Mélanie Astles nous a accueillis au pôle aéroportuaire d’Avignon sur sa base d’entrainement.
A ceux qui se demandent ce que nous faisons aujourd’hui avec le monde de l’aviation, nous répondrons que les liens de Mélanie avec l’automobile auraient pu être un prétexte, mais que c’est son exceptionnel caractère de battante qui nous a séduit.
Puisse-t-elle inspirer ici tous ceux qui trouvent trop facilement des raisons de ne pas faire ce qu’ils aiment.
Olivier ROGAR
Porter ses rêves sans se bercer d’illusions. Travailler comme si tout était possible. Et réaliser l’improbable au rythme d’un tonneau barriqué : Mélanie Astles se doit d’accumuler les rêves pour en avoir d’avance ; ils se réalisent parfois si vite…
Ciel, avions et vitesse la fascinaient, elle a atteint les étoiles. Rien pourtant n’était évident . Passer des bancs de l’école à la gérance d’une station service, puis de là à un poste d’instructeur à l’Enac (1) et enfin , à un job de pilote à Air France c’était déjà impressionnant.
Puis tout lâcher pour consacrer ses ressources, ses capacités et son incroyable énergie à la voltige aérienne c’était carrément audacieux.
Mais réfléchi cependant : après avoir accumulé cinq titres en championnat de France de Voltige et un titre absolu en championnat de Grande Bretagne, sans parler de son engagement, unique en tant que femme, dans les Red Bull Air Races, elle tutoie aujourd’hui l’élite mondiale de la voltige aérienne.
Classic Courses : Entre la gestion d’une station-service et les Red Bull Air Races, le chemin a-t-il été difficile ?
Mélanie Astles : Le plus difficile n’a pas été la partie personnelle de ma vie, mais plus le fait que les gens ne croyaient pas en moi. Les gens que j’aime pensaient que je me trompais de voie, que je ne faisais pas la bonne chose. Alors que moi j’ai toujours su où je voulais aller, je savais où était mon rêve et je me serais battue jusqu’à la mort pour y arriver. J’aurais aimé avoir plus de soutien de mes proches à ce moment-là, même si ma mère m’a toujours suivie, bien que ne comprenant pas ce que je faisais. Ca a été hyper difficile. Il m’a fallu énormément de volonté. Aujourd’hui connaissant mon parcours ça semble facile. C’est Steve Jobs qui disait : «You can only connect the dots looking back ». C’est ça en fait. Quand on est dans le chemin on ne sait pas ce qui va se passer. Quand je quitte l’école à 18 ans, quand je quitte l’ENAC, quand je quitte Air France je ne sais pas où je vais. Sur le coup on est un peu en perdition. Mais en même temps on sait que notre étoile va nous mener vers l’endroit où on veut aller. Quand on y croit, quand on est convaincu que le rêve va aboutir, ça marche. Quand on n’a pas peur aussi. En regardant en arrière on voit la connexion des points. Le flip était là quand j’ai décidé ces ruptures.
CC : Ce trait de caractère, vous l’avez dans tous les domaines de votre vie ?
MA : Je l’ai dans trous les domaines de ma vie. Je dirais même que plus je sors de ma zone de confort et plus j’ai de facilité d’en sortir. Une phrase dit que l’entrepreneur c’est celui qui saute sans parachute et se le fabrique pendant la descente. C’est un peu ce que je fais. Ce n’est pas de l’inconscience. Je sais que je vais y arriver. Mais il y a un peu de stress avant d’y parvenir !
CC : Vous avez toujours été passionnée d’aviation ?
Mélanie Astles : Toujours. Mon premier souvenir c’est d’avoir vu un meeting aérien à l’âge de 5 ou 6 ans. Je me suis assise dans un avion de chasse, un Harrier à décollage vertical. C’était en Angleterre parce que j’y suis née. A Rugby. Pays du sport éponyme. Je ne sais pas expliquer pourquoi mais c’est là qu’il y a eu un déclic. J’ai toujours voulu voler après ça. J’aimais bien l’idée de voler. D’aller dans une autre dimension. Mais ce qui me plaisait c’était l’adrénaline, la vitesse, les sensations.
D’ailleurs j’avais deux rêves : soit devenir pilote de voitures de courses, soit pilote d’avion de chasse. J’habitais à Beausoleil, à côté de Monaco et tous les ans j’allais au Grand-Prix. Je voyais les voitures et j’étais sûre que j’allais pouvoir devenir pilote de F1. Enfant on a toujours des rêves, on ne se rend pas compte de l’inaccessibilité. Ceci étant le deuxième rêve a abouti puisque j’ai réussi à devenir pilote d’avion et surtout de voltige. Ce n’est pas de la F1 mais ça s’en rapproche fortement dans les sensations.
