Nous poursuivons notre exploration de Rétromobile 2019 avec les stands Citroën qui fête ses cent ans, Lamborghini Polo Storico et Kidston Genève , Les circuits pour anciennes des départements de Corrèze et Dordogne et l’exposition Gnome et Rhône dont on vous expliquera pourquoi cette marque est chère à notre coeur – Episode 3.
Olivier Rogar
Lire aussi
Rétromobile 2019 -Des souris et des hommes – 1
Rétromobile 2019 -Des souris et des hommes – 2
Rétromobile 2019 -Des souris et des hommes – 3
Rétromobile 2019 -Des souris et des hommes – 4
Rétromobile 2019 – Des souris et des hommes – 5
Citroën a 100 ans et 20 titres mondiaux
Visionnaire
Rétromobile 2019 – Qu’aurait laissé André Citroën à l’histoire s’il avait démarré son aventure au tournant du 21e siècle ? Ingénieur de formation, il s’est distingué par sa capacité à identifier les bonnes inventions et les bonnes personnes. Précurseur en technologie et méthodes industrielles, il a rapidement gravi les échelons de la notoriété grâce à son sens du marketing et à son audace.
Rationalité dans la production, d’abord, puis promotion sous toutes ses formes y compris les records et les traversées de l’Afrique ou de l’Asie, il a fini par brûler certaines étapes pour lancer un véhicule révolutionnaire comme l’était la traction. Sa trajectoire ascensionnelle a duré quinze ans, jusqu’en 1934. Ce qui est extrêmement rapide pour l’époque et face à des concurrents tous beaucoup plus anciens.
Mais en 1934 les finances durement éprouvées de sa société conduisent à sa reprise par les sages de la Maison Michelin dès 1935. Et cela coïncide avec sa propre fin, emporté par la maladie à l’âge de 57 ans. Grâce à Michelin l’aventure perdure, jusqu’à la cession au groupe Peugeot en 1976, avec toujours cette audace technique qui fait de Citroën un cas à part.
S’il fallait apporter une réponse à notre interrogation du début, on pourrait situer son héritage dans le domaine des hautes technologies, quelque part entre les orbites de Steve Jobs, le créateur d’Apple et d’Elon Musk, celui de Paypal, Tesla, SpaceX et Hyperloop.
En avant !
Dans les années 20 et 30 la compétition sur circuit fermé est l’apanage de marques de prestige telles Alfa Romeo, Bentley, Bugatti, Delage, puis Auto-Union et Mercedes. Citroën préfère lancer ses voitures sur la piste des records pour mettre en avant leur qualité mécanique tout comme la qualité de leurs lubrifiants.
Constitue pour lui un challenge autrement périlleux ; celui qui consiste à lancer ses automobiles vers l’Afrique ou l’Asie. L’empire français couvre l’Afrique du nord, les Territoires de l’Afrique Occidentale et ceux de l’Afrique Equatoriale. D’immenses superficies dépourvues de routes. Les méharées à dos de dromadaires sont lentes. Les avions nécessitent des infrastructures importantes. Les territoires sont hostiles parfois.
Pouvoir les franchir en peu de temps en ayant une capacité d’emport supérieur aux autres moyens de transport ouvre la porte à une meilleure sécurité et à une plus grande capacité à exploiter ou défendre ces territoires. Pourtant les quelques expériences automobiles faites en Afrique du Nord avaient été si peu concluantes que l’armée qui dirigeait tout sous ces latitudes avait abandonné tout espoir de les voir remplacer les sobres dromadaires.
Lorsque l’invention d’Adolphe Kégresse, les voitures à chenilles, lui fut présentée, Citroën fut emballé et l’armée le mit au défit d’effectuer une traversée du Sahara. Ce qui fut réalisé en 1922 en dix jours de Touggourt à Tombouctou, sous le commandement du propre bras droit d’André Citroën, Georges Marie Haardt.
Bertoni et Lefevre
L’artiste et l’ingénieur ont tous deux œuvré à la création des emblématiques traction, 2CV et DS. Il y eut aussi le HY, et l’Ami 6. Leur audace esthétique et technique a puissamment contribué à l’image de Citroën. Et comment ne pas rapprocher la DS du Paquebot France, du Concorde, du Mirage et …oui, du Berliet T100. Ce pays en voulait ! Ces hommes aussi !
Après eux, le style se normalisera mais les CX ou C6, de même que certains prototypes, portent toujours en eux ces gênes si caractéristiques, permettant d’identifier immédiatement une Citroën. Quand on pense que cette marque a, pendant des décennies, tout fait pour occulter son passé…
Compétition
Les exceptionnelles qualités de suspension des DS et SM leur permirent de se distinguer sur les terrains particuliers du Rallye de Monte Carlo ou des pistes africaines, au Maroc entre autres. Mais difficile pour elles d’envisager une domination sur un championnat complet. Cela finit par se produire dans les années 1990 et 2000. Sous l’égide du service compétition dirigé par l’ancien pilote Guy Fréquelin. Le palmarès de la marque avec vingt titres de champion du monde pilote ou constructeurs, devient l’un des plus fournis. ( Voir ci-dessous) et permis la révélation de l’équipage mythique Sebastien Loeb – Daniel Elena avec lequel 7 titres pilotes ou constructeurs furent conquis par Citroën.
