Voyage en Italie – 1
Eric Clapton. Il y a quelques décennies de cela, je manquais l’un de ses concerts. Et ensuite, plus rien ne put être envisagé : voeux pieux, espoirs déçus, calendriers difficiles. La vie était-elle à ce point faite de renoncements ? ! Certes pas. L’idée fut remise à l’ordre de jours qui fuyaient comme lumière. Et me voici à nouveau invité à la rencontre de « God ».
Mais il en va de « God » comme des hommes, une poignée de main hasardeuse, un baiser malheureux et le Covid vous met à l’ombre pour quelques lunes. Concert annulé. Déjà sur place, nous n’avions plus qu’à visiter la belle ville de Bologna, ses colonnades, ses saints, ses ocres. Sous un ciel de mai.
Mais que faire ensuite ? Maranello n’était pas loin et Clapton un vrai tifosi. Tout cela devenait cohérent. Comme un rendez-vous qui en appellerait un autre. Au moins.
Olivier Rogar
A suivre …
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Si vous souhaitez écouter Clapton en lisant cet article, c’est ici.
Clapton – Bologna, rendez-vous de mai
Le « sold out » s’est transformé en « Cancelled ». A nous d’imaginer la vie qui va sans Clapton, du moins pour ces quelques jours !
Bologna, la vieille ville universitaire conserve un centre historique préservé de la sur-fréquentation touristique. Une ambiance bon enfant. Ici familles comme étudiants se réunissent le soir sur les places ou devant les maisons pour parler, boire un verre, parler toujours tandis que les « bambini » cavalent partout en riant. Vous déambulez à la recherche d’un restaurant, d’une église ou d’un monument et vous êtes pris par cette ambiance. La tension tombe, les nerfs se relâchent. Vous trouvez que la vie est belle. Et vous vous posez devant un verre de bon vin.
Clapton et Ferrari
Comme guitariste, Clapton n’a jamais rien eu à envier à quiconque. Toutefois comme il l’a dit, son ami Georges Harrison était pour lui un exemple à suivre. N’y voyez aucune allusion au parcours de Pattie Boyd qui a été successivement leur épouse pour une décennie chacun. Leur muse aussi. Elle a inspiré entre autres « Something » à Georges Harrison et « Layla » à Eric Clapton. La dame devait avoir quelque chose. Et c’est également par Harrison que Clapton a découvert Ferrari.
Il le raconte dans sa biographie : » Georges avait un grand sens de l’esthétique et il était bon d’observer ce qu’il faisait. Vous savez dans le genre » Que va-t-il acheter bientôt ? » Jusqu’alors il avait surtout eu des Mercedes Pullman et un jour il est apparu dans cette voiture de sport et c’est la première fois que j’en voyais une en vrai. C’était une Ferrari 365 GTC bleu nuit avec l’intérieur biscuit. C’était la chose la plus belle que je n’avais jamais vue.
J’aimais son esthétique subtile, simple et chic qui contrastait avec ses énormes roues. J’en ai aussitôt commandé une blanche. A cette époque je ne pouvais conduire que des voitures automatiques. Lorsque Mike Salmon vint me la livrer, il me proposa aussitôt de l’essayer. Je n’ai pas eu le courage de lui dire que je ne savais pas la conduire. J’ai donc menti en lui disant que j’avais des obligations à l’extérieur. Ils ont laissé la voiture là et j’ai appris seul à utiliser une boîte manuelle avec cette voiture. Je l’ai gardée longtemps. Pendant un temps je l’ai faite repeindre en violet métallisé. Après avoir mordu, j’ai du en avoir une trentaine. »
Parmi les plus notables, une 250 GT Lusso, une F40, une Enzo et plusieurs BB 512. Un modèle qui l’a marqué au point de commander au département One to One de Ferrari, une voiture unique, rappelant la célèbre Boxer. Développée sur une base de 458 Italia, avec un V8 de 570 ch, elle a été construite en deux années pour une somme assez conséquente. C’est le modèle SP12 EC.
Maranello en mai
Après avoir visité Bologna, rien ne semblait plus évident que de prendre le cap de Maranello.
Une petite bourgade ouvrière au coeur des plaines fertiles d’Emilie Romagne. Première impression curieuse de cette ville vivant de et pour Ferrari. On l’imagine cossue et vouée au culte de la marque la plus célèbre du monde. On ne pense pas trouver d’immeubles sombres, de magasins murés ou fermés en attente de jours meilleurs. Ici comme ailleurs, le Covid a scellé le destin de nombre de commerces.
Mais un premier rond point éclaire le paysage, dominé par le Cavallino Rampante, face à l’église dont, au temps du Commendatore, le curé faisait sonner les cloches les dimanches de victoire. Est-ce toujours le cas ?
Plus loin la ville s’est étendue, les quartiers sont différents, plus résidentiels ou industriels, c’est selon. L’emprise de Ferrari est omni-présente. La piste de Fiorano est désormais dans le ville tellement celle-ci s’est étendue. Le musée Ferrari aussi moderne que le bâtiment de la Scuderia écrasent de leurs masses l’entrée historique de la marque. Si elle semble désormais bien désuète, elle vous fait puissamment ressentir le poids de l’histoire. Le Drake passait ici chaque jour…
Lo Smeraldo
15h00. Bien tard pour être reçu par le moindre restaurateur. Pas ici. Lo Smeraldo est encore ouvert. On s’excuse de ne pouvoir vous servir que des pizza. Mais quelle pizza et quel accueil. Lello Apicella, le maître des lieux, à Maranello depuis quarante ans, n’est pas là. Quelques hommes jeunes déjeunent à une grande table. Plusieurs d’entre eux ont des badges Ferrari…
Maquettes, combinaisons, moteurs, casques, éléments de carrosserie, livres, photos : tout ici évoque Ferrari. Pensez, le lieu est fréquenté par pilotes, board, ingénieurs anciens ou actuels et nombre de personnages qui ont connu l’époque héroïque. Ici vous respirez l’air de Ferrari. Lo Smeraldo partage cela avec le « Montana » l’antre de Schumacher notamment. Le célèbre « Cavallino », l’ancien cantine d’Enzo Ferrari, a mué en un établissement gastronomique. Perdant son âme en même temps que sa simplicité.
Pilote et gentleman
Comment passer ici sans y déposer le livre qu’on a fait avec José Valli, sur Patrick Tambay ? Le rouge est mis. Si l’on nous fait l’honneur de le mettre dans la vitrine avec les autres livres que nous connaissons, pour la plupart sur Ferrari, ce sera un honneur pour nous, pour Patrick. J’aurais même la prétention de dire qu’il ne déparera pas.