Les « Spa 6 Hours » fêtent cette année leurs 30 ans. Quel plus bel écrin que le toboggan des Ardennes pour accueillir les anciennes qui s’y sont illustrées il y a quelques décennies ? On évoque plus de 500 voitures. Le futur appartient-il à « l’historique » ?
Olivier Rogar
Vous pourriez aussi aimer :
Spa 6 Hours 2023 – 1 – Parkings, paddock et stands
Spa 6 Hours 2021-1
Spa 6 Hours 2021-2
Petite histoire des 6 Heures de Spa
Organisées par Roadbook (www.roadbook.net), elles sont la version classique des 6 Heures de Spa. Cette course toujours réservée aux voitures de sport et aux GT est née en 1963. Elle se courait sur une distance de 500 km, sur l’ancien circuit de 14 km. En 1966 la distance est passée à 1000 km à l’instar d’autres épreuves européennes.
Puis il y a eu un arrêt de 1975 jusqu’en 1982. A partir de cette année-là, c’est le nouveau circuit de 7 km qui a été utilisé. Après d’autres péripéties, la course a pris un format de 6 heures en 2011 et a rejoint le championnat du monde d’endurance FIA. Il y a donc deux courses de 6 Heures à Spa chaque année ; celles des modernes du WEC et celles des classiques de Roadbook.
Si les nombreuses catégories constituent autant de merveilleux plateaux tout au long du week-end, nous nous en tiendrons ici aux fameuses « 6 Heures » et aux GT et Sport qui les animent.
Le « Classic », quoi de plus branché ?
Exercice aussi libre que personnel mais dont l’idée m’effleure à chacune de ces manifestations d’anciennes : Pourquoi l’historique a-t-il autant de succès ? Pas de série explosant le box-office, pas grand-chose sur les réseaux sociaux, rien à la télévision, rien ou presque dans les journaux, pas de super stars en activité…
Et pourtant le résultat est là. Pas une épreuve qui ne fasse le plein de spectateurs. Comme « avant ». Ce temps d’avant qui nécessitait d’être sur place pour voir, comprendre, savoir. Sans quoi il fallait écouter les quelques radios qui diffusaient un peu de direct ou un bref bulletin lors des flashes d’information. Puis attendre le lundi, voire le mardi pour prendre connaissance, dans la presse spécialisée de préférence, de ce qui s’était passé pendant l’épreuve.
Et c’est par centaines de milliers que les spectateurs affluaient. Sur la piste c’était aussi dangereux pour les pilotes que grandiose pour les passionnés. La course était une messe célébrant des valeurs partagées. Vitesse. Technologie. Endurance. Courage. Intrépidité. Patriotisme. Et avec tout mon respect à l’égard des femmes qui s’illustraient alors en circuit ou en rallye, la course était aussi une affirmation de virilité.
La surprotection qui sévit dans les disciplines modernes, si elle est louable en ce qui concerne la sécurité passive des voitures et les aménagements des circuits, dépasse à contrario souvent les limites du ridicule lorsque les pilotes en bataille ou qui dépassent les limites de la piste se font rappeler à l’ordre, voire sanctionner. Ne parlons pas des courses interrompues pour cause de pluie.
Paradoxalement si la F1 par exemple n’a jamais eu autant de succès qu’aujourd’hui, ses héros n’ont jamais été aussi peu accessibles. Reconnus facilement dans la pitlane ou dans le paddock par les fans, ils se plaignent d’être interpelés ou suivis jusque dans les « hospitalités » de leurs écuries. Rançon de la médiatisation à outrance.
On passera sur le côté financier ( Le spectateur en a-t-il pour son argent lors d’un Grand Prix de F1 qui consiste le plus souvent en une monotone procession ? ). La différence de coût d’accès entre le moderne et l’historique est abyssale.
Autant d’éléments qui plaident en faveur de l’historique. Des voitures accessibles, des pilotes anonymes ou ayant un grand passé que l’on a plaisir à retrouver. Des circuits souvent somptueux. Une ambiance bon enfant où l’on a plaisir en déambulant simplement à constater que l’on est nombreux à profiter de ce qui nous est proposé. Sans commentaires déplacés, sans donneurs de leçon et avec beaucoup d’humilité, sur la piste comme en dehors.
Equipages
Une centaine d’équipages dispute les Spa 6 Hours. D’anciens professionnels accompagnent des Gentlemen drivers. Notamment sur les GT40. Des pilotes d’historique que l’on voit sur toutes les manifestations de ce type, de grands champions qui viennent ici se faire plaisir. Et des amateurs purs qui réalisent le rêve d’une vie en pilotant ici les voitures qui les faisaient rêver enfants.
On notera ainsi la présence de Jimmy Johnson , huit fois champion Nascar, sur GT 40, avec Dario Franchitti quatre fois Champion Indy et trois fois vainqueur des 500 Miles d’Indianapolis. Très grosses pointures pourtant très simples et humbles se prêtant au jeu des discussions et des autographes avec les amateurs.
Andy Priaux, Nicolas Minassian complètent des équipages de GT40. Olivier Muytjens est engagé sur la Cobra Daytona de HY Racing.
Emanuele Pirro fait équipe avec Katerina Kyvalova sur une Jaguar E. Vanina Ickx est engagée sur une Ford Falcon.
La liste des engagés Spa 6 Hours 2023 : (Spa Six Hours 2023 – Entry Lists (mtsweb.be)
Voitures
19 GT40, voilà qui parle ! Mais d’où sortent elles ? Mis à part celle de Jim Farley, le Président de Ford, vue ici en 2021 en équipe avec Eric Van de Poele qui est réputée être authentique, toutes sont des reproductions de provenance anglaise. Elles sont produites par Gelscoe. Au contraire des Superformance qu’on a l’’habitude de voir dans les salons, elles ne sont pas homologuées pour la route.
Question : Mais comment se comportent-elles par rapport aux vraies ? Très bien. Trop bien peut-être. Les tolérances mécaniques sont aujourd’hui beaucoup plus faibles, permettant une meilleures exploitation des moteurs, des boîtes et des transmissions. Quant au châssis plus rigide qu’à l’époque il est plus efficace. Et c’est justement là que le bât blesse. Les transmissions ne résistent pas. Les flectors s’usent prématurément et lâchent. La sanction est un abandon sans appel. Les anglais ont résolu le problème avec de nouvelles pièces mais leur diffusion sur le continent tarde. L’éternel jeu de dupes des deux côtés du Channel ?
Pour le reste, on appréciera les performantes Lotus 26R ( 2e au général) , Les Jaguar Type E, les nombreuses Mustang, les Porsche 2L qui ont fort à faire face aux Falcon, et autres Galaxy. Les TVR, Morgan se défendant mieux que bien. On gardera pour la fin, les deux superbes Aston Martin, une DB4 GT et une 214.
Essais
La séance du vendredi soir a eu lieu sous la pluie. Images impressionnantes et ambiance garantie. Malgré ces conditions, les huit premières places de la grilles ont été trustées par les Ford GT40, celle de Oeynhausen / Verdonck menant la danse. La première Type E était 9e ( Minshaw / Keen) devançant encore trois GT40 dont celle de Johnson / Franchitti / Franchitti (10e) puis deux Shelby et une autre Type E, une GT40 et la première Lotus 26R, celle de Matthews / Cameron. Minassian / Galant suivaient en 18e position avec leur GT40. Olivier Muytjens et Brice Pineau étant 22e sur leur Cobra Daytona.
Résultat des essais : http://roadbook.alkamelsystems.com/?season=05_2023&evvent=02_Spa+Six+Hours
Course
L’essentiel est – il de participer ? La devise chère au Baron de Coubertin n’a pas sa place ici. Il suffit de voir la bataille qui sévit sur la piste pour se rendre compte que chacun défend sa position avec acharnement. Et l’on trouvera dans les dix premiers cinq Ford GT 40, trois Lotus Elan 26R ( Dont une en 2e position), une Jaguar E et une TVR Griffith.
Classements : http://roadbook.alkamelsystems.com/?season=05_2023&evvent=02_Spa+Six+Hours