Rallye-raids 1990-1997
(36 victoires en 8 ans pour 42 participations avec 3 pilotes différents dont 2 anciens champions du monde WRC -Ari Vatanen, Pierre Lartigue et Timo Salonen- sur Citroën ZX Rallye-raid22)
Coupe du monde des rallyes tout-terrain constructeurs, en 1993, 1994, 1995, 1996 et 1997;
Coupe du monde des rallyes tout-terrain pilotes, en 1993, 1994, 1995, 1996 et 1997;
Victoire au Rallye Dakar, en 1994 (doublé), 1995, et 1996 (doublé);
Rallyes 1995-2007
(42 victoires en WRC, avec 4 pilotes – 9 championnats différents conquis)
Championnat d’Espagne des rallyes en 1995, 1996, 1997, 1998, 1999, 2000, 2003, 2005 et 2006 ;
Championnat de France des rallyes, en 1998, 1999, 2000 et 2001;
Championnat d’Europe des rallyes constructeurs, en 2000;
Coupe d’Europe des rallyes deux roues motrices pilotes, en 2000;
Championnat de France des rallyes Super 1600, en 2002;
Championnat du monde des rallyes constructeurs, en 2003, 2004 et 2005;
Championnat du monde des rallyes pilotes, en 2004, 2005, 2006 (écurie belge Kronos) et 2007;
Championnat du monde des rallyes J-WRC, en 2001, 2002 et 2005;
Championnat d’Europe des rallyes conducteurs, en 2007;
Lamborghini
Polo Storico
On le sait, le groupe Volkswagen sous l’impulsion de Ferdinand Piëch a pris le contrôle des marques Bentley, Bugatti et Lamborghini. Ce qui leur a conféré une opulence financière et des ressources techniques dont elles n’avaient probablement jamais bénéficié auparavant. Et lorsque le présent est stable, que l’on peut investir sur l’avenir, quoi de plus logique que de valoriser son passé ? On sait que le luxe avec un L majuscule est le secteur qui se porte le mieux du monde. Histoire vraie et marketing intelligent créent un cercle vertueux aussi valorisant pour l’image que pour la marge.
A ce titre Lamborghini, suivant l’exemple d’autres grandes marques transalpines, a créé en 2016 son pole historique à Sant’Agata Bolognese pour la préservation des anciens modèles. A ce jour 65 % des pièces pour les anciens modèles ( jusqu’à la Diablo) sont disponibles. En 2018 200 nouvelles référénces ont été refabriquées. Toute voiture peut également recevoir un certificat d’authenticité Lamborghini.
Concernant la Miura SV # 3673 rouge ci-dessous, le service presse du Polo Storico nous a donné quelques explications : elle a été totalement restaurée pour le compte de son propriétaire, le Président de la FIA et ancien Président de Ferrari , Monsieur Jean Todt. Et devinez qui a remis les clés de la voiture restaurée à neuf à son propriétaire ? Monsieur Stefano Domenicali, Président de Lamnborghini et ancien team Manager de Ferrari F1. Le monde est petit …. La voiture était complète mais montrait des signes évidents d’usure et de fatigue. La restauration a duré 13 mois, la voiture a été totalement démontée et chaque détail, n° de pièce contrôlé et vérifié. Afin de garantir à la voiture la plus grande authenticité, toute pièce pouvant être réparée l’a été au lieu d’être simplement changée. Le registre de fabrication du modèle a servi de base pour une reconstruction à l’identique du modèle commandé par le premier propriétaire.
Un élément particulier témoigne de la difficulté à authentifier les voitures anciennes en général. Cette voiture a été construite par Lamborghini en 1972. Mais elle a pris le N° de chassis d’une Miura S de 1968 détruite dans un accident. Cet usage n’était pas particulièrement rare chez les petits constructeurs pour des raisons multiples, fiscales, notamment, ce qui permettait d’éviter de repayer les taxes d’importation élevées dans certains pays.
Les Miura de Kidston
La maison de Genève a brillamment inauguré sa première édition de Rétromobile. Son stand est exclusivement dédié à la Lamborghini Miura, sous tourtes ses formes et modèles. Miura P400, S, SV, Millechiodi ( 1000 rivets), Jota, chassis nu et spider. Deux d’entre elles ayant appartenu au Shah d’Iran. La merveille dessinée par Gandini ( et Giugiaro ? ) n’a pas fini de faire rêver. Merci à Simon Kidston pour ce très exceptionnel plateau. Nous attendons le livre prévu en juillet 2019 avec impatience.
