15 janvier 2014

Robert Simac : La passion en partage 2/3

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Avec la seconde partie des aventures passionnantes de Robert Simac, Olivier Favre nous livre une photo qui va émouvoir les nombreux amateurs de quizz. Selon la formule traditionnelle, nous vous demandons : « Qui ? quand ? Où ?  » A vous de jouer. Et bonne lecture !

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Robert Simac : La passion en partage 1/3

Robert Simac : La passion en partage 2/3

Robert Simac : La passion en partage 3/3

2ème partie : La course en rose

« Je n’avais pas de prédispositions familiales particulières, pourtant la passion m’est venue très tôt. J’ai su très vite que je voulais piloter des voitures de course. Tout petit déjà, je faisais vroum-vroum avec mes petites voitures et dans la voiture familiale, je disais toujours à mon père « plus vite, plus vite ! ». Et Robert Simac ne perdra pas de temps : adolescent, il est en apprentissage sur la Côte d’Azur et se construit seul un proto sur base 4 CV. Et il compte les jours qui le séparent du permis de conduire. « Pour patienter, je m’étais même acheté la combinaison et les gants à crédit chez Jean-Louis Marnat, c’est dire si j’étais décidé ! ». Dès le sésame obtenu, il l’engage en courses de côte, avec les moyens du bord. Puis il monte le moteur de sa « bombinette » dans un proto Dangel, l’artisan-constructeur alsacien comme lui, et retour en côtes en 72. robert simac,olivier favre,classic coursesEnsuite, en 1974, il rachète à Freddy Roland, pilote alsacien bien connu, un autre proto Dangel JRD, plus évolué. Roland lui donne en prime un vieux break DS et c’est parti pour une saison de coupe Simca-Shell, challenge créé l’année précédente par Henri Chemin, le dynamique responsable de la compétition chez Chrysler-France. « Je travaillais la semaine et le peu d’argent que j’avais allait dans la course. Je partais en fin de semaine avec la remorque accrochée au break, qui devenait ma maison pour le week-end. Un jour, Henri Chemin, qui se déplaçait à toutes les courses, a voulu me faire (et m’a fait d’ailleurs…) plaisir en me proposant d’aller m’habiller de neuf de la tête aux pieds à ses frais !! Le fait est qu’à l’époque mon look vestimentaire ne m’intéressait pas du tout ; priorité à la course. Donc, il m’a donné de l’argent en me faisant promettre qu’à la course suivante je viendrais le voir habillé de neuf. Et cet argent m’a servi à payer mes frais d’essence ou autres pièces pour la voiture de course ! Comme à la course suivante Henri Chemin m’a demandé de lui montrer ma nouvelle tenue, j’ai dû quitter le circuit en vitesse et trouver un marché pour acheter un pantalon et une chemise (qui évidemment ne m’allaient pas du tout !). Plus tard, Chemin m’a même proposé de me prendre à son service pour faire l’entretien de sa propriété en me promettant de me donner tout le temps et les locaux nécéssaires pour les courses et leur préparation. J’ai décliné son offre… » Une telle proposition aurait peut-être convaincu un pilote individualiste et sans attaches. Mais Robert n’est pas seul ! « Ma famille m’a toujours encouragé, soutenu, aussi bien mes parents que mes six frères et sœurs. C’était plus que du soutien d’ailleurs : tout le monde a pratiquement toujours été impliqué dans l’organisation, la préparation ou le déroulement des courses. A la maison il y avait toujours de l’ambiance et je vous laisse imaginer les discussions … La course a toujours été au centre de nos conversations. C’était vraiment un très beau travail « d’équipe familiale », une véritable affaire de famille ! Une autre chance que j’ai eue, c’est celle d’avoir un employeur (le même depuis 40 ans !) très compréhensif. »

Avec sa Dangel rose (une façon de se distinguer visuellement), Robert côtoie déjà en 1974 des pilotes qui se feront un nom dans la course : Fréquelin, Béguin, Mamers, Pignard, …Mais la coupe Simca-Shell est supprimée à la fin de l’année. Qu’à cela ne tienne, Robert opte carrément pour la Formule Renault Europe (FRE), dont 1975 sera la première saison. « Tant qu’à faire de la course, je voulais que ce soit dans une catégorie de pointe. C’était peut-être de la prétention ou l’insconscience de la jeunesse, mais je ne doutais pas de mes capacités et je voulais m’étalonner face à des tout bons. » Eh bien, on peut dire que Robert est servi : dès 1975, il affronte rien moins qu’Arnoux, Pironi, Ragnotti, Dallest, Cudini, Coulon, Snobeck, Malcher, Sourd, puis Prost, Bousquet et Debias l’année suivante ! La jeune FRE est une véritable pépinière de champions, qui se distingueront sur tous les circuits durant les 10 à 15 ans qui vont suivre. Bien entendu, sa Lola T410 est rose. Mais ce sont aussi ses performances qui attirent l’attention des gens du milieu. Par exemple Marie-Claude Beaumont à Magny-Cours, comme le raconte l’article que lui consacre Sport-Auto en septembre 1975. « Quelques jours après cette course, j’ai reçu un lot d’outillage Facom, qu’elle m’a fait envoyer en guise d’encouragement ». Robert fera ainsi les trois saisons d’une Formule Renault Europe qui sera remplacée par la F3 à partir de 1978. 6ème au Bugatti en 1975, 10ème à Hockenheim en 1976, 7ème à Dijon et Magny-Cours en 1977, chaque année il obtient l’une ou l’autre place honorable.robert simac,olivier favre,classic courses

