Lotus
11 novembre 2020

Lotus ou les vérités imaginaires de Michel Verrando

Un peu de poésie en ces temps incertains. Michel Verrando, connu pour ses illustrations et ses profils hyper détaillés de F1, nous a communiqué quelques nouvelles imaginaires. Comme souvent la fiction va au-devant du réel. Au-delà même. Donnant à ces brèves histoires une profondeur dont les histoires « vraies  » sont parfois dépourvues. Nous avons eu plaisir à les découvrir. Nous en distillerons la publication, à raison d’une par mois. Juste le temps d’un rêve ou d’un sourire.

Olivier Rogar

Découvrir le travail de Michel Verrando

Lotus

C’est vrai qu’il m’arrive à l’occasion de travailler un peu pour Clive Chapman. Mais ce n’est pas grâce à lui que j’ai eu la chance d’obtenir enfin la vérité quant au choix de l’appellation de la marque Lotus fondée par son père, Colin.

Non, ne dites pas que Lotus est la contraction de Lot Of Trouble Usually Serious comme arguent certaines mauvaises langues et ne me demandez pas non plus comment je le sais, je ne parlerai que sous la torture (par exemple manger du pudding ou de la panse de brebis farcie (haggis).
Tout commence aux alentours de 1946, Colin, âgé de 18 ans fréquente une jeune fille prénommée Hazel rencontrée un peu plus tôt.

Leur relation est harmonieuse malgré un emploi du temps chargé, (service militaire dans la RAF, études d’ingénieur).

Il trouve pourtant le temps d’offrir à sa jeune compagne une escapade romantique à Paris. Hazel est très éprise de peinture impressionniste et propose à Colin de visiter le Musée de l’Orangerie. Il vient juste d’être restauré après les cicatrices de la 2ème guerre (un obus a endommagé une des salles qui abrite les Nymphéas de Claude Monnet).

Justement c’est là même que le couple tombe en admiration devant le lyrisme tout en nuances des œuvres du peintre. Le jeune homme possède déjà ce trait de caractère qui le pousse à vouloir tout savoir. Les nénuphars si gracieusement peints l’intriguent.

De retour, il se rend à la British Library de Londres afin d’en apprendre d’avantage.

C’est ainsi qu’il va découvrir ce que peu de gens connaissent, les nymphéas auraient dû être représentés par une autre variété de fleurs aquatiques. En effet Monet avait passé commande à son pépiniériste Latour-Marliac du Temple-sur-Lot un assortiment de «Nelumbium», espèce particulièrement gracile, mais n’en a pas réussi la culture pourtant acclimatée au département de l’Eure.

Colin, toujours curieux, poursuit sa recherche et constate que cette magnifique fleur en forme de pomme d’arrosoir, possède toutes les qualités à ses yeux : une très grande légèreté qui confine à la fragilité, de jolies couleurs vertes agrémentées de jaune.

Il dit à Hazel : «j’aimerais bien m’inspirer de ces Nelembium pour dessiner mes prochaines voitures.»

À quoi rétorque la jeune femme : «mais quel est le vrai nom des Nelembium ?» .

«Je crois que ça s’appelle Lotus… ».

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