CC : F1, voltige : quelles différences ?
Mélanie Astles : On a la troisième dimension qui se rajoute. Une représentation un peu différente dans l’espace. Mais on n’a pas la proximité des autres, comme l’ont les pilotes en peloton. En F1 on n’est pas seul à évoluer. Moi quand j’évolue dans ce que j’appelle mon « box », mon circuit de course, je suis toute seule. Je n’ai pas d’autres avions à côté de moi. Et heureusement ! Parce que je pense que ça serait vraiment dangereux. Si on met dix allumés qui veulent gagner la course les uns à côté des autres ça ne va pas être la même réponse dans le pilotage, moi la première !
CC : Avez-vous eu un modèle, quelqu’un qui vous a inspiré ?
Mélanie Astles : Non pas vraiment. Mais je m’intéresse aux entrepreneurs qui ont vraiment réussi. Comme Steve Jobs ou Richard Branson qui lui n’avait pas fait d’études. Je lis énormément de choses à leur sujet. Je m’inspire de ces gens-là parce que dans leurs speeches, dans leur façon de délivrer les informations, de savoir comment ils ont réussi, je retrouve beaucoup de recettes que j’ai appliquées. Quoi de mieux que de s’inspirer de gens qui ont eu un tel succès dans leur domaine ? Un champion de la Red Bull Air Race m’avait dit : « Regarde les meilleurs et améliore ce qu’ils font ! ». Et puis j’ai la chance d’avoir dans mes partenaires des gens comme BMW France, il est certain que lorsque je rencontrerai leur président, je lui demanderai comment il a réussi. A chaque fois je veux savoir ce qui a aidé les gens qui ont du succès, à réussir. A chaque fois, c’est une source d’inspiration. Ca murit en moi et m’apporte des choses extraordinaires.
Il y a un point qui nécessite aussi beaucoup d’investissement personnel, c’est la capacité à bien s’entourer. Ce n’est pas évident. J’ai quelques personnes exceptionnelles qui m’entourent mais je n’ai pas encore trouvé l’équipe entière idéale. C’est hyper difficile et moi, typiquement je suis tellement la tête dans le guidon, concentrée sur mon sport, qu’on me reproche de ne pas donner de consignes. Mais pour quelqu’un d’aussi instinctif que moi, c’est difficile. J’attends des autres qu’ils réagissent et agissent comme moi. Mais ce n’est pas possible. En général les gens n’osent pas trop prendre d’initiatives. Et donc déléguer n’est pas simple. J’avoue que là j’ai encore des choses à apprendre.
CC : Aujourd’hui quel est votre programme ?
Mélanie Astles : La compétition des Red Bull Air Races s’est arrêtée en 2019. Red Bull a revendu ou concédé ses droits à un fonds d’investissement de Hong Kong. Rien ne se passera en 2020 compte tenu de la situation avec le Covid 19 mais ça devrait repartir en 2021. Le modèle sera proche de l’ancien mais avec une organisation qui devrait permettre de réduire le budget. Notamment d’un point de vue logistique. Avec des courses de proche en proche plutôt que des allers retours permanents d’un continent à l’autre.
Ils cherchent aussi des endroits pour faire des courses. S’il y a des circuits intéressés, ça peut être l’occasion. Je pense que Magny Cours ou le Castellet pourraient être de belles destinations. Notamment parce qu’on a fait des courses à Indianapolis, sur le circuit de Las Vegas, au Texas, sur le Texas Motor Speedway, à Spielberg en Autriche. Des endroits adaptés à la course, à l’accueil des spectateurs.
CC : Comment se déroulent les Red Bull Air Races ?
Mélanie Astles : On dresse des pylônes gonflables au sol avec des portes, une dizaine, avec des chicanes. On fait des runs qui pourraient être équivalents à une descente en slalom, ça dure entre 50 secondes et 1mn20 et c’est le plus rapide qui gagne. Il y a deux ou trois tours. Et c’est un contre la montre. Un par un.
C’est parfois au-dessus de l’eau, comme à Cannes en Avril 2018. Ce serait bien que ça revienne à Cannes d’ailleurs. Mais c’est comme tout, il faut trouver les finances.
