Pierre Van Vliet et sa famille ont vécu une belle histoire grâce notamment à la famille Senna. Une de ces histoires improbables, auxquelles tout semble s’opposer et qui, finalement se réalise. Grâce à la volonté, grâce au ciel aussi. Une manière de se dire que trente ans après, Senna est toujours vivant.
Olivier Classic-Courses
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C’était à Jerez, un soir de Grand Prix d’Europe : Ayrton Senna dînait avec ses amis pilotes Thierry Boutsen et Mauricio Gugelmin. Du côté des femmes, à un moment donné, la discussion s’était orientée vers l’adoption, Patricia Boutsen expliquant notre projet et les difficultés rencontrées à sa copine Stella Gugelmin. Celle-ci s’était alors adressée à Ayrton : « Ta maman pourrait éventuellement les aider ? ».
Dona Neide
Dona Neide, la mère du champion, s’occupait activement d’un orphelinat à Sao Paulo et Ayrton me certifia qu’il lui en parlerait, qu’on devait préparer un dossier, nous renseigner sur la procédure à suivre, etc. Nous avions effectivement lancé le mouvement même si ce fut un parcours du combattant. Notre demande devait être écrite en portugais par un traducteur juré, reconnu par l’ambassade. Mais bon, une grossesse dure bien neuf mois après tout ! Et puis Ayrton s’était tué et nous avions pensé qu’on pourrait faire une croix sur une adoption au Brésil.
Viviane Senna
Cependant, après avoir respecté une période de deuil, j’avais écrit à Viviane Senna – que je connaissais un peu – en rappelant la promesse faite par son frère. Elle transmit ma lettre à sa maman, laquelle nous contacta alors en confirmant qu’Ayrton lui avait bien parlé de nous et que nous pourrions compter sur son soutien. Quelques semaines plus tard, nous avons été acceptés comme parents adoptants auprès de la CEJAI, la commission qui régulait les demandes, grâce aux démarches que nous avions entreprises. La législation brésilienne venait de changer en imposant que l’adoption soit gratuite pour éviter les dérives du passé, quand trop d’enfants avaient été achetés sans aucun contrôle.
Intense émotion
Une fois notre dossier complété et dument officialisé, les dés étaient jetés. Un soir, Dona Neide nous informa par téléphone qu’elle avait tenu notre fils dans ses bras le jour même et qu’il fallait se rendre au Brésil sans tarder. Ce fut un moment d’intense émotion de voir Miltinho (le petit Milton) pour la première fois. Ma femme Valérie et moi, nous étions restés deux mois et demi sur place pour régler toutes les questions administratives en vue d’obtenir le jugement d’adoption avant de pouvoir rentrer en Europe avec notre enfant.
Milton
Pourquoi l’avoir appelé Milton ? Nous souhaitions un prénom multiculturel mais Ayrton aurait été trop lourd à porter, alors nous avons choisi Milton (comme son papa Milton da Silva) en guise d’hommage. Pendant toute son enfance, j’ai mis un point d’honneur à souvent emmener Miltinho dans son pays natal pour cultiver ses racines et retrouver sa « vovo », sa grand-mère d’adoption. Sur la photo, Milton doit avoir 14 ans. Nous nous étions rendus à Sao Paulo afin d’assister à l’avant-première du film Senna auquel j’avais collaboré.
La fondation Senna
Dans les locaux de la Fondation Senna, Dona Neide nous avait ouvert le saint des saints, la salle qui regroupe tous les trophées gagnés par Ayrton, dont elle seule possède la clé : un privilège rare. Milton avait fièrement pris la pause. Adolescent, il commençait à vraiment comprendre le rôle que la famille Senna a joué dans notre belle aventure commune. Grâce à elle, nous avons eu un « Senninha » tous les jours à la maison ! Un véritable cadeau du ciel… Obrigado, Ayrton.