Nous allons vivre l’instant symbolique ou Rossano, tifoso VIP est adoubé par le génial et fantasque Mauro Forghieri.
Rossano Candrini
Traduit de l’italien par Jean-Paul Orjebin
Dans la même série :
Rossano Candrini 1– L’ami d’Enzo Ferrari
Rossano Candrini 2 – Fiorano
Rossano Candrini 3 – Modène et Hollywood
Rossano Candrini 4 – Ma 288 GTO
Rossano Candrini 5 – Test secret
Rossano Candrini 6 – Une 250 Gte
Rossano Candrini 7 – Padrone bienveillant
J ‘ai mis la main sur mon agenda de 1983. Précieux sont ces agendas que le Commandatore me réservait à l’occasion de chacune des fêtes de fin d’année, ils avaient une ′′ place d’honneur ′′ sous le sapin de Noël au milieu des autres cadeaux destinés à la famille.
Longtemps, je les ai utilisés pour y noter mes activités quotidiennes, professionnelles et personnelles, une sorte de journal intime.
A la page du lundi 17 janvier, je lis que j’ai passé l’après-midi sur la piste de Fiorano.
Fort de la carte d’accès permanent que j’avais reçue du Commandatore, j’y allais à mon gré, de préférence l’après-midi car on m’avait indiqué que le ′′ Patron ′′ était généralement plus disponible à ce moment de la journée.
Et pourtant, cet après-midi, je n’ai pas rencontré le Commandatore, mais vu Patrick Tambay, il avait remplacé le regretté Gilles et effectuait des essais afin d’apporter quelques modifications en préparation de ceux plus complets prévus quelques jours plus tard au Paul Ricard. Une destination qui serait la nôtre comme chaque année avec mes amis médecins. Dario Calzavara (1) qui était présent m’informa qu’il avait fait réserver à la Cadière, une agréable auberge dans les environs de la piste française, trois chambres afin que nous passions des « vacances » brèves mais intenses entre ′′collègues de travail « . Etaient également présents pour ces mini-tests à Fiorano, Tom (2), et l’ing. Mauro Forghieri.
Pourquoi donc ai-je écrit en rouge que c’était un bel après-midi sur mon carnet alors qu’il s’agissait d’une rude journée d’hiver et qu’une faible luminosité promettait une fin de journée noyée dans le brouillard ?
Pourquoi en rouge ? Parce que ce jour-là, Mauro Forghieri s’est approché de moi et m’a dit : « Potremmo anche iniziare a darci del Tu vista la presenza molto frequente » « Nous pourrions commencer à nous dire Tu, vu la fréquence de ta présence ici »
Jusqu’alors nous nous vouvoyions et cette proposition de Mauro m’a fait très plaisir au point de l’écrire en rouge dans mon carnet.
Le Commandatore m’avait donné une carte d’entrée à Fiorano sans bien sûr donner d’explications à ses collaborateurs qui s’étonnaient de ma présence en un lieu si peu accessible aux personnes ne faisant pas partie de l’Usine. J’ai appris plus tard par Tom que nombreux étaient ceux qui se demandaient qui j’étais et ce que je faisais là. Je pense que seuls Giorgio Ferri (3) et Dino Tagliazucchi(4) connaissaient parfaitement mon identité.
A Fiorano, j’ai rencontré tant de mécaniciens extraordinaires que j’aime appeler ′′ les meilleurs mécaniciens au monde ′′, je les rencontre encore aujourd’hui de temps en temps.
Quelques-uns nous ont quittés, mais dans mon esprit, le souvenir de cette époque qui n’est plus reproductible reste indélébile. Tous les collaborateurs de la Gestione Sportiva n’ont jamais tenu compte des nombreuses heures supplémentaires effectuées si souvent, ils plaçaient leur travail avant toute autre chose.
L’une des nombreuses caractéristiques de Enzo Ferrari dont je me souviens était d’obtenir sans avoir à demander.
C’était un plaisir et aussi une fierté de travailler pour Lui.
Autres temps…
Rossano Candrini
Traduit de l’italien par Jean-Paul Orjebin
- Dario Calvazara : à l’époque directeur de l’équipe Ferrari F 1 avant de devenir responsable marketing pour Ferrari en Amérique du Nord
- Tom : Surnom d’Antonio Tomaini
- Giorgio Ferri : Directeur du Circuit de Fiorano
- Dino Tagliazucchi : Chauffeur d’Enzo Ferrari