CC : Mais vous ne faites pas que ça !?…
Mélanie Astles : Effectivement, je suis sportive de haut niveau, donc cette année je me suis consacrée pleinement à ma discipline première et de cœur, la voltige aérienne. Là, c’est plutôt apparenté à du patinage artistique. Il y a une quinzaine de figures à exécuter. Et on est noté par une dizaine de juges au sol. Comme au patinage. Là on a souvent d’anciens pilotes. Mais les juges qui n’ont pas été pilotes sont plutôt bons également, vraiment objectifs.
Il y a un championnat du monde tous les deux ans en alternance avec le championnat d’Europe. Annulés cette année. Ca aurait dû être fin aout. Mais il reste les championnats nationaux. Ceux de France du 16 au 20 septembre à Châteauroux et les championnats de France Open les du 11 au 15 octobre. Lieu indéterminé. Et comme j’ai la double nationalité, anglaise et française, l’année dernière je suis allé me confronter à mes collègues britanniques. Et j’ai gagné le championnat en catégorie « unlimited », le plus haut niveau.
CC : Quand vous gagnez le championnat britannique, c’est la victoire absolue, on ne parle pas de catégorie féminine ?
Mélanie Astles : Oui, un beau trophée. Devant tout le monde. Je suis la première. Une femme avait déjà gagné quelques années en arrière, mais c’est quelque chose qui reste assez rare. Et je le répète c’est un beau trophée. Les noms qui y figurent sont des personnalités de l’aviation. Je vais retourner défendre mon titre, bien évidemment, après le championnat de France. Du 24 au 27 septembre. Ce qui est génial, c’est que de challenger une femme, ça motive tout le monde. Et finalement ça fait monter le niveau. Il faut savoir que la France est une nation très forte en voltige aérienne. On gagne tout le temps. Enfin, ils gagnent. Parce qu’aujourd’hui, pour des raisons personnelles et de planning j’évolue en équipe britannique. Il est nécessaire, pour garder les compétitions que le niveau progresse. Le combat du moment est d’aller de pays en pays faire la formation de pilotes pour les aider à progresser et à devenir de vrais challengers pour les pays leaders. Mais ça va être difficile pour eux quand même parce qu’en France il y a les équipes militaires et les pros de la discipline. A l’étranger ce sont davantage des amateurs passionnés.
CC : Donc en championnats internationaux vous courrez sous les couleurs britanniques ?
Mélanie Astles : Oui. J’ai dû basculer pour des raisons de planning. Comme j’ai des sponsors, je dois répondre à certaines exigences et les contraintes imposées par le système français sont trop élevées. En fait je ne pouvais plus garder mes sponsors par rapport à ces contraintes. Et sans sponsors, je n’ai plus la possibilité de m’entrainer.
Ce choix s’est tranquillement imposé à moi. Les anglais ont été très « fairplay » et m’ont accompagnée dans ma démarche. Au départ ils ont été un peu surpris car lorsque j’ai gagné le titre, le deuxième a quand même fait remarquer que j’étais française. Le titre lui revenait donc. Mais tout le monde a validé le fait que mon passeport britannique me rendait éligible au championnat national. Je lui avais mis pas mal de points dans la vue ?
CC : Que faut-il pour être au plus au niveau mondial en voltige ?
Mélanie Astles : Moi j’ai mis à profit le confinement pour travailler ma condition physique et dans l’avion j’ai mis l’accent sur mon explosivité, mon style de vol. Car même si le juge théoriquement ne note pas le côté « whaou ! » de la figure. Il y a plusieurs façons de faire les choses. Quand je monte à la verticale. Je fais quatre facettes douces et fluides ou des facettes bien arrêtées : « Tchac…tchac…tchac…tchac » ! Le juge doivent évaluer les 90° de secteur. Mais pas la vitesse de réalisation. J’ai néanmoins remarqué que lorsqu’on est explosif, on a de meilleures notes que lorsqu’on est très coulé dans son style.
Hier j’ai essayé mon nouvel avion. J’ai réglé finement les ailerons et c’est vrai que quand ça tourne et que ça s’arrête net, c’est émouvant. Là on a envie de dire « il y a quelqu’un dans l’avion ! ». Un message est délivré : « J’en veux ! »
Pour avoir la même force qu’un homme, une femme doit s’entrainer davantage en salle. Pour un vol coulé, tout le monde peut faire. Homme ou femme. Pour un style plus explosif, il faut davantage de force. Les commandes sont plus dures. Il y a de la force dans le manche. Quand on fait huit facettes successives à haute vitesse il faut avoir de la puissance, donc du muscle et ensuite de l’endurance.
CC : Les hommes vous accueillent comment ?
