Il n’y a pas si longtemps, une blague amusait les amateurs de foot. Ils disaient : « Organisez un tournoi international de football et à la fin c’est l’Allemagne qui gagne ! » On pourrait la transposer à la F1 : « Organisez des grands prix et à la fin c’est Mercedes qui gagne ! » Des années qu’on est habitué à ce verdict. Ferrari essaye parfois de le démentir – les mathématiciens diraient : en raisonnant par l’absurde. En 2018, on s’accordait à dire que la Ferrari était la plus performante des F1. Mais, une erreur de stratégie par ci (Maurizio Arrivabene en a payé l’addition), une faute de pilotage par là (Vettel au GP d’Allemagne) et Hamilton décrocha un autre titre de champion du monde.
Johnny RIVES
Lire aussi
2018 GP de Bahrein par Johnny Rives
2017 GP de Bahrein par Johnny Rives
2016 GP de Bahrein par Johnny Rives
2015 GP de Bahrein par Johnny Rives
2014 GP de Bahrein par Johnny Rives
LA QUALITÉ ALLEMANDE
Cette année, Ferrari semblait enfin prêt à vaincre la malédiction, à en croire les essais préliminaires. Mais en Australie, déception : « Pourquoi sommes nous si lents ? » questionna Vettel à la radio après avoir été dépassé à l’accélération par la Red Bull de Verstappen. Branle-bas de combat à Maranello. On nous suggéra : « A Bahrein, ce sera une autre chanson ! » On y croyait à l’issue des essais où le nouveau venu Charles Leclerc et sa Ferrari avaient fait merveille. Mais patatras ! En tentant de s’opposer à un assaut d’Hamilton, Vettel commit le tête-à-queue de la défaite. Heureusement l’inattendu et brillant Leclerc se baladait loin devant… Jusqu’à ce qu’une défaillance improbable émascule sa belle F1 rouge, soudain réduite à l’impuissance. Et l’affaire se conclut une fois encore par un nouveau doublé Hamilton-Bottas, dans un ordre plus conventionnel qu’en Australie. La qualité allemande avait encore porté ses fruits. Allez vous étonner après ça que les cadres supérieurs ou les industriels en réussite choisisse une Audi, une BMW ou… une Mercedes pour balader femme et enfants ! .
LECLERC N’A PAS ATTENDU
Souvent, lorsqu’émerge un jeune pilote talentueux, on réclame de la patience à son égard. « Laissez lui le temps de s’aguerrir ! » Précaution inutile pour Charles Leclerc, 21 ans et demi (il est né le 16 octobre 1997 à Monaco). Il en a fait une impressionnante démonstration sur le circuit de Sakhir à Bahrein – autrement plus intéressant, j’insiste, que le fade Melbourne. Devancé au départ, en dépit de sa pole position, par son équipier Vettel (qu’il avait régulièrement surclassé aux essais), il lui ravit imparablement l’avantage au bout de six tours. Une attaque que l’Allemand n’essaya même pas d’entraver, comme s’il s’était déjà fait à la raison que, désormais, le leader de la Scuderia ce n’est plus lui ! Une fois installé dans le fauteuil de tête, Leclerc imposa, sans paraître forcer outre mesure, un rythme qu’aucun ne put atteindre, ni Vettel, ni Hamilton. Jusqu’à ce terrible 45e tour (sur 57), quand Charles ne put retenir son désespoir : « Quelque chose ne va plus dans la voiture ! » C’est ainsi qu’il devint une proie facile pour les Mercedes. Heureusement la voiture de sécurité (SC) lui permit d’être épargné des assauts de Verstappen et de miraculeusement conserver une place sur le podium. Où Hamilton, avec son élégance habituelle, ne manqua pas de le féliciter en guise de consolation. Charles Leclerc, qui avait été le 99e pilote de l’histoire à signer une pole position – pour la 999e épreuve ! – ne s’est pas consolé pour autant. Ses pensées allaient déjà, sans doute, vers le GP de Chine du 14 avril prochain.