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Et, l’expérience aidant, c’est en 1977 qu’il décroche son meilleur classement au championnat (14ème avec 15 points) avec une voiture qui accuse pourtant son âge. « Je ne me débrouillais pas trop mal avec mes petits moyens. Pour franchir un palier et lutter avec les gros bras, il aurait fallu démarcher des sponsors. Mais j’étais – et suis toujours – incapable de me vendre, je ne sais pas faire. Et puis moi, je courais pour le plaisir avant tout. Le mien et celui de mes proches qui m’aident et me soutiennent. Quel que soit son apport, aussi modeste soit-il, chacun est important dans une équipe, chacun apporte une pierre à l’édifice. Et voir le plaisir de la famille et des amis à l’arrivée, c’est ma plus belle récompense. A l’arrivée d’une course qui s’est bien passée, je suis capable dans le feu de l’émotion de prendre tout le monde dans mes bras, alors que ce n’est pas du tout mon genre dans la vie courante. Cela dit, pour certains pilotes de cette époque, il y avait de gros enjeux. Je m’en suis rendu compte un jour à Monza : ma Lola était l’une des seules voitures équipées d’une boîte à air. Pendant les essais, René Arnoux est venu me demander de la lui prêter pour la monter sur sa Martini. Moi, je n’ai pas pensé à mal, il me le demande, je lui dis OK, après tout, on est là pour s’entraider. Oh la la ! Qu’est-ce que je n’ai pas entendu ! On m’a accusé de le favoriser par rapport à ses adversaires directs. Ce jour-là, j’ai compris que pour certains c’était une carrière qui était en jeu, pas seulement une course. »

Puis, après une pause d’une année, changement de catégorie avec la Formule Super V. « Au cours d’une épreuve de FRE en Allemagne, nous avons vu courir ces monoplaces, cela m’a plu ; le niveau était très bon et c’est ce qui m’a décidé ! Avec une March 79-VW, j’ai passé trois années à courir sur des circuits que je ne connaissais pas, principalement en Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Danemark et autres pays nordiques. Ce furent trois très bonnes années, enrichissantes (sur le plan moral seulement, …), les courses se passaient souvent en lever de rideau des Grands prix et la concurrence était rude ! Enfin, championnat de France de F3 en 1982 avec une Lola T672-Toyota. Là j’ai été moins convaincu, je trouvais les moteurs un peu « fades » ; sortir de la Super V où les moteurs prenaient des tours pour monter dans une F3 où on ne prenait justement pas de tours, ça m’a fait drôle. Pour tirer son épingle du jeu, il fallait avoir un châssis très bien réglé et surtout un bon budget pneus !! J’ai quand même terminé 10e du championnat. »

robert simac,olivier favre,classic coursesEn cette fin d’année 82, Robert Simac revend sa Lola F3 et abandonne les circuits pour longtemps. Il s’est trouvé une nouvelle aventure : « Début 1982, j’étais en vacances (enfin, plus ou moins : je faisais du moto-cross en guise d’entraînement physique d’inter-saison…) en famille dans le sud de la France. Et il se trouve que le Monte-Carlo passait pas loin, dans la spéciale de Marvejols. Je n’étais pas du tout branché rallye à l’époque, je trouvais ça « pas propre », désordonné, pas aussi pur que le circuit. Il n’empêche que, quand j’étais ado, je faisais des dizaines de km à mobylette, jusqu’en Lorraine parfois !, pour aller voir passer un rallye. Bref, on a quand même décidé d’y aller faire un tour. Eh bien, là, au bord de la route, la nuit, au milieu de cette foule enthousiaste du Monte-Carl’, j’ai été pris par l’ambiance. Au point de dire à mon frère à côté de moi : « l’année prochaine, je fais le Monte, tu ferais mon copilote ? » Il a dit OK et en 1983 on était au départ ! J’avais récupéré une Golf GTI accidentée que j’ai réparée, préparée, peinte en rose (évidemment !) et, sans avoir fait un seul mètre avec la voiture auparavant, nous voilà donc partis d’Alsace pour Lausanne, notre ville de départ du parcours de concentration. Et pendant tout le trajet, je m’escrime à tenter de passer la cinquième, mais rien à faire ! Donc, arrivés à Lausanne, on vérifie et, surprise, on s’aperçoit que c’est une boîte 4 ! Donc, je téléphone à mon concessionnaire VW qui fait envoyer une boîte 5 en urgence et on a bossé toute la nuit pour changer cette fichue boîte ! Quels débuts ! »

Avec cette Golf, Robert va faire quatre saisons de rallye, en ciblant prioritairement les épreuves de renommée : Lyon-Charbonnières, San Remo, Tour de Corse, Tour Auto, rallye de Suède, …« Ah, la Suède, quelle expérience ! J’ai été complètement bluffé par les Suédois sur la neige. Sur ce terrain, le moindre pilote amateur suédois va plus vite qu’un gars de chez nous, ils sont tout bonnement incroyables. De manière générale, j’ai un respect et une admiration sans bornes pour les grands du rallye, les Loeb, Ogier et consorts ; ce qu’ils font sur des routes qui ne sont pas prévues pour ça, … ce sont des extra-terrestres ! » A l’arrivée du San Remo 1986 se termine la période rallye, mais aussi la première vie de pilote de Robert Simac. Un autre rêve va l’éloigner de la course pendant près de quinze ans.

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A suivre …

Olivier FAVRE

 

Photos @ DR – Simac 1 : Départ FRE

Photos @ DR – Simac 2 : Dangel Vuilafans 1972

Photos @ DR – Simac 3 : Lola T 410 FRE 1977

Photos @ DR – Simac 4 : VW Golf Tour Auto 1983

Photos @ DR – Simac 5 : VW Golf Tour de Corse 1983

 

 

 

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