Hommage
9 janvier 2020

DNF 2019

Comme chaque année, je vous propose un dernier hommage à celles et ceux qui ont quitté la course durant l’année écoulée.

Olivier Favre

Chaque année depuis 2014 voit disparaître un grand nom de la F1. Après Jack Brabham (2014), Jean-Pierre Beltoise (2015), Chris Amon (2016), John Surtees (2017) et Dan Gurney (2018), ce fut au tour de Niki Lauda de tirer sa révérence en 2019. Classic Courses lui a rendu hommage comme il se devait, il y a quelques mois : https://www.classiccourses.fr/2019/05/23/niki-lauda-le-rebelle/

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Niki Lauda n’était pas toujours grave … – © DR

Après ce rappel, commençons par les doyens. Morts tous trois à 98 ans, ils partageaient la caractéristique, devenue rare aujourd’hui, d’avoir participé aux 24 Heures du Mans dans les années 50 :

Georges Harris, doyen des pilotes belges qui comptait deux participations aux 24 heures du Mans sous les couleurs de l’Equipe nationale belge (7e en 1957 avec Lucien Bianchi).

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Georges Harris – @ DR

Norman Dewis, pilote d’essais pour Jaguar (il y développa notamment les freins à disques) pendant plus de 30 ans, jusqu’en 1985, et membre de l’équipe officielle Jaguar aux 24 Heures du Mans 1955.

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Norman Dewis, figure emblématique de Jaguar – © DR

Jim Russell, pilote de talent (trois fois champion d’Angleterre F3 dans les années 50) jusqu’à son grave accident au Mans en 1959 ; et surtout fondateur de l’école de pilotage portant son nom, par laquelle sont passés nombre de champions depuis plus de 50 ans.

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Combien de pilotes doivent une partie de leur carrière à Jim Russell ? – © DR

Ajoutons à cette petite liste le nom de Jean-Marie Dumazer, plus connu pour ses fonctions ultérieures de patron du service compétition chez Elf, mais qui avait lui aussi participé au Mans en 1956, 57 et 58.

Chronologiquement plus proches de nous étaient d’autres pilotes vus au Mans dans les années 60, 70 ou 80 :

  • L’Anglais Ed Nelson (une participation en 1968 sur Lola T70).
  • L’autre Anglais Richard Cleare : trois participations mancelles, avec deux victoires de groupe à la clé (Groupe 4 en 1982 – Porsche 934, IMSA-GTP en 1984 – March 85G).
  • Le Suisse Jean-Jacques Thuner, qui décrocha une victoire de classe en GT en 1965 avec une Triumph, marque pour laquelle il disputa aussi de nombreux rallyes.
  • Le Suisse d’origine autrichienne Karl Foitek, trois participations consécutives entre 1961 et 63 et autant d’abandons. On le vit aussi en monoplace, notamment en courses de côte.
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Karl Foitek était le père de Gregor Foitek, vu en F1 il y a 30 ans – © DR
  • L’Italien Carlo Maria Abate, qui participa aux trois mêmes éditions que Foitek, mais n’eut pas plus de succès. Son principal fait de gloire fut la victoire à la Targa Florio 63 avec Jo Bonnier sur Porsche.
  • L’autre Italien Spartaco Dini ; pilier de l’écurie Autodelta pendant 10 ans, il pilota toutes les  Alfa de course et fut notamment champion d’Europe Tourisme Division 2 en 1969 (Alfa GTA Junior). Six participations au Mans entre 1966 et 1980, avec notamment une 5e place en 1968 (Alfa 33/2).

Chez Autodelta Dini côtoya Giovanni Galli, dit “Nanni Galli”, également disparu en 2019 et qui nous permet la transition vers la F1. Une catégorie où il n’eut guère de satisfaction, ne marquant aucun point avec les March, Tecno et Iso-Williams qu’il pilota entre 1971 et 73. Il eut néanmoins le rare privilège d’être pilote d’usine Ferrari en une occasion (GP de France 72 en remplacement de Regazzoni, blessé). Il connut davantage de succès en protos, surtout chez Alfa où il accumula les places d’honneur dans la plupart des grandes courses d’endurance, sans toutefois jamais monter sur la plus haute marche. C’est à la Targa Florio que, deux fois (2e en 1968 avec Giunti et en 1972 avec Marko), il en fut le plus proche.

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« Nanni Galli » fut aussi de l’aventure Matra (Le Mans 69) – © DR

Outre Lauda et Galli, la F1 a perdu en 2019 deux pilotes qui partageaient la particularité d’avoir disputé un seul Grand Prix, la même année et à domicile :

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Le Sud-Africain Neville Lederle, 6e du GP d’Afrique du Sud 1962 (Lotus 21) ; un point marqué pour un seul Grand Prix de championnat, les statisticiens pourront nous dire s’il s’agit d’un cas unique dans l’histoire de la F1 …

Le Néerlandais Bernardus Marinus “Ben” Pon, qui abandonna au GP des Pays-Bas 1962 (Porsche). Il se fit davantage remarquer par ses 6 participations au Mans, de 61 à 67, toujours sur Porsche, avec 2 victoires de classe à la clé. Il participa aussi aux Jeux Olympiques d’été 1972 à Munich en tir à la carabine, puis se lança dans le commerce du vin.

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Ben Pon – © DR

Deux autres disparus de 2019 tâtèrent de la F1, mais échouèrent à se qualifier pour leur Grand Prix national :

L’Anglais Alan Rollinson, recalé au GP d’Angleterre 1965, mais qui eut davantage de succès au volant d’autres monoplaces (Junior, F3, F2, F5000) ;

L’Allemand Hubert Hahne, mortifié par son échec aux essais du GP d’Allemagne 1970 avec sa March 701. C’est là-dessus qu’il mit un terme à une carrière jalonnée de quelques belles performances en F2 (2e du championnat d’Europe 1969 derrière Servoz-Gavin) et en Tourisme (victoire aux 24 h de Spa 1966 avec Jacky Ickx). Notons qu’il participa quand même à trois GP d’Allemagne sur le Nürburgring, à l’époque (1966-68) où les F2 étaient appelées à compléter le plateau.

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Hubert Hahne au volant de sa BMW F2 – © DR

Pour en terminer avec les pilotes de monoplaces, évoquons l’Anglaise Natalie Goodwin, vue régulièrement au sein des plateaux anglais et européens de F3 de la seconde moitié des sixties ; et, plus tristement encore, le jeune espoir Anthoine Hubert, tragiquement disparu à Spa en août dernier.

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Anthoine Hubert – © DR

Passons aux patrons d’écurie en évoquant le décès de deux personnages dont le nom est intimement lié à BMW :

Charly Lamm disparu subitement à 63 ans, alors qu’il venait de prendre sa retraite. Son nom était indissociable du team Schnitzer, qu’il mena vers une multitude de succès en catégorie tourisme et en DTM, mais aussi aux 24 Heures du Mans 1999.

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Charly Lamm – © DR

Luigi Cimarosti, qui était sans doute, cas rare, plus connu par son prénom que par son nom. Qui ne se souvient des BMW CSL Luigi, multi-victorieuses en championnat d’Europe Groupe 2 et aux 24 Heures de Spa dans les années 70 ?

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Luigi Cimarosti, le sorcier de Comblain-au-Pont – © DR

De BMW à Mercedes il n’y a qu’un pas que nous franchissons avec le Portugais Domingos Piedade, ancien patron d’AMG et, auparavant, manager de pilotes et team-manager de l’équipe Joest lors de ses deux victoires successives au Mans en 1984 et 85.

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Domingos Piedade – © DR

Décès également de Jean-Paