Jacques Villeneuve : un prénom en deux actes
En jouant au jeu des sept familles, nous avions déjà dans notre main quelques paires de pères et fils comme Antonio et Alberto Ascari, Mario et Michael Andretti et bien sûr les prolifiques Graham et Damon Hill.
C’est en 1996 que Damon parvint à remporter le championnat du monde de Formule 1, formant ainsi avec son père le premier duo père-fils champions du monde. Mais il a bien failli se faire voler la vedette par son coéquipier chez Williams-Renault, Jacques Villeneuve, un rookie canadien qui n’était autre que le fils du regretté Gilles Villeneuve, disparu en 1982. (voir « Ricard 1979 » Gilles Villeneuve )
Damien Levasseur
1996 : la saison du rebond pour Williams
Hill était arrivé tardivement à la formule 1, il courut sa première course avec Brabham en 1992 alors qu’il avait déjà 32 ans. Successivement coéquipier de Prost et Senna chez Williams, il fut promu N°1 à la suite du tragique accident du Brésilien. En 1994, il passe tout près d’un titre que Schumacher lui ôte lors du dernier grand prix en Australie : l’Allemand se rabat sur lui causant un double abandon favorable au diable rouge. Les commissaires avaient cette fois été cléments avec le pilote Benetton qui avait déjà été lourdement, et assez justement, pénalisé cette saison-là.
En 1995 de nouveaux accrochages se produisent entre les deux pilotes. Cette fois c’est Hill qui est en cause mais cela relève plus d’une infériorité que du vice. L’Anglais est impuissant face au pilote Benetton-Renault cette saison. Il lui reste donc une dernière année chez Williams pour conquérir le graal. Cette saison 1996 s’annonce donc passionnante d’autant plus que Schumacher, désormais aux couleurs rouges de la Scuderia Ferrari souhaite conserver son titre.
Des débuts tonitruants
Le premier coup d’éclat de Jacques est sa victoire au 500 milles d’Indianapolis en 1995, année où il remporte également le championnat « Indy » CART. Il décroche dans la foulée un volant chez Williams-Renault qui sort d’une saison blanche après trois titres de champion du monde consécutifs des constructeurs.
Les premiers tours de roues de Villeneuve en F1 sont remarqués : il réalise la pole en Australie, devant son coéquipier et les deux Ferrari. C’est la troisième fois que cela arrive après Carlos Reutemann en 1972 et Mario Andretti en 1968. Le pilote canadien réalise un excellent départ contrairement à Hill qui se fait passer par Schumacher et Irvine.
Filant vers la victoire, sa monoplace commence à perdre de l’huile et il voit revenir sur lui son coéquipier britannique. Hill parvient à le dépasser mais le canadien a bien réussi ses débuts en décrochant une seconde place dès son premier grand prix. Un podium pour une première, cela se reproduira 11 ans plus tard avec un certain Lewis Hamilton.
William is back
Ce premier grand prix donne le ton, Williams est de retour et c’est au sein de sa propre écurie que se trouve le plus sérieux rival de Damon Hill. Leur style les oppose, Hill est taciturne et se tient à distance des médias alors que Villeneuve est toujours souriant pour donner une interview en anglais, français (avec l’accent québécois bien évidement) et même en italien pour faire plaisir aux journalistes.
Le jeune homme de 25 ans semble bien détendu en comparaison avec l’anglais de onze ans son aîné. Il représente dès cette première course l’avenir de la formule 1 mais pour cette saison il ne faut pas sous-estimer le sérieux et l’intelligence de Damon Hill qui voulait prouver qu’il n’était pas qu’un équipier modèle.
Villeneuve – Hill : duel cordial
Le duel qui va opposer les pilotes Williams sera plus cordial cette fois, sans coup bas, il opposera deux gentlemen. Au cours de cette saison un second duel naîtra, le duel Villeneuve-Schumacher. Décidément, le diable rouge n’aimera pas le bleu.
Jacques remporte sa première victoire seulement trois courses plus tard lors d’un grand prix d’Europe où il réalise un excellent départ et résiste à la pression d’un Schumacher qui prend ses marques sous ses nouvelles couleurs. Il renouvelle l’exploit en Grande Bretagne, Hongrie et au Portugal. C’est à d’ailleurs à Estoril que Villeneuve lance les hostilités avec Michael Schumacher. Il y réalise un dépassement osé de la Ferrari à l’extérieur du dernier virage. L’allemand, gêné par une Minardi retardataire, ne peut que se laisser faire. Vexé, ce dernier qualifia cette manœuvre de dangereuse et idiote, le pilote allemand fera pourtant bien pire la saison suivante…
Tout vient à point à qui sait attendre
Les deux Williams vont survoler la saison 1996, Villeneuve arrivera à disputer la couronne mondiale à sont coéquipier britannique jusqu’au grand prix du Japon, ultime étape du championnat. Le jeune Canadien se présente avec 9 points de retards sur leader, il doit donc réaliser un exploit et espérer que Damon Hill ne termine pas mieux que 7e. Tout commence idéalement puisque Jacques Villeneuve réalise la pôle devant Damon Hill. Pourtant il manque son départ, englué dans le peloton et laissant l’Anglais seul en tête. Ses maigres espoirs prennent fin au 36e tour lorsqu’il se fait doubler par sa roue arrière droite qui rebondira jusque dans le public.
Hill gagne ainsi son titre de champion du monde tant désiré et devient le premier « fils de » à gagner la couronne mondiale après son père. Les années suivantes lui seront moins prolifiques mais il réalisera encore quelques beaux exploits au volant de son Arrows et remportera une dernière victoire avec Jordan en 1998 à Spa.
Le canadien se satisfait de cette seconde place, après tout ce n’est que sa première saison, et regarde déjà vers la saison 1997 avec un halo rouge dans ses rétroviseurs… A suivre