Il y a à Rétromobile, tant de voitures exceptionnelles qu’il est aussi difficile d’être exhaustif que de faire un choix.
Nous nous sommes donc limités ici à quelques-uns de ces plateaux proposés par des marchands d’exception, alternant, histoire, rêve et style.
Olivier Rogar
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Fiskens
Si l’on interroge Gregor Fisken, sur LA voiture marquante de son stand cette année, il vous répond invariablement qu’elles le sont TOUTES ! S’il est une constante chez Fiskens, c’est effectivement l’exceptionnelle qualité du plateau « collection » présenté. L’éventail est très large, de la Bentley à l’Audi du Mans, c’est plus de sept décennies de sport automobile qui sont évoquées ici . Nous serons donc livrés à notre arbitraire et à la subjectivité totale de nos choix. Nous avons partiellement repris les descriptifs établis par Fiskens.
Ferrari 275 GTB/C #09027 1966
Cette voiture est la troisième des douze berlinettes « Competizione » produite par Ferrari. Engagée par l’Ecurie Francorchamps au Mans en 1966 – la fameuse année – elle a fini cette course en 10e position et deuxième de sa classe. Elle a également gagné la course du côte du Mont Ventoux avec Lucien Bianchi, entre autres performances de premier plan.
Mais en 1966 c’est notre ami Claude Dubois – également présent au salon – qui la partageait avec Pierre Noblet. Venu au Mans à tout hasard, n’ayant pas d’engagement, il eut la chance qu’aucun pilote payant ne se présente et Jacques Swaters l’intégra à l’équipe.
Un blocage de boîte en 5e leur coûta la première place de leur catégorie au bénéfice de Piers Courage et Roy Pike, également sur 275 GTB/C. Dans ses mémoires, Claude Dubois se rappelle que la 275 GTB/C était une voiture très agréable à conduire, mais pas très rapide. Moins franche que la GTO qu’il affectionnait particulièrement. Donnant l’impression d’une vraie et confortable voiture de tourisme.
Talbot Lago 26C #110002 1948
La Talbot Lago 26C créée dans l’immédiat après guerre fut un succès. Elle s’illustra dans tous les Grands Prix européens malgré la domination des Alfa Romeo et Maserati à compresseur. Son avantage était sa faible consommation qui lui permettait, au contraire de ses rivales, de faire 500 km sans ravitailler. Sa boite présélective Wilson était un autre de ses atouts.
Pilotée notamment par Raph, Chaboud, Mairesse et Etancelin sur la période 1948 – 1953, Chiron remporta avec elle le Grand Prix de France 1949 à Reims et en guise de prime se vit attribuer la voiture elle-même !
Exportée en Australie en 1954, on doit à Fiskens de l’avoir ramenée en Europe pour la première fois depuis.
Ferrari 312 B2 #005 1972
Guest star surprise du stand, la magnifique Ferrari 312 B2 F1 1972
Autant la 312 B avait laissé entrevoir un énorme potentiel en 1970 et dans une moindre mesure en 1971, autant son évolution B2, menée à bien par le génial mais parfois victime de son esprit bouillonnant, Mauro Forghieri, fut décevante.
On attendait d’elle le titre. Ferrari alignait deux pointures : Jacky Ickx et Clay Regazzoni. Le titre alla à Lotus et Emerson Fittipaldi. Jacky Ickx la fit néanmoins triompher au Nürburgring, Regazzoni finissant deuxième après avoir proprement viré un Jackie Stewart fort en colère après l’arrivée. Ronnie Peterson était sur la troisième « March » du podium.
Ickx comme Ferrari furent classés 4e au championnat 1972.
Difficile de croire qu’avec cette course et cette voiture, le grand Jacky Ickx remporta sa dernière victoire en F1…
Ford GT 40 P #1069 1967
Après la glorieuse année 1966, la Ford GT40 était LA voiture à montrer pour Ford. Celle – ci fut fournie par Shelby American et remise à Filipinetti Garage pour être exposée au Salon Automobile de Genève en 1967.
Elle fut ensuite utilisée par le service presse de Ford en Grande Bretagne avant d’être cédée.
Participante active du championnat CER ( Classic Endurance Racing).
Mirage M6 #01/ GR7#01 1972-1974
Cette voiture est la M6 prototype que JWA ( John Wyer Automotive) fit courir sous les couleurs Gulf à partir de 1972. Propulsée par le V8 3L Cosworth, Derek Bell la pilota aux 12 Heures de Sebring, aux 24 Heures de Daytona (Pole), aux 1000km du Nurburgring et elle remporta les 500 km d’Imola. Aux mains de Derek Bell et James Hunt, elle finit deuxième des 9 Heures de Kyalami.
