RICCIARDO : VICTOIRE EN TROIS « D »…
On espérait sincèrement que la victoire sourirait à Daniel Ricciardo. Il avait été si convaincant aux essais : meilleur temps aux libres 1, aux libres 2 et aux libres 3. Puis meilleur temps en Q1, en Q2 et enfin en Q3. Alonso avait dit : « Ici, l’essentiel se joue aux essais. Daniel n’a plus qu’à réussir son départ ! » Ce qu’il fit, malgré le forcing agressif de Vettel. Il n’avait dès lors plus qu’à attendre le changement de pneus de son adversaire principal pour changer les siens un tour plus tard. Et reprendre la piste devant lui. Ce qu’il fit. Certes, une alerte (28e tour) survint : « J’ai perdu de la puissance ! » Mais cela n’a pas empêché le « happy end » tant espéré. Hamilton l’a félicité. Mais il a dit : « On a tous suivi un rythme de croisière. Ça n’était pas une course. » Victoire en trois D, en somme. Trois D comme : Défense De Dépasser ! Mais victoire quand même…
Johnny RIVES
LE MYSTÈRE DES PIRELLI
Lorsque Ricciardo lança son cri d’alarme (« Je perds de la puissance »), on n’était pas encore à la mi-course. Mais l’écart était déjà abyssal entre les cinq leaders et le restant de la troupe. A la tête de qui émergeaient en formation serrée Gasly, Hulkenberg (qui n’avaient pas encore changé de pneus), Ocon et Alonso. Les méandres du circuit monégasque n’avaient rien changé à un état de fait se reproduisant course après course : les trois équipes dominatrices exerçaient le même pouvoir que d’habitude, quand bien même Hamilton devait avouer plus tard n’avoir roulé qu’à un rythme de croisière. Les autres n’avaient pas réussi à s’y hausser. Pourtant la situation évolua en fin de parcours. Après les arrêts de Gasly et Hulkenberg (pneus), Ocon hérita du commandement de la poursuite. Ce qu’il fit avec un brio inattendu, réduisant tour après tour son retard sur le groupe de tête. Jusqu’à, entre les 65e et 70e tours, réduire de 7 à 2 secondes son retard sur Bottas. Il lui reprenait jusqu’à 1’’5 par tour ! Les pneus jouaient au groupe de tête (muselé par le train de sénateur imposé par Ricciardo) le mauvais tour déjà remarqué au GP d’Espagne : perdre leur efficacité faute d’être maintenus à une température suffisante. Ce que souligna pudiquement Vettel après la course : « Je préfère ne pas commenter le comportement des pneus… »
À QUI LA SEPTIÈME VICTOIRE ?
Après six Grands Prix, les trois équipes de pointe se partagent les victoires à parité : deux chacune. Ferrari a triomphé en Australie et à Bahrein (Vettel), Mercedes s’est imposé à Bakou et en Espagne (Hamilton). Enfin Red Bull a émergé en Chine et à Monaco (Ricciardo). Laquelle d’entre elles prendra le pas sur les deux autres le 10 juin, au GP du Canada ? La configuration du circuit de Montréal, très différente de ce que l’on a vu jusqu’ici, aiguise les incertitudes. Il est exigeant au plan du freinage ainsi que pour les moteurs – dont la consommation en carburant est plus élevée qu’ailleurs. Cela ouvre d’autant plus les perspectives que l’éventualité de la pluie chamboulerait tout. « Montréal ? Ça devrait être plus intéressant qu’ici ! » s’est exclamé Hamilton après sa frustrante prestation monégasque. Un point de vue que ne partagent pas forcément les spectateurs.
LES FRANÇAIS SOURIANTS
Sans réussite à Bakou et en Catalogne, Esteban Ocon et Pierre Gasly étaient tout sourire après leurs 6e et 7e places à Monaco. Le premier avait frappé fort dès les essais, obtenant la 6e place sur la grille nettement devant son redoutable équipier Sergio Perez – qu’il n’avait pourtant distancé que d’un dixième ! En course, le Mexicain a été relégué au fond du peloton à cause d’un changement de pneus loupé. Pendant ce temps Ocon se glissait joliment à travers les pièges monégasques, confirmant brillamment les espoirs que Mercedes place en lui. Satisfaction aussi pour Gasly qui occupa longtemps la 6e place pour avoir conservé ses fragiles pneus hyper tendres pendant 37 tours – un « record » souligné par Pirelli. Pour en finir avec les Français, petit clin d’œil vers Grosjean qui a effacé sa bévue espagnole à travers une course régulière relevée par le deuxième meilleur tour en course derrière celui de Verstappen (1’14’’828 contre 1’14’’260) loin devant celui du vainqueur (1’15’’562). Performance obtenue en chaussant les fameux Pirelli hyper tendres en fin de parcours. Stratagème que d’autres tentèrent avec moins de succès que Grosjean.