LES JEUNES LOUPS MONTRENT LA VOIE
Tout était trop beau ! Longtemps que l’on n’avait vécu un grand prix aussi intense. Aussi indécis. Aussi prenant. Le règne répétitif des Mercedes était remis en cause. Ferrari avait enfin étalé les forces espérées. Charles Leclerc avait affiché du haut de ses 21 ans la tranquille assurance d’un pilote d’exception, éclipsant comme à Bahrein des champions du monde – Vettel et Hamilton. Mieux enfin : Max Verstappen, dans sa folle poursuite, paraissait soudain capable de dynamiter tout ça ! Plus les tours passaient, mieux sa Red Bull répondait à ses ambitions démesurées. Son retard sur Leclerc, le dominateur du jour, fondait comme de la neige dans la fournaise de Spielberg. L’affrontement entre les deux magnifiques jeunes loups déboucha sur le paroxysme tant espéré. La F1 revivait enfin. Hélas, trois fois hélas, les commissaires sportifs s’en mêlèrent encore ! Le sublime duel avait duré quelques secondes. Mais il entraina plusieurs heures de débats, gâchant tout. Tout ça pour aboutir à un non-lieu qui stigmatise l’incohérence règlementaire. L’essentiel n’est pas ce qu’il s’y est dit. Mais sur ce que l’on avait vécu sur la piste grâce à Verstappen et à Leclerc. Sur rien d’autre. La survie de la F1 en dépend. Personne en haut lieu n’est-il capable d’en prendre conscience ?
Johnny Rives.
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Résumé de la course f1.com
FERRARI DEUX FOIS BRIMÉ
GP d’Autriche 2019 – Acteurs et spectateurs s’accordent sur un point que le législateur de la F1 néglige obstinément : trop de place est laissée au tapis vert. On souhaite que les courses se disputent sur la piste et nulle part ailleurs. L’enquête (?) diligentée par les caciques à l’issue du duel Verstappen-Leclerc ne pouvait déboucher que sur un échec : priver Max d’une victoire acquise de haute lutte, ou ne pas accorder à Charles l’avantage qui, au Canada, avait été offert à Hamilton au détriment de Vettel. C’était soit l’injustice, soit l’incohérence. Cela explique la longueur inhabituelle que réclama la décision. Au Canada il avait été reproché à Vettel d’avoir contraint Hamilton de freiner pour ne pas l’accrocher à la suite d’une faute de pilotage dont Sebastian s’était pourtant sorti avec brio.
Lors du GP d’Autriche 2019, Verstappen a fait « pire » (?). Il a carrément poussé Leclerc hors de la piste, ce qui en théorie aurait dû être plus grave aux yeux du législateur. Mais, finalement, les commissaires n’ont vu là qu’un « fait de course ». Canada, Autriche : deux épisodes, deux jugements… et deux verdicts contraires ! Ferrari est en droit de se sentir lésé. L’erreur date du Canada. Pour ne pas la rééditer, les juges sont tombés dans l’incohérence. On applaudit au sauf-conduit accordé à Verstappen en Autriche. Mais il aggrave considérablement celui qui n’avait pas été accordé à Vettel au Canada. Pour échapper à ces erreurs paradoxales, un seul remède : priver les commissaires sportifs du trop large pouvoir dont ils ont le privilège. Et dont ils abusent jusqu’à l’ivresse. La redoutable ivresse du pouvoir, justement.
LES ERREURS DE FERRARI
Déçu, et on le comprend, par l’issue de l’imbroglio de Spielberg, Charles Leclerc n’a pas été battu seulement par le résultat de l’enquête menée (?) par les commissaires sportifs. Il a également été victime d’une erreur stratégique de son équipe. Qui contrairement à ce qu’avaient fait Mercedes et Red Bull s’est qualifiée en sorte d’aligner au départ ses deux F1 rouges en pneus tendres. Là où ses adversaires avaient eu la sagesse de choisir des pneus médiums, plus résistants, pour le départ. Résultat : Leclerc a dû changer ses pneus dix tours avant Verstappen. Si bien qu’en fin de parcours Max vit sa course-poursuite facilitée par des pneus en meilleur état que ceux de Charles. Il sut magnifiquement en tirer parti.
Ferrari a commis une autre bévue, payée celle-là par Vettel. Déjà handicapé pour n’avoir pu disputer la Q3, ce qui lui valut de partir en 9e position, l’Allemand fut victime d’un changement de pneus catastrophique – ses mécaniciens n’étant pas prêts quand il se rua à son stand. Il y perdit une bonne poignée de secondes (6 secondes d’arrêt au lieu des 2’’6 qui furent nécessaires pour Leclerc). Cela lui coûta possiblement la 3e place – qu’il concéda à Bottas pour moins d’une seconde.
