LE PARADOXE MONÉGASQUE
Trois secondes et un dixième séparaient les quatre premiers quand ils franchirent la ligne d’arrivée de ce Grand Prix de Monaco 2019. Ils avaient été pointés dans l’ordre Hamilton, Bottas, Verstappen, Vettel au premier tour. Pour devenir Hamilton, Verstappen, Vettel, Bottas au passage de la ligne. Sans qu’aucun dépassement n’ait eu lieu entre eux, Bottas ayant dû son retard à un arrêt au stand de plus que ses adversaires directs. Pourtant, le déroulement de la course fut d’une intensité extraordinaire.
Là réside le charme paradoxal de la course en principauté : le suspense tient souvent au fait que les dépassements y sont pratiquement impossibles. Ricciardo en avait déjà donné la preuve l’an dernier – et il n’était pas le premier à le faire. Hamilton a reproduit la démonstration de manière d’autant plus spectaculaire qu’à ses trousses Verstappen ne lui a laissé aucun répit. Conclusion : les dépassements ne constituent pas la recette absolue pour l’intérêt des grands prix. Mais ce qui vaut pour Monaco est-il souhaitable ailleurs ? Le prochain GP du Canada pourrait démontrer l’inverse !
Johnny Rives
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VERSTAPPEN DÉCHAÎNÉ.
GP de Monaco 2019 – . Lewis Hamilton a donc signé une victoire de plus (sa 77e sur 235 départs, excusez du peu) au terme de ce qu’il a qualifié de « la course la plus difficile qu’il ait vécu ». Cela pour deux raisons : le choix de son second train de pneus (les médiums, jaunes) qui s’est avéré moins bon que celui de ses adversaires directs (les durs, blancs). Et l’a contraint à une stratégie défensive désespérée (mais victorieuse) sur un Verstappen déchaîné.
Lequel disposait probablement de la plus performante combinaison châssis-moteur-pneus, comme le suggère le meilleur tour en course de la Red Bull de Pierre Gasly, largement supérieur au meilleur des quatre hommes de tête : 1’14’’279 pour le jeune français (en pneus tendres, rouges), 1’15’’163 pour la Mercedes de Bottas (chaussée de pneus durs, blancs). Mais voilà : aussi incisif ait-il pu se montrer, Verstappen n’a pas réussi à venir à bout de la défense acharnée déployée par Hamilton et ses pneus à l’agonie. Bravo à eux deux ! Et clin d’oeil ému vers Hamilton qui a rendu un hommage émouvant et sincère à l’inoubliable Niki Lauda.
FERRARI PAS LOIN… MAIS DERRIÈRE !
Dans cette bataille dominée par Mercedes et Red Bull, Ferrari n’a pas disposé des mêmes atouts. Sebastian Vettel en a convenu en admettant qu’il avait eu beaucoup de mal à maintenir le rythme imposé par Hamilton, pourtant handicapé par des pneus à l’agonie. Ce qui n’a pas empêché la Scuderia de faire figure honorable dans une course où ses F1 manquaient terriblement d’appui. Et où elles étaient privées de leur second couteau, l’enthousiasmant Charles Leclerc. Ce manque d’appui – qui à Monaco leur offrait le seul avantage d’émerger du tunnel à 295 km /h là où les Mercedes se contentaient de 285 km/h – pourrait se révéler moins handicapant le 9 juin sur le circuit Gilles-Villeneuve de Montréal. Gardons cet espoir bien au chaud dans la perspective du G.P. du Canada à venir…
LA MÉSAVENTURE DE LECLERC.
Quant à « l’absence » de Leclerc chez lui, en terre monégasque, elle s’explique par une inattendue faute d’attention de la part des responsables de la Scuderia. Charles, à la surprise générale, avait été éliminé en Q1 alors qu’il avait signé le meilleur temps des essais libres précédents, plus vite que Bottas et Hamilton. Ayant réussi sans forcer, après huit tours de qualif, la performance de 1’12’’149 qui l’aurait placé en huitième position le matin même, il fut arrêté par son équipe.
Tandis que Vettel (1’11’’434) signait, non sans mal, le meilleur temps de cette Q1, Leclerc, à l’arrêt, se voyait bientôt dépassé par quatorze adversaires dont il aurait pu ne faire qu’une bouchée. Et contraint de s’aligner au départ de « son » Grand Prix dans les tréfonds de la grille. Avec les conséquences qui mirent un terme à ses tentatives de remontée audacieuses, désespérées et finalement suicidaires. Il lui restera à estomper ce souvenir à Montréal, sur un circuit où, leur moteur aidant, les Ferrari devraient se substituer aux Red Bull pour être les mouches du coche Mercedes.
RENAULT, FRILEUSE STRATEGIE ?
Une fois encore, la prestation des Renault F1 a été décevante à Monaco. Et cela d’une manière difficile à expliquer, comme le souligne le meilleur tour en course réussi par Daniel Ricciardo (1’15’’697 dans le 78e et dernier tour). Cette performance situe l’attachant Australien au quatrième rang derrière Gasly, Bottas et l’incroyable Alexander Albon. Et elle ne correspond absolument pas à la 10e place occupée par Ricciardo à l’arrivée (il fut classé 9e aux dépens de Grosjean, frappé par une sévère pénalité de cinq secondes).
Elle est due essentiellement à une erreur de stratégie : s’être arrêtée au onzième tour, lors de l’intervention de la voiture de sécurité (SC), était bien trop tôt. Arrêt également effectué (outre les quatre premiers, qui se marquaient étroitement) par Magnussen et Perez. Le Danois et le Mexicain le payèrent aussi cher que Ricciardo en se retrouvant à l’arrière du peloton d’où ils ne purent jamais se désengluer. Ce qui ne fut pas le cas de Sainz (arrêt au 30e tour), de Kvyat (32e), d’Albon (40e), de Grosjean (50e) : tous finirent dans les points alors qu’ils étaient dominées par Ricciardo et sa Renault en début de course…
Et Hulkenberg ? Son meilleur tour en course (1’16’’276) n’a guère à envier à ceux d’Hamilton (1’16’’167) et Verstappen (1’16’’229). Mais il paya plus cher encore de s’être arrêté avant même la SC, au 9e tour – sans doute à cause de son mano a mano musclé avec Leclerc. Pour échouer à une décevante 14e place reflétant mal les progrès revendiqués par Renault. Et mis en relief par Carlos Sainz, 6e sur sa McLaren-Renault. Revanche à Montréal ? On dira comme pour Ferrari : il serait temps !
COTE D’AMOUR ET… DE DÉSAMOUR !
A Monaco, nous avons aimé :
*** Hamilton, Verstappen ** Vettel, Bottas * Gasly , Sainz
Nous avons moins aimé :
°°° Pour une fois, rien !
Classement « Classic Courses » après le GP de Monaco 2019 :
Nous avons aimé :
*********** Lewis Hamilton - ******** Valtteri Bottas ****** Mercedes - Max Verstappen *** Charles Leclerc - ** Sebastian Vettel * Norris - Albon - Perez - Gasly - Sainz
Nous avons moins aimé :
°°°°°°°° Renault - Ferrari °°° Kvyat °° Giovinazzi - Vettel - Haas - Ricciardo ° Le circuit de Melbourne - Grosjean - Stroll