Pour 1974 elle fut modifiée pour devenir la première GR7 et son numéro de chassis devint GR701. Elle fut alors pilotée avec succès par Bell, Hunt, Ickx, Shuppan et Hobbs.
Franco Lembo
Automobilia nous a habitué aux Porsche, souvent exceptionnelles et aux GT italiennes. Ils présentent rarement une voiture française. Ce fut le cas cette année avec une Renault 4cv 750S. Dans les années 50, les Renault de cette cylindrée étaient fort nombreuses aux Mille Miglia. Cette petite barquette au style équilibré fait partie de celles qui y ont participé. 15 fois pour celle-ci entre version ancienne et version « historique » de l’épreuve. Dont une victoire en 1991.
Shelby American
Sur le stand Gentleman car, toujours la même affabilité de l’équipe de Philippe Médart qui accueillait aussi cette année Cyril Neveu Events et Patrick Tambay venu dédicacer son livre » The Ferrari years ».
Jean-Luc de Krahe, Claude Dubois étaient également présents, comme à l’accoutumée. Les Shelby et Ford GT 40 exposées sur un arrière plan reprenant les images de Ken Miles et du film, Le Mans 1966 donnaient au stand une authenticité et un caractère exceptionnels. Pilotes de légende. Voitures incroyables. Accueil chaleureux. Passion et légende étaient de la partie pour faire vivre aux visiteurs un très bon moment.
Tradex Srl – Ferrari 330 P4 0858 1967
Cette Ferrari ne cesse d’intriguer depuis sa présentation en 2014 ici même à Rétromobile. Le mystère est séduisant. Il y en a autour de cette voiture. Une chose semble sûre, c’est la vraie P4, deuxième au Mans en 1967 avec Scarfiotti et Parkes. Classement méritoire, certes mais insuffisant. Il valut sa tête de directeur sportif au valeureux et compétent Franco Lini. Il retourna au journalisme et une valse de directeurs éloigna définitivement Ferrari du Mans, tandis qu’en F1 il fallut attendre des années pour revoir une couronne mondiale attribuée à la Scuderia.
En cherchant sur le web, nous avons trouvé quelques réponses à nos interrogations chez Mechanicsinmotion, que nous reprenons ci-dessous :
« Et la 330 P4 n°0858 me direz-vous ? Celle là même que nous découvrons au salon Rétromobile 2014 ? C’est une longue histoire digne des plus grands romans policiers !
Tout comme le châssis n°0860, la 330 P4 n°0858 a été convertie en 1967 par Ferrari en 350 Can-Am barchetta. Elle est également acquise par David Piper en 1969 qui la revend à Alister Walker la même année. Alister Walker court avec l’automobile jusqu’en 1971.
Elle devient alors la propriété de Walter Medlin un riche promoteur immobilier américain. Elle est saisie en 1990 par le Fisc américain (IRS) pour éponger 540,000$ d’arriérés d’impôts.
L’auto est restaurée en 1994 et est présentée par l’équipe de Harley Cluxton à Monterey lors de courses historiques.
Là où l’histoire devient moins précise c’est lorsque l’on sait que Walter Medlin a possédé la 330 P4 jusqu’en 2013. Peut-être y a t’il eu restitution par le Fisc moyennant paiement des dettes. Toujours est-il que la voiture a été mise en vente une première fois en 1996 sans succès puis en 1998. Une offre a été faite à 9 millions de dollars alors que Walter Medlin en attendait 11 millions.
Le 17 mai 2009, la voiture apparaît de nouveau lors d’une vente aux enchères par RM Auctions à Maranello. James Glickenhaus propose 7,25 millions de dollars qui ne convainc pas Walter Medlin. On notera qu’à cette époque elle est toujours en configuration Can-Am.
Depuis 2012, la voiture est gérée par Talacrest Ltd un vendeur de voiture de luxe.
On découvre la 330 P4 dans sa configuration coupé originelle. Officiellement elle n’est pas en vente…on ne connaît pas son propriétaire…beaucoup de mystères entourent cette P4 ! »
Nous ajouterons que depuis 2014 elle a au moins subi des soins cosmétiques, quittant sa livrée Le Mans 67 pour une autre dont nous ignorons l’origine. Quant à son moteur, est – il celui d’origine après les modifications subies au moment du passage de la voiture aux spécifications CanAm ? Le capot n’a jamais été soulevé…
Mais Dieu qu’elle est belle !
Pour ceux que ça passionne, vous trouverez ci-dessous les photos prises en 2014 par Classic Courses, elle était aux couleurs de sa deuxième place du Mans.