La 4e édition des Grandes Heures Automobiles de Montlhéry a tenu les promesses entrevues lors des manifestations précédentes : c’est un événement à forte incidence médiatique qui est en train de prendre formeannée après année sur le mythique circuit du plateau de Saint-Eutrope. Le nombre sans cesse croissant des participants et de spectateurs est là pour en attester.
Pierre Ménard
Indiscutablement, Les Grandes Heures Automobiles sont en train de solidement s’installer dans le calendrier des manifestations de voitures anciennes où il faut être allé au moins une fois. Et cela en quatre ans seulement ! L’événement attire de plus en plus de participants, qui voient là l’occasion rêvée de tourner sur le circuit légendaire du sud de Paris, et bien entendu de spectateurs trop heureux de profiter de aubaine à quelques kilomètres de chez eux (l’Île-de-France représente tout de même près d’un quart de la population française !). Pour preuve, les embouteillages pour arriver au circuit dès la matinée du dimanche ! Il faut dire qu’avec une météo aussi belle que celle de ce week-end sur Montlhéry, à défaut d’être très chaude, il aurait été dommage de ne pas venir s’aérer les oreilles au son des innombrables moteurs en action sur la piste.
Même si les organisateurs le rappellent : toute forme de compétition est exclue des Grandes Heures (n’oublions pas que l’autodrome n’a pas l’homologation pour, et ne l’aura vraisemblablement jamais), ces démonstrations nous apportent la joie de voir et entendre toutes ces belles voitures respirer à pleins poumons sur le circuit de 3,4 km. On pourra juste regretter l’adjonction depuis cette année d’une chicane inédite (heureusement temporaire et faite de plots sur la piste) avant le virage du Faye qui concourt à cette frénésie ultra-sécuritaire de l’époque. Un jour viendra, hélas, où les circuits ne seront plus qu’une suite de chicanes absurdes, et antinomiques avec la notion même de vitesse qui reste l’ADN de la course automobile. Passons…
Près d’une centaine de motos
240 voitures réparties sur 7 plateaux, 950 voitures de club rassemblées au pied de l’anneau, voilà le menu alléchant de l’édition 2018. Sans oublier bien sûr les 90 motos réunies sur deux plateaux. Les Grandes Heures célèbrent la voiture de sport et de course, mais n’oublient pas les motos, qui ont animé bien des week-ends sur le grand tracé durant des décennies, révélant certains noms prestigieux comme Beltoise, Rougerie ou les Monneret père et fils.
Super voitures
L’histoire de la course s’écrit aussi dans le futur, et il est bon que les supercars, actuelles ou récentes, soient représentées : elles sont celles qui seront les voitures historiques de demain. Dans ce plateau riche en Porsche, Ferrari ou Chevrolet, se détachaient en vedette l’impressionnante Jaguar XJ220 et la toute nouvelle Alpine A110, destinée à reprendre le flambeau de la production dieppoise.
Gros V8 culbutés
Le plateau C mêlait, de façon bizarre, les grosses américaines et certaines voitures de production. Celles-ci étant peu nombreuses, c’était certainement de la part des organisateurs une façon de les intégrer dans un ensemble. Dans ces dernières, on a aimé l’attaque de l’agile Peugeot Mi 16ST et de l’Audi 200 Quattro ROC, ainsi que la très rapide BMW Groupe 5.
De leur côté, les productions venues d’outre-Atlantique sont toujours un plaisir à voir et à entendre, mention spéciale pour la Plymouth Barracuda de 1970 et à la Corvette C3 de 1969. Belle surprise, on a pu entendre l’impressionnant grondement de quatre voitures directement issues de la NASCAR, deux Mustang, une Toyota et une Ford.
Deux « nez de requin »
Le plateau des monoplaces est toujours très attendu, la monoplace étant l’essence même de la voiture de course. Plateau assez hétéroclite mélangeant allègrement F2, F3 Formules Junior, Formule « Galapiats » et même quelques alertes grand-mères comme la Voisin Speed record (biplace), il promettait la venue de la fameuse F1 Tecno de 1973 qui joua, hélas, l’arlésienne. Mais le public avide de rareté put se rattraper sur la présence bienvenue de deux Formule 1 Ferrari 156 « sharknose ». Pas les originales bien entendu (1), mais de très belles recréations, dont une était pilotée par le toujours populaire Arturo Merzario (qui n’était vraiment pas venu à Montlhéry pour faire péter les chronos, ceci dit en passant).
Sportives
En parlant d’hétéroclite, le plateau des Sportives 1960-1980 présentait un panel assez large de modèles accessibles (enfin tout dépend à quel niveau on situe l’accessible… et l’inaccessible) : des Jaguar Type E à la Mini Cooper en passant par les Porsche 356, les Alfa GTV, les Alpine et même une R12 Gordini ! Mention spéciale à une des moins « accessibles », mais des plus impressionnantes, la De Tomaso Pantera dont le gros V8 Ford respirait à fond l’air de l’anneau !
Le club des Flat six
Pas de manifestation automobile populaire sans une présence massive de Porsche 911 de compétition. Un plateau leur était entièrement consacré, composé de superbes Carrera ou RSR datant majoritairement des années 70 et 80.
Protos et GT
Quelques beaux modèles dans ce plateau dédié à l’Endurance et aux voitures de Grand Tourisme : la Rondeau Inaltera GT, une McLaren M6B de Canam, quelques Cobra toujours aussi magiques, une vigoureuse Porsche 910, des barquettes Abarth, et quelques recréations : une Jaguar Type D Ecurie Ecosse ainsi qu’une 917 Le Mans Replica, équipée pour des raisons de fiabilité d’un Flat 6 3,8 litres en lieu et place du traditionnel Flat 12 4,5 litres qui propulsait la bête à l’origine en 1970.
A l’équerre !
Assurément, le plateau « Rallye » regroupait certains des pilotes les plus en verve du week-end. Surtout, ces gens-là savaient utiliser leurs montures comme elles devaient l’être : glisse et équerres au programme. Au virage serré des Deux Ponts, le spectacle fut de qualité avec l’Alfa-Romeo GT AM, la Citroën DS 21, la Ford Escort 1600, l’Audi Quattro A2, la Porsche 914-6 ou encore les R5 Turbo. Même la modeste 403, qui fit le Tour Auto ces dernières années, levait la patte !
Outre l’attraction naturel de la piste, Les Grandes Heures Automobiles offrent au public l’occasion d’approcher plus d’un millier de voitures (en comptant les voitures des clubs) regroupées dans la plus grande diversité dans un paddock bon enfant, de côtoyer certains grands pilotes qui ont su rester simples, et enfin de participer à des animations comme une initiation au trial moto pour les plus grands, et du mini-quad pour les plus petits. Sans oublier la nocturne du samedi qui permet de découvrir l’autodrome sous une ambiance féérique unique. Réservez votre week-end de fin septembre pour l’édition 2019 qui sera placée sous le signe du centenaire du partenaire de la manifestation, Yacco.
(1) les 156 coururent durant les saisons 1961 et 1962, date à laquelle Enzo Ferrari les fit impitoyablement passer à la presse : ça ne valait rien à l’époque et le Commendatore voulait toujours se tourner vers l’avenir.
Photos © Pierre Ménard