LE TALON D’ACHILLE DES MERCEDES
« Ce fut pire que prévu », concéda Valtteri Bottas après la course. Celle-ci valut à Lewis Hamilton son pire classement de la saison (5e). Mercedes s’attendait à ce que ses belles W10 souffrent de la chaleur sur ce circuit où la réussite leur fait obstinément défaut. En tentant de surmonter cet inconvénient par un pilotage plus audacieux, Hamilton en paya la note par un changement de pneus qui dura 11 secondes – le temps de changer son aileron avant endommagé par des passages trop intempestifs sur les vibreurs délimitant les virages. Sa défaite était consommée. Bottas réussit à sauver la mise en préservant sa troisième place devant Vettel avec une marge aussi étroite qu’au GP de France où Leclerc avait menacé sa 2e place sans plus de succès. Les deux hommes de Mercedes ne cachent pas qu’ils envisagent avec la même appréhension le GP de Hongrie (4 août) disputé sur un circuit aussi étriqué et par une météo souvent suffocante.
McLAREN EMERGE DU PELOTON
Le résultat remarquable des McLaren au GP d’Autriche 2019 (Norris 6e, Sainz 8e) ne constitue pas une réelle surprise. On avait eu un premier aperçu des progrès dus à la nouvelle MCL34 quand Carlos Sainz s’était classé 6e à Monaco. Au GP de France, cela avait été mieux encore, quand Sainz et son équipier débutant en F1, Lando Norris (19 ans) s’étaient maintenus à l’avant du gros peloton des « autres ». Norris n’en avait été délogé qu’en raison d’une défaillance du circuit hydraulique en dépit de quoi il avait offert une résistance héroïque à Ricciardo.
A Spielberg, les circonstances faisaient de lui le leader de son équipe, Sainz ayant été rétrogradé en dernière ligne sur la grille pour « de nouveaux éléments moteur ». Tandis que l’Espagnol, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, effectuait une sensationnelle remontée le conduisant de la 19e à la 8e place, Norris se maintenait avec brio et constance à l’avant du peloton pour arracher une splendide 6e place au détriment de la Red Bull de Pierre Gasly, excusez du peu. Heureusement pour Renault que McLaren est là pour exploiter l’engin développé par les techniciens français à Viry-Chatillon. Car sur les F1 Renault officielles, Ricciardo et Hulkenberg ne disposent de toute évidence pas d’un châssis aussi compétitif. Il n’y a que le team principal de Renault, Cyril Abiteboul, pour estimer que son équipe est «au même niveau que McLaren».
THE MAGNIFICENT FIVE
On approche de la mi saison et l’occasion nous est offerte de paraphraser le titre de l’un des plus fameux westerns de l’histoire du cinéma : « The Magnificent Seven » de John Sturgess (en français : Les Sept Mercenaires). Car la lecture des résultats, après neuf des 21 grands prix programmés en 2019, permet de relever la domination impressionnante de cinq des 20 pilotes alignés depuis le coup d’envoi en Australie. A la seule exception du GP de Monaco, où Leclerc n’avait pas rallié l’arrivée, ils se sont régulièrement classés dans les cinq premiers avec plus ou moins de réussite – Hamilton dominant leur quintette avec ses six victoires. La seule 5e place leur ayant échappé est revenue à Gasly (Monaco), lequel, totalisant 43 points, devance largement les hommes de McLaren au championnat : Sainz (30) et Norris (22). Est-ce suffisant aux yeux des sévères dirigeants de Red Bull ? On en fait le vœux…
COTE D’AMOUR ET.. DE DÉSAMOUR !
A Spielberg, nous avons aimé :
*** Verstappen, Leclerc, Norris, Red Bull, Honda. ** Vettel, Sainz, McLaren. * Raïkkonen, Alfa Romeo.
Nous avons moins aimé :
°°° La règlementation sportive de la F1 (incohérente). °° L’équipe Haas. ° L’équipe Renault.
Classement « Classic Courses » après le GP d’Autriche 2019 :
Nous avons aimé :
14 * Lewis Hamilton - 11 * Max Verstappen 8 * Valtteri Bottas - Leclerc 7 * Vettel 6 * Mercedes 4 * Norris 3 * Ferrari - Sainz - Red Bull - Honda 2 * Renault - McLaren 1 * Albon - Perez - Gasly - Stroll - Hulkenberg - Ricciardo - Circuit Gilles Villeneuve - Raikkonen - Alfa Romeo
Nous avons moins aimé :
-9 ° Renault -8 ° Ferrari - Règlement sportif -4 ° Haas -3 ° Kvyat -2 ° Giovinazzi - Vettel - Ricciardo -1 ° Le circuit de Melbourne - Grosjean - Stroll - Mc Laren - Alfa-Romeo