« Pour l’ami Patrice, en souvenir des belles années 70 », écrit Pierre Van Vliet en dédicace de « Ma vie sur les circuits » que, lassé de ma pingrerie, il a fini par m’envoyer.
Patrice Vatan
J’ai connu Pierre en 1976 lorsque nous avons rejoint Auto Hebdo, rue de Lille, lui transfuge du magazine belge Sport-Moteur, et moi venant d’à peine 300 mètres, du quai Voltaire, siège de la Documentation française où je bossais.
Un souvenir partagé des années 70 est ce qui nous lie, lui et moi, outre des initiales communes : PV, enrichies chez lui d’un second V qui fait toute la différence, le V de la Vitesse, de la Victoire. En somme, PVV est un PV augmenté.
De fait, chacune ou presque des têtes de chapitres de son livre m’est familière ; je les ai vécues, j’aurais pu écrire ces débuts de journaliste sur la plupart des circuits européens. C’est au deuxième paragraphe que ça se gâte. Car Pierre était un battant, moi un va-t’en.
Doté d’une personnalité entreprenante, héritée peut-être de son père qui dirigea au Portugal une entreprise minière, le jeune fondateur à 15 ans du club Michel Vaillant a brassé 50 ans de sport automobile dans son ensemble : presse écrite, radiophonique, télévisuelle, pilote, manager de pilotes, patron d’écuries, acteur événementiel, etc.
Il a toujours été cet homme qui rit sur la couverture du bouquin, mais pas à la façon du personnage de Victor Hugo. Ce sourire n’a rien d’une balafre.
Faconde, bonne humeur, décontraction mais aussi esprit d’aventure, audace transpirent à chaque page d’un livre qui tire son sel d’avoir été écrit en belge. Proche de la langue française, le belge s’en démarque par sa propension à la légèreté, la chaleur humaine, une certaine paillardise aussi.
Là où les papes français de la course auto font dans le didactique sérieux, l’anecdote courtoise, le belge tel que le manipule PVV n’hésite pas rapporter la scène du seau de truites pêchées par Laffite, balancé dans la baignoire de deux hôtesses Marlboro pour qu’elles en surgissent horrifiées et que les lascars les voient à poil.
Ou à décrire comment l’auteur avait tellement dénaturé, en les traduisant, les propos éméchés de James Hunt et d’un type de chez Philip Morris à une hôtesse qu’ils draguaient, que c’est lui qui est parti avec la fille.
Les anecdotes de ce calibre foisonnent au fil des 80 circuits, autant de chapitres qui structurent le livre. Elles allègent les pages graves, celle entre toutes qui frappe au cœur, Imola 94.
Installé à Marbella en général devant un plateau de fruits de mer, le Pierre Van Vliet de 2024 voit venir. « Avant je travaillais à la télé, maintenant je télétravaille. »
Oh la belle vie ♫