris. Et il me le dit [12]» 

C’est d’ailleurs Nelson qui, le premier, fait la connaissance de Linda Christian à Paris. Ils se rencontrent à l’automne 1956 dans un bus pris à Orly, en direction de Paris, un jour de grève des taxis, et ils engagent la conversation. Très probablement Nelson, même s’il ne le fait pas savoir à son interlocutrice, sait à qui il a affaire. Ils n’échangent pas leurs coordonnées respectives, mais de retour à Paris, Nelson informe son ami Fon : « J’ai rencontré une Américaine qui vaut le déplacement. Elle a du caractère et de l’humour. On la retrouvera à l’Eléphant Blanc [13]» C’est exactement ce qui se passa, et c’est Fon qui remportera la mise…

Edmund Nelson

Linda Christian, prise ici en photo en février 1957 au Grand Prix de Cuba, comprit tout de suite que rien ne pourrait séparer Portago de Nelson @ DR

…ou hors sujet !

Quant à Ed McDonough, le biographe de Portago, c’est un autre problème. Son livre (Marquis de Portago, the legend) est précieux, car il fourmille d’informations sur Portago et est remarquablement documenté. Il est précieux aussi en ce sens qu’il s’attache, autant qu’il peut, à rétablir la vérité et qu’il n’est pas dupe des exagérations de Portago sur sa propre vie. Mais je pense aussi qu’il passe en grande partie à côté du sujet. Qu’est ce qui fait de Portago une légende, encore de nos jours, puisque c’est le titre de son livre ? En refermant ce gros ouvrage, on est bien en peine de savoir pourquoi.

Ce ne sont tout de même pas les exploits sportifs de Portago, somme toute assez limités, qui sont de nature à en faire une légende. Encore moins son côté « touche à tout », pas si rare dans le milieu favorisé et fortuné dont il est issu, à une époque où le professionnalisme n’avait pas encore envahi le sport. Ni même son côté « trompe la mort », d’ailleurs très exagéré. C’est vrai qu’il prenait des risques, et le risque faisait partie de son existence, mais il n’était pas le seul, loin de là. Il y en eut beaucoup d’autres comme lui, qui en sont morts comme lui, et qui ne devinrent pas des légendes pour autant. Dans son livre, Edmund Nelson est quasiment ignoré par l’auteur, qui est bien obligé de le mentionner de temps en temps, mais sans creuser davantage. Disons que, pour McDonough, Nelson est un satellite qui gravite, comme d’autres, autour de l’astre Portago. Mais guère plus. Là est son erreur, et la raison pour laquelle il passe à côté de son sujet.

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A suivre ….

Notes

[1] On ne présente plus Alfonso Cabeza de Vaca y Leighton, 17ème Marquis of Portago, 13ème Comte de Mejorada, filleul du roi Alphonse XIII, sportif émérite (équitation, bobsleigh et surtout sport automobile), mieux connu sous le nom de Fon de Portago.

[2] Roger Vailland – Ecrits intimes, pages 530-536 (Editions Gallimard, 1968).

[3] D’après Keith Schellenberg, les Britanniques l’appelaient Edmund, tandis que les Européens continentaux (en Suisse et en France), l’appelaient Gurner. Quand j’ai contacté Hermano Da Silva Ramos à propos de Nelson, celui-ci l’a tout naturellement prénommé Gurner. On voit souvent écrit que Gurner est une déviation du mot gunner (canonnier) lié à sa pratique de la boxe. C’est inexact : Gurner est le deuxième nom d’état civil de Nelson. Mais il est possible que ce deuxième prénom se soit imposé auprès de ses proches en raison précisément de sa consonnance avec le mot gunner.