AMÈRE ISSUE POUR LES RENAULT
Grâce à son tracé autrement plus pimenté que celui de Melbourne, le GP. de Bahrein a donné lieu à plusieurs épisodes homériques. Des batailles qui n’ont fait défaut à aucun niveau de la hiérarchie. Ça n’est pas Pierre Gasly qui nous démentira, lui qui a dû se battre à tous les instants pour tirer son épingle du jeu dans un peloton où les places étaient chères. Et où, de sa treizième position au départ, il a réussi à se hisser jusqu’à la huitième au prix de luttes d’autant plus incertaines (contre Perez, Albon, Giovinazzi, Kviat, Magnussen, Ricciardo) qu’il ne se sent pas encore à l’aise à bord de sa Red Bull. Parmi les évènements ayant marqué cette course à rebondissement, un des plus spectaculaire a été le double abandon des Renault d’Hulkenberg et Ricciardo au même moment, au même endroit et pour la même raison (moteur). Un échec terrible pour l’équipe française qui, paradoxalement, n’a pas été ressenti avec désespoir par les deux pilotes qui en ont été victimes. Plutôt comme une mauvaise et inattendue surprise. Hulkengberg était 6e (et premier des « autres ») quand cela lui est arrivé. Et Ricciardo 10e après avoir occupé la 2e place (mais oui !) par le truchement des changements de pneus, aux quatorze et quinzième tours. « On était dans le rythme », plaident les deux pilotes. Loin d’accabler leur équipe pour ces défaillances qui nous ont semblé terribles. On imaginait les commentaires échangés chez Red Bull, à ce propos, où l’on ne regrette probablement pas de s’être uni à Honda.
LANDO NORRIS, L’AUTRE RÉVÉLATION
Outre Charles Leclerc, ce début de saison à permis à un autre nouveau venu – encore plus jeune que le Monégasque – de se distinguer. C’est Lando Norris, Anglais, né à Bristol le 13 novembre 1999 – et qui n’a donc pas encore 20 ans ! Quoique tout nouveau en F1, il s’était déjà hissé en Q3 en Australie, se qualifiant en 8e position. Pour se contenter d’une modeste 12e place à l’arrivée sur une McLaren-Renault apparemment régénérée. Il a fait bien mieux à Bahrein où les McLaren ont confirmé leurs progrès : Sainz s’est qualifié 7e et lui 10e. Si l’Espagnol n’a pas été épargné dans les bousculades du premier tour, Norris lui, s’est glissé habilement dans toutes les confrontations pour marquer ses tout premiers points en championnat du monde en se classant rien moins que 6e devant Raïkkonen. Donc premier des « autres ». Avec Alexander Albon, lui aussi excellent débutant (à 22 ans), Norris partage le paradoxe d’avoir hérité d’un meilleur siège en F1 que George Russell (21 ans) qui les avait dominés l’un et l’autre en F2 l’an passé. Et qui doit se contenter de piloter une Williams, bien loin de valoir une McLaren (Norris) ou une Toro Rosso (Albon). Jusqu’à ce que l’ingénieur Patrick Head, de retour aux affaires, ne vienne remettre un peu d’ordre chez Williams. Si c’est faisable…
COTE D’AMOUR ET… DE DÉSAMOUR !
A Bahrein, nous avons aimé :
*** Leclerc ** Hamilton * Norris
Nous avons moins aimé :
°°° Renault °° Vettel ° Haas
Classement « Classic Courses » après le GP de Bahrein :
Nous avons aimé :
*** Valtteri Bottas - Charles Leclerc - Lewis Hamilton ** Max Verstappen * Lando Norris
Nous avons moins aimé :
°°° Ferrari - Renault °° Giovinazzi - Vettel ° Le circuit de Melbourne - Haas