« Equilibre » telle serait la définition d’Epoqu’Auto s’il fallait la formuler. Equilibre entre les hommes et les machines. Entre la compétition et le tourisme. Entre les exposants et les valeurs.
Vous l’avez compris le salon est trop grand – et accessoirement il fallait aussi tenir un stand – pour que ce compte rendu soit exhaustif. Nous avons été contraints de faire des impasses pour nous focaliser ce qui nous a le plus fait vibrer.
Olivier Rogar
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Epoqu’Auto 2022 1/2
Depailler by Loïc
A cinq ans il terrorisait l’allée des stands du Ricard sur sa mini moto aux couleurs Alfa Romeo. Loïc Depailler porte bien son nom et s’est depuis longtemps forgé un prénom. Son association avec ELF pour rendre hommage à son père Patrick Depailler, est une belle idée qui a séduit nombre de visiteurs puisque le stand aux couleurs ELF, animé par Loïc et Emmanuel Pozet (ELF) était en permanence saturé.
Qu’ils soient Clermontois, passionnés de sport automobile, de F1, de F2, de Sport Protos, de moto, tous ont été marqués par le parcours de ce fumeur de gitanes vif comme l’éclair. Soutenu à ses débuts par Jean-Pierre Beltoise – on ne dira jamais assez le rôle de ce dernier dans la résurrection du sport automobile en France – il a franchi graduellement tous les paliers pour vaincre en Formule 1.
Parmi ses nombreuses montures, il était difficile de tout réunir. Sont donc présentes des autos emblématiques, symbolisant fidèlement son parcours. De l’Alpine F3 des débuts en 1968 à la Renault A443, longtemps en tête au Mans en 1978, en passant par la March 742, le modèle sur lequel il a remporté son titre européen F2 en 1974 et par la Tyrrell P34 de 1976, qui a marqué les esprits avec ses six roues et sa compétitivité. ( Tyrrell, 3e du championnat 1976, Scheckter 3e et Depailler 4e).
Il en sera autrement avec l’évolution 1977 de cette auto. Good-Year décidera en effet de ne plus fabriquer les mélanges de gommes spéciaux qui convenaient si bien la saison précédente. Tous les réglages seront tentés, les voies avant seront élargies à l’extrème mais rien n’y fera, la magie de 1976 ayant définitivement disparu.
Toutefois, en toute chose, même difficile, il peut y avoir du bon et il en sera ainsi de cette saison 1977. En effet Jody Scheckter (victorieux au GP de Suède 1976 avec la P34) ayant tenté l’aventure Wolf, sa place auprès de Depailler est prise par Ronnie Peterson. The flying Swede, réputé être le pilote le plus rapide de cette époque ne fera que mettre en valeur la compétitivité de Patrick qui le dominera tout au long de la saison. (20 points/ 7 au championnat).
On se posait cependant une question sur la version exposée ici, sa carrosserie est celle de la version 1976 mais sa décoration est celle de 1977, de même que le nom du pilote, Peterson, est lié à la saison 1977. Erreur de la part du propriétaire, on en doute. Peut être aurait-il souhaité avoir dans sa collection la voiture de Peterson et non celle de Depailler ou Scheckter ? …. Peut-on lui suggérer de faire tourner Loïc dessus et lui restituer sa livrée d’époque ?
Et concernant nos interrogations auxquels les annuels de l’époque n’ont pu nous permettre d’apporter d’éclaircissement, la lumière est donc venu du talentueux Pierre Ménard. Vous pouvez lire sa réponse dans les commentaires ci-dessous. Pour Monaco 1977, pour des raisons d’empattement, Tyrrell aurait ressorti la P34 de 1976 décorée aux couleurs de 1977.
On aurait aimé aussi voir la Tyrrell 008 de la première victoire à Monaco en 1978, ou la Ligier du GP d’Espagne 1979. Un prochaine fois peut-être si ELF continue à mettre intelligemment en avant son passé sportif et les hommes qui y ont contribué. Car l’aventure fut exceptionnelle et ne peut être qu’une source d’inspiration pour les nouvelles générations.
« Pilote et Gentleman » à Epoqu’Auto
« Patrick Tambay Pilote et Gentleman » de José Valli, fait un beau parcours. Comment oublier que c’est chez Jean-Paul Brunerie, lors d’une réunion Classic Courses, à Viallevaleix (19), à laquelle j’avais convié Patrick, que celui-ci m’avait demander de trouver quelqu’un pour écrire sa biographie ? Cette soirée sous les étoiles, Pierre Ménard jouant de la guitare et chantant du Clapton, Jean-Paul faisant cramer sa réserve de Solexine, Patrick déjà atteint par parkinson me disant en se marrant : « Maintenant, je pourrais jouer de la batterie ! », a été un moment aussi émouvant que magique. Un de ceux dont on se souviendrait, nous le savions .