Mélanie Astles : Ca va. En aviation c’est plutôt bien vu qu’il y ait des femmes. Ce que j’aime le moins ce ne sont pas les machos qui en parlent ouvertement mais qui ne sont pas les plus dangereux, ce sont ceux qui en parlent le moins mais dont on ressent qu’ils font un blocage. C’est ce qu’on appelle le plafond de verre.
En 2015 j’ai participé aux championnats du monde. Je n’avais pas encore mon avion. Je partageais donc un avion avec deux autres pilotes du Top 10. Moi c’était ma première saison à ce niveau. J’étais à peine entrainée. Je m’en sortais un peu et je me suis dit que j’allais peut-être faire illusion si les juges pensaient que j’étais un des deux qui font partie du top 10. J’essayais d’imiter leur style. Histoire de faire illusion quelques secondes. Allant même jusqu’à forcer ma voix à la radio. Et sur les trois premières figures j’ai eu des notes dignes d’un top 10. Bon la quatrième je me suis trompée. J’ai eu un zéro !
Donc ce championnat m’a appris que le niveau est un chose mais que la couleur de l’avion a aussi une incidence sur le jugement. Il faut donc que je me fasse connaître. Que je fasse connaître mon avion. Que je le montre aux juges. Et bien sûr ensuite il y a le programme et le style de vol. C’est une stratégie. Mais il peut y avoir des stratégies opposées. J’entendais un anglais qui a fait des top 5 mondiaux, voir des podiums. Il disait qu’il souhaitait reprendre la compétition mais peut être pas en championnat du monde parce que s’il se trouvait en milieu de tableau, on ne retiendrait que le fait qu’il a été mal classé aux championnats du monde.
CC : Est – il envisageable qu’une femme soit en tête du championnat du monde un jour, hommes – femmes confondus ?
Mélanie Astles : Oui. C’est presque arrivé. Une russe Zvetlana Kapanina a fait deuxième en 2003. Aujourd’hui la championne féminine est la française Aude Lemordant, elle a été couronnée trois fois consécutives. Zvetlana a été couronnée sept fois plus six fois en équipe.
Moi j’ai fini dernière aux championnats du monde en 2019 à Châteauroux parce que j’ai eu un problème de radio. En scotchant mon programme à mon tableau de bord j’ai accroché le bouton de fréquence. Du coup j’ai quitté la fréquence du jury et suis repassée sur la fréquence de la tour de contrôle. Ce qui est éliminatoire. A ce moment j’étais deuxième et en lice pour le titre… C’était mort. Je me suis posée.
Un titre féminin n’est attribué qu’à partir du moment où il y a plus de sept femmes. Si une femme gagne le classement absolu, il serait donc logique, si un homme est deuxième que celui-ci soit également champion du monde. Ca devrait marcher dans les deux sens. Si ça arrive un jour, la question va se poser.
C’est un beau challenge. Le niveau est extrêmement élevé. Je ne dirais pas, comme il ne l’a jamais été mais il y des scorings à 85%, ce qui est très élevé. Proche de la perfection.
CC : C’est donc un sport où être une femme n’est ni un avantage ni un inconvénient. Vous êtes logées à la même enseigne que les hommes.
Mélanie Astles : C’est ça. Mais disons-le, il y a quand même des avantages à être une femme. Notamment par rapport au sponsoring, à la communication. Le fait d’avoir été la première femme pilote de course Red Bull m’a ouvert des portes incroyables. Sur les courses les média voulaient parler au champion et à la fille.
C’est amusant parce qu’il y avait le Master Class et le Challenger. On va dire que c’est l’équivalent F1 / F3, et cette dernière catégorie, la clase inférieure, n’intéressait personne. Mais le fait qu’il y ait une femme attirait directement les media. J’avais toujours droit à une interview.
C’est une des raisons pour lesquelles j’ai quitté l’ENAC. Bien qu’étant d’un naturel discret et réservé, je me suis dit que cette originalité d’être une femme et d’intéresser les média, il fallait que je la saisisse comme une opportunité. Même si j’ai dû m’obliger à sortir de ma zone de confort. A partir de ce moment je l’ai vécu comme un autre challenge et ça c’est plutôt bien passé. Ça a fait boule de neige et je bénéficie maintenant des effets des média d’il y a deux ou trois ans.
CC : Sur quoi volez vous ?
Mélanie Astles : Les avions sont des monoplaces de la marque Extra. Leader actuel des avions de voltige. Ce sont des allemands. J’ai donc deux monoplaces et un biplace. J’ai beaucoup appris avec le Pitts qui est avion difficile mais complètement dépassé aujourd’hui. Les Extra sont faits en carbone pour les ailes. Il y a un peu de toile aussi. Le moteur est un Lycoming Flat 6 qui fait 315 ch. L’avion pèse 600 kg à vide, 650 pour le biplace.