[4] Dans la suite de ce texte, il ne sera pas question de la tragédie des Mille Miglia de 1957, sur laquelle tout a été dit et écrit. Pour ceux que cela intéresse, Philippe Alfonsi consacre à cet accident la deuxième partie de son excellent documentaire sur Portago (1. Un clochard magnifique, 2. La fin des seigneurs – Taxi Production, 1998). Ces deux documentaires peuvent être visionnés sur Youtube :

(1) https://www.youtube.com/watch?v=8JyDP9XBP6M

(2) https://www.youtube.com/watch?v=Zt2ARECeDkI&t=13s

[5] Cette information est fournie par le site internet http://pilotos-muertos.com/2012/Nelson, et elle est assez probable. Le navigateur était le personnage clé des bombardiers de la deuxième guerre mondiale. Tout reposait sur lui, il commandait la manœuvre, et sa tâche était extrêmement difficile en raison du caractère encore rudimentaire des instruments de navigation. Le bon niveau d’éducation d’Edmund Nelson le destinait à occuper cette fonction. De même, Pierre Mendès-France, quand il rejoignit la France libre après son évasion de France, fut affecté comme navigateur dans le groupe de bombardement Lorraine.

[6] Ed McDonough, Marquis de Portago, the legend (Mercian Manuals Ltd, 2006).

[7] On retrouve la trace d’Edmund Nelson à Paris, où il s’est marié le 12 octobre 1949 avec une japonaise originaire d’Hawaï, Fumi Kobayashi, plus jeune de 10 ans. Ils eurent un fils, Peter, âgé de 2 ans au moment de la tragédie du 12 mai 1957.

[8] L’interview de Carroll Petrie dans le documentaire de Philippe Alfonsi est très révélateur, et même caricatural. 50 ans après, cette roturière est encore tout éblouie d’avoir pu, par son mariage avec Portago, fréquenter le duc et la duchesse de Windsor. Ce trait de caractère n’a pas manqué de faire rire à ses dépens. A propos de Carroll, devenue une personnalité très en vue du « tout New York » après son remariage avec Milton Petrie, on peut lire ceci : « Son amitié avec la Duchesse de Windsor est devenue une part de la légende de Carroll. Il n’y a pas un seul article consacré à Carroll, de quelque longueur qu’il soit, où il n’est pas question de la Duchesse de Windsor. » (Charlotte Hays, The Fortune Hunters : dazzling women and the men they married – St Martin’s Press, 2007). Pour Keith Schellenberg, interrogé par Philippe Alfonsi, il est clair que Fon et Carroll avaient peu de choses en commun.

[9] Il convient de préciser que c’est la mère de Portago qui tenait les cordons de la bourse. Portago n’avait pas un droit de tirage illimité sur les ressources familiales, loin de là. Au contraire, il lui fallait négocier, justifier ses dépenses. Et il semble que tout était consacré à l’exercice de ses passions sportives. En dehors de cela, il avait certes une vie très aisée, mais il ne vivait pas comme un nabab. Il n’en avait pas les moyens.

[10] Dorian Leigh fut, avec sa sœur Suzy Parker, le plus célèbre mannequin de son époque. Elle fit la connaissance de Portago en 1952, eut un enfant avec lui en 1955, et fut sa « régulière » jusqu’à l’arrivée sur scène de Linda Christian à la fin 1956. L’anecdote sur le voyage en Crète est largement développée dans son livre autobiographique (The girl who had everything – A Ginger Book, 1980).

[11] Linda Christian, actrice de cinéma, fut l’épouse de Tyrone Power. Décidée à se faire épouser par un « Grand d’Espagne », on peut penser qu’elle était prête à utiliser tous les moyens à cette fin. Elle fut l’instigatrice du fameux « baiser de Rome » avec Portago, tout surpris de la trouver en train de l’attendre à ce point de contrôle à mi-course. La scène fut immortalisée par les photographes qui, eux, n’avaient pas été surpris puisqu’ils avaient été dûment convoqués à cet effet par Linda Christian.

[12] Linda Christian, My Own Story, New York : Crown Publishers, 1962. Par pure coïncidence, Linda Christian est décédée le 22 juillet 2011, à l’âge de 87 ans, le jour même où je consultais son livre à la Library of Congress de Washington DC, à la recherche de quelques éléments d’information supplémentaires pour nourrir mon texte.

[13] L’Eléphant Blanc, situé à Montparnasse, était une boîte de nuit à la mode dans les années 50, et le lieu de rencontre des Américains de passage à Paris. C’est à l’Eléphant Blanc que Portago avait fait la connaissance de Dorian Leigh quelques années auparavant.

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