Ici, comme l’a fait Jean-Pierre Jarier, tous les copains demandent des nouvelles de Patrick. Nous demandent aussi quel sera le prochain opus de Classic Courses. Sachez que la réflexion est en cours. Quelque chose est en train de germer. En attendant nous souhaitons un bon rétablissement à Patrick qui aurait bien aimé être avec nous ici aussi.
Paulo Antunes et la Facel Vega du Mans
Paulo Antunes préside depuis 2009 aux destinées de la Carrosserie Antunes installée à côté de Roanne, à Villerest (42300). Il découvre la marque Facel Vega alors que, jeune carrossier, un client lui propose d’effectuer la restauration de sa voiture. Subjugué par l’esthétique, la finition et la puissance de l’auto (moins par l’ingéniérie), il plonge passionnément dans l’univers de Jean Daninos, le créateur de la marque.
Il se rend compte que pour les 3000 voitures produites et dont une grande partie a survécu, aucune maison en France ou ailleurs ne s’est spécialisée dans la préservation de ces modèles. Il se lance donc et devient « LE » restaurateur des belles françaises.
Quand on parle de restauration, il ne s’agit pas simplement de redressage de tôles ou de peinture. Paulo va beaucoup plus loin avec sa petite équipe : ils sont capables de reconstruire ces autos. Vous pouvez l’imaginer en observant les photos ci-dessous :
On se rend compte avec ces quelques illustrations que Paulo Antunes est un homme de défis. Ce qu’il réalise est déjà une performance mais lorsqu’il découvre que Facel Vega envisageait d’engager un prototype à moteur central aux 24 Heures du Mans 1965, il n’a de cesse que de recueillir toutes les informations possibles sur le sujet.
Ce n’est pas simple, car la marque a été mise en liquidation en 1964, le ministre des finances de l’époque (Valéry Giscard d’Estaing), n’ayant pas jugé une voiture propulsée par un moteur américain digne d’être sauvegardée au même titre qu’un monument national… Les pièces détachées dévolues au projet ont été restituées aux fournisseurs et les plans dispersées avec les actifs de la société Facel SA.
Mais la chance souriant aux audacieux, un client de la Carrosserie lui révèle détenir une partie des plans… Ce qui permet une modélisation en 3D de la voiture. Avec d’ores et déjà, la possibilité de reconstituer non seulement la carrosserie mais aussi le châssis de l’auto. Le moteur est trouvé aux USA. Un gros V8 Chrysler. Bon modèle. Bonne année. De son côté la boîte est tracée chez Trasmissioni Colotti . Ils ont tout conservé et continuent de produire et d’entretenir leurs anciennes productions.
Tout le reste sera refabriqué aussi précisément que possible avec les éléments en la possession de Paulo Antunes ou avec un peu de feeling lorsque l’absence d’information ne donnera pas d’autre choix. En toute humilité il est envisagé de pouvoir faire tourner la voiture lors des 24 Heures du Mans 2024, 60 ans après la naissance du projet originel. Si tout se passe bien. Ce que nous leur souhaitons.
Une affaire à suivre !
Ah la belle Epoque !
Outre celles que nous montrons ici, il y avait en exposition des Bugatti, Delage, Delahaye, Facel Vega, Hotchkiss, Panhard et Levassor et Salmson. Une époque qui va des années folles aux années 60. Des autos destinées aux classes les plus aisées et qui ont disparu avec ce point de bascule qu’ont été les 30 glorieuses et la démocratisation du rêve automobile. Nous sommes toujours interpellés par la multitude des formes, des couleurs et des marques qui allait avec cette exclusive et s’est effacée avec le temps pour aboutir à une uniformisation faite de carapaces de tortues pachydermiques et de grisaille généralisée…
Coups de coeur…
Nos autres coups de coeur sont allés à quelques véhicules exposés ou destinés à la Vente aux enchères organisée par Osenat (Catalogue ici) . Pour finir en mettant le rêve à portée de tous, nous illustrerons ces lignes avec la VW Coccinelle de 1964, modèle export. Nous avions la même dans la famille et c’est la première fois que j’ai le plaisir d’en revoir une en tous points conforme à la notre. ( Au détail de ces curieux clignotants sur les montants de pavillon, près).
…et coups de sang !
Inimaginable de finir sur une touche qui ne soit pas sportive. Voici donc de quoi animer d’autres rêves que ceux d’une balade tranquille.