On arrive à faire 420° par seconde. Soit un peu plus d’un tour en une seconde. Dans les figures on arrive à faire des huitièmes de tonneau. C’est l’entrainement et l’instinct qui permettent de suivre à cette vitesse. Il y a aussi des commandes tellement efficaces que lorsqu’on stabilise l’avion, c’est instantané. Il n’y a aucune inertie dans les commandes. Qui sont par câbles avec des aides qu’on appelle des pelles et qui sont l’équivalent d’une assistance aérodynamique.
On prend jusqu’à 10G. J’ai poussé récemment lors d’un test car j’avais un instrument pour mesurer les G négatifs et je suis allée jusqu’à -8.6 G ! Les G positifs peuvent donner le voile noir. Les G négatifs, moins connus, sont générés lors de figures où s’exercent des forces centrifuges, par exemple lorsqu’on fait un looping coté extérieur. Quand on prend des G positifs, je les prends sur mon siège. Je pèse neuf fois plus lourd sur mon siège. Quand on prend des G négatifs, je les prends sur les épaules, là où elles sont tenues par les sangles du harnais. La pression au cm2 est beaucoup plus importante. Dans mon vol je pousse fort car plus on va prendre de G moins la trajectoire va être longue. Tout en étant plus intense, c’est moins long. Donc beaucoup de G mais moins longtemps.
On peut prendre des G pendant longtemps en course, dans les virages. Plus il y a de G plus il y a de trainée et l’avion n’a pas une puissance suffisante pour maintenir sa vitesse. Et plus la vitesse diminue moins on peut prendre de G sinon on risque de décrocher. Sur un avion de chasse, s’il met la pêche, il peut se maintenir à 9 G pendant plus longtemps. 15 secondes. Et là, physiquement ça devient dur. Ce qui justifie les combinaisons anti-G.
Nous en voltige quand on passe d’une figure à l’autre très rapidement, on appelle ça une jolte, le cerveau n’a pas le temps de comprendre ce qui se passe. En moyenne un programme dure 6 à 9 minutes et on effectue entre 50 et 70 rotations.
CC : Question bête : vous rêviez d’être pilote de chasse. Le fait d’une au top niveau en voltige ferait-il de vous un bon pilote de chasse ?
Mélanie Astles : J’ai eu la chance de faire un vol sur Rafale. De pouvoir prendre les commandes aussi. Et de faire une simulation de combat aérien avec un autre Rafale. J’ai testé l’avion. Ca m’inspire énormément de respect pour ce que font les pilotes de chasse. Il n’y a pas que la partie « je vole dans l’avion », il y a aussi toute la partie mission.
En fait je ne pourrais pas répondre à cette question. Pour le pilotage je pense qu’il n’y aurait pas de problème. Mais il y a tellement de choses derrière qui relèvent du métier de pilote de chasse qu’il faut vraiment l’avoir vécu pour pouvoir en parler.
CC : Sur quel avion rêveriez-vous de voler ?
Mélanie Astles : Le Spitfire. Ca fait partie de mes rêves. Mais c’est très inaccessible. Il y a peut-être une ou deux femmes qui volent sur Spit en Grande Bretagne. Mais sur ce genre de machines ce sont plutôt des hommes qui volaient. Trouver un propriétaire qui accepte de me passer les commandes ? ! … ?
Sinon le Rafale, le F14 de Top Gun…
Je n’ai jamais vibré avec les avions de ligne, à part le Concorde bien entendu. Et le Super Constellation.
CC : Et la voiture dans tout ça ?
Mélanie Astles : Je suis aussi passionnée de voitures. Mon plus grand drame c’est que je voudrais tout faire mais que je n’ai jamais le temps ! Et m’éparpiller ne serait pas une solution. Mais j’ai eu des opportunités en sport auto. Je prends plaisir à conduire sur circuit les BMW qu’on me met entre les mains. M3, M4…J’ai la chance de partager avec des Yannick Dalmas, des Ari Vatanen des moments de conduite sur circuit. Un personnage génial. J’ai aussi conduit une F1 au Luc grâce à mon sponsor.
J’ai réalisé beaucoup de rêves ! Voltige, Rafale, F1 ! Finalement il faut avoir beaucoup de rêves car parfois ça se réalise vite !
Alors pourquoi pas un jour, un Grand Prix de Monaco en Historique ?