Les essais d’hiver au Paul Ricard continuent avec le chapitre de quelques glorieux pilotes français.
Jean Pierre Jabouille
En 1976 je suis accroché aux résultats du Grand Prix du Japon pour savoir si Lauda va être champion. J’entends les commentaires de Jabouille disant que Lauda a abandonné parcequ’il a eu peur. Lauda, pour moi l’incarnation du courage. Outré par ce propos, je raye Jabouille de la liste de mes pilotes !
1977, 78, 79 je le suis, il lutte pour mettre au point cette Renault turbo, ce yellow tea pot, cette machine rétive pour finalement gagner. Gagner enfin. Et son Grand Prix qui plus est. Victoire quelque peu masquée par le fantastique duel Arnoux Villeneuve.
Alors le respect pour tant de détermination, d’abnégation et de courage l’emporte.
En novembre 1979 je le vois évoluer brillamment face à Arnoux et aux autres pour préparer la RS 25.
Un homme sympathique, plaisantant souvent, proche de ses mécanos, de Villeneuve, de ses admiratrices et jouant le jeu face à mes essais photographiques.
Comme on peut le constater, Johnny Rives est toujours là.
Comme je le croise tous les jours, un matin je lui demande – bêtement – ce qu’il y a de neuf. Question rituelle posée par tous…Et bien ce n’était pas le bon jour ! Réponse de l’illustre journaliste : « vousn’avez qu’à aller voir ! »…Ca m’a fait drôle. Etait – il mal luné ? M’avait il pris pour un mauvais concurrent ? Mon élan photomaniaque s’est trouvé brisé quelques instants…
Le lendemain, alors que je le croise en l’ignorant superbement, il m’interpelle, me présente un journaliste du Méridional qui, me dit-il, ne connait rien à la F1 et me demande de bien vouloir le guider et lui expliquer de quoi il retourne…je ne me fais pas prier ; presque une consécration !
Jacques Laffite
Patrick Depailler
La valeur humaine. Courage ténacité, talent, humilité. Il se hisse dans l’Alfa Roméo aidé par ses mécanos, il en ressort de même portant le masque de l’effort et de la souffrance. Six mois plus tôt il s’est brisé les jambes et le bras dans un accident de deltaplane. C’est son grand retour. Des pilotes comme John Watson ou Alain Prost se préoccupent de son état de santé.
Il voit que nous sommes deux ou trois à nous intéresser à sa voiture garée devant les stands. Une Alfa coupé à moteur turbo – petite série non commercialisée en France – il s’approche, ouvre le capot et nous explique…
Il me regarde bien depuis sa F1 pour que je réussisse ma photo mais je la rate…trop de hâte…
Lorsque la photo de la Scuderia Alfa doit être prise et que, par hasard, je suis face à lui, son regard se porte naturellement sur moi, comme celui de ses mécanos et notamment de Cuoghi, l’ancien et fidèle mécano de Lauda. Le seul à l’avoir suivi lorsqu’il a quitté Ferrari pour Brabham.
Tout le monde donc regarde vers moi ou presque, étonné et satisfait je déclenche l’obturateur. J’entends alors un cri à ma gauche, un cri comme seuls les italiens savent en pousser. Je comprends que lui c’est le photographe et que moi je suis ne le suis pas… Je ne l’avais même pas vu ce type…
Je déclenche à nouveau quand ils posent pour lui. Ils ne regardent plus nulle part. Je crois que je n’ai pu m’empêcher de rire !
Olivier ROGAR
Photos @ Olivier ROGAR
* : publié en 2010 sur le site Mémoire de stands