Production des Miura ( Source Wikipedia)
- Miura présérie : cinq exemplaires, dont le prototype détruit pendant les essais ;
- Miura P400, 474 exemplaires du 20 avril 1966 au 31 décembre 1968, 3 929 cm3, 350 ch à 7 000 tr/min, 280 km/h, 945 kg, pneus Pirelli Cinturato 205 HS 15 ;
- Miura P400 S, 140 exemplaires du 12 décembre 1968 au 12 mars 1972, 3 929 cm3, 370 ch à 7 700 tr/min, 285 km/h, 1 180 kg, pneus Pirelli Cinturato GR 70 VR-15HS ;
- Miura P400 SV, 150 exemplaires du 6 avril 1971 à octobre 1973, 3 929 cm3, 385 ch à 7 850 tr/min, 290 km/h, 1 245 kg, pneus Pirelli Cinturato FR 70 VR 15 ;
- Miura P400 SVJ, six exemplaires, dont cinq ont été convertis à partir de modèles SV existants et une a été construite à neuf ;
- Miura P400 Jota, un exemplaire de 1970, développé par le pilote essayeur de Lamborghini : Bob Wallace. Le modèle fut allégé de 360kg et le moteur modifié pour faire 418−440 ch à 8 800 tr/min ;
- Miura Spider, un unique exemplaire réalisé par Bertone en 1968 et un autre, apocryphe, développé par Lambomotor AG en 1981, un importateur suisse de Lamborghini, qui n’est donc pas considéré comme un modèle d’usine.
Le stand de Paolo
Peut être aurais je du titrer le stand Corrèze Dordogne, mais je demande aux différentes parties impliquées dans cette brillante idée de bien vouloir m’en excuser. Chez Classic-Courses nous connaissons Jean-Paul Brunerie, alias Paolo, depuis une bonne dizaine d’années et nous sommes admiratifs de sa passion, de son énergie et de son talent ! Voilà c’est dit.
A l’époque de la chambre d’hôtes, il nous a organisé de belles sorties et il était déjà soucieux de la promotion de son territoire, la Corrèze qu’il aime et qu’il entend faire découvrir à un public choisi. Et tout se prête ici à l’accueil d’amateurs de « Classiques ». Le climat est intéressant, les routes sympas et, la table … séduisante. Accompagné par un connaisseurs, il y a ici tout ce qu’il faut pour un séjour dont on se souvient longtemps.
Jean-Paul a donc convaincu des partenaires et a eu le bonheur d’avoir au sein de son département des oreilles ouvertes et des esprits attentifs. Ou l’inverse. Il a été à notre connaissance le premier promoteur du premier département à faire le choix de l’automobile classique pour son développement touristique. L’idée fonctionne si bien que le département de la Dordogne s’est associé à la démarche. On trouve donc notre Polo sur un stand Corrèze Dordogne accompagné de Pascal Breuil et de Carlos Duarte. Avec un tel coach, je peux vous dire que l’accueil sur ce petit stand est exceptionnel ! Tout le monde de l’automobile classique s’y croise, tout le monde connait le Polo et ses acolythes ! Et tout le monde se régale de produits du terroir ou des histoires qui y circulent.
Ceci étant la démarche n’est pas que promotionnelle, il est important de le souligner. Un guide est édité qui propose tous les gïtes et les tables adaptées aux demandes et conditions d’accueil des passionnés. Et Paolo et ses sbires sont également en mesure d’organiser pour les clubs des circuits de séjour « clés en mains ». Croyez nous ce n’est pas une affaire de fric, c’est une affaire de coeur. Vous pouvez y aller en confiance.
Pour tous renseignements : pbreuil@correze.fr et groupes@tourismeperigord.com – demandez selon le cas, Pascal Breuil pour la Corrèze ou Carlos Duarte pour le Perigord.
Gnome et Rhône
Marque française impliquée dans la moto et l’aviation, elle a été absorbée par la Snecma puis celle-ci par Safran, constituant une partie du pole aéronautique français aux côtés notamment de Dassault aviation.
Il y a avait une belle exposition de ces motos à Retromobile. Un biscooter Voisin y était associé, motorisé par un moteur de la marque.
Vous allez nous dire, la 2CV, on peut comprendre. C aa fait le titre du compte rendu. Le T100, c’est plus limite, mais c’est exceptionnel… Mais les motos sur Classic Courses… Réponse : ici on aime les motos mais la vraie raison est sentimentale. Vous commencer à me connaître…. Je l’ai déjà dit mais je le répète avec plaisir : pendant la guerre de 1940-1945 mon grand père était dans la résistance à Paris. Réseau Liberation – Vengeance. Trahi par une « connaissance », il a juste eu le temps d’échapper à la Gestapo qui venait l’arrêter.
Et quand je dis que c’était juste, ça l’était vraiment puisqu’ils l’ont arrêté à la sortie de son immeuble pour qu’il les guide vers la concierge…. Sa chance a été d’avoir à faire à des allemands et non à son dénonciateur, et à une concierge intelligente. Mais Gnome et Rhône ? Il y travaillait. Après cet épisode, il n’en n’était plus question. Ces faits se sont déroulés début 1944. Et bien sachez que jusqu’à la libération de Paris, la société – pourtant réquisitionnée par les allemands – lui a fait percevoir son salaire. Comment ne pas leur en savoir gré ?