Depuis le temps que nous en entendions parler, nous avons voulu nous faire une idée sur le salon Epoqu’Auto, sorte de pendant automnal et provincial du Rétromobile hivernal et parisien.
Classic COURSES
C’était l’été à Epoqu’Auto !
Samedi matin : ça bouchonne dès la sortie d’autoroute et nous devons patienter dans la longue file qui processionne jusqu’au parking du Parc Eurexpo de Lyon. Mais les quelque 45 minutes d’allure escargot sont heureusement agrémentées par La présence, devant nous, derrière, en face et un peu partout, de voitures de collection de tous âges et tous acabits, que leurs propriétaires ont tenu à sortir, peut-être une dernière fois cette année, pour profiter de la météo d’une extravagante douceur dont bénéficie le pays tout entier.
Heureusement, une fois la voiture garée, l’accès est beaucoup plus rapide, du moins quand on a pris la précaution d’acheter son billet à l’avance. Dès l’entrée, nous sommes favorablement impressionnés par la taille du salon, comparable à celle de Rétromobile. Mais l’ordonnancement des stands n’est pas le même ici : hormis les motos qui ont été regroupées dans une vaste zone spécifique, c’est souvent le hasard ou l’ordre d’inscription qui semblent avoir présidé à la répartition des stands au sein des deux immenses halls traversés ici ou là par les rayons du soleil. Mais il n’est pas forcément désagréable de passer, au fil d’une déambulation contrariée par une foule compacte, des miniatures à l’assureur d’anciennes, des pièces détachées au club de marque, des vieux papiers au marchand de voitures de prestige.
En revanche, on peut regretter que les voitures ne soient pas davantage mises en valeur : aussi bien l’éclairage que la disposition façon parking de supermarché qui prévaut sur de nombreux stands sont un peu décevants. Les Salmson et les Rolls-Royce d’avant-guerre bénéficient certes d’un peu plus d’espace, mais seule la DS, pour son 60eanniversaire, a eu droit à un réel effort scénographique. Epoqu’Auto est aussi beaucoup moins international que Rétromobile. Ici ou là, on avise un marchand italien ou allemand, mais pas d’Anglais, Lyon doit être trop loin du Channel. En fait, Epoqu’Auto, c’est un peu le Rétromobile d’il y a 20 ans, avant que le fric et la spéculation ne viennent en altérer l’ambiance. Ici, on ne croise pas de jeunes péteux arrogants en costume noir et mocassins brillants, pénétrés de leur importance devant la 250 GT ou la Miura qu’ils sont chargés de surveiller en attendant l’émir moyen-oriental qui l’ajoutera à sa collection de parvenu des sables ou le trader cocaïné qui y verra un bon placement susceptible de le démarquer de ses collègues parasites de la finance mondialisée.
Mais foin de ces récriminations inutiles sur la décadence de notre monde, profitons plutôt de quelques rencontres, qui sont sans doute le principal intérêt de ce genre de manifestations. Attablés pour un café avec Pierre-André Guyot, venu en car avec les amis de son club suisse, nous regardons quelques photos datant du temps où il était mécano de l’écurie Bonnier en 1972. Et nous parlons du livre sur JoBo qui est en préparation en Suède depuis plus de 10 ans et qui enfle, qui enfle … : les 500 pages sont dépassées, paraît-il !
Puis, sur le grand plateau Autodiva, nous devisons avec Gérard Gamand qui nous révèle qu’il a dû batailler ferme il y a 7 ans pour faire admettre des voitures de course dans ce salon consacré aux populaires, type 4 CV et 403 de grand-papa. De fait, hormis une belle 924 GTP Le Mans 1981 sur le stand « youngtimer » des Porsche 924-944, il n’y a pas de voitures de compétition ailleurs que sur le stand du magazine. Beau plateau d’ailleurs, où l’on voit notamment une bestiale Cheetah « continuation » et plusieurs représentantes de la grande époque du bleu de France : deux Pygmée (une F2 et une F3 qui sort tout juste de restauration), une AGS F2, une Grac, un Djet 6 Matra. Avec Gérard, nous sautons du coq à l’âne, de la difficulté d’écrire un livre à la comparaison avec Rétromobile, du succès du salon (60 000 visiteurs attendus) au sommaire du prochain numéro, … Jean-Marc Teissèdre se joint à notre conversation et nous parlons de feu Gianpiero Moretti qui se refusait, nous dit JMT, à acheter une Lola car « aux USA, Lola, ce n’est pas une voiture de course, c’est la bonne mexicaine ! ». Heureusement pour Eric Broadley, les Américains ne se sont pas tous laissé arrêter par ce détail …
Il est bientôt 16 heures, la fatigue se fait sentir et quelques emplettes raisonnables nous ont fait atteindre notre quota de dépenses autorisées. Nous regagnons donc notre voiture sur un parking où il fait plus de 20 degrés et allons pouvoir profiter d‘une belle lumière finissante sur la route qui nous mènera à notre camp de base, dans les monts du Mâconnais. Nous ne reviendrons pas forcément à Epoqu’Auto, insuffisamment axé sur la compétition à notre goût ; mais l’événement vaut la peine d’être découvert et nous ne pouvons que louer la qualité globale de ce salon entièrement organisé, il faut le rappeler, par les bénévoles de l’association « Amateurs d’Automobiles Anciennes de Lyon ». u
Illustrations : © Alain Hache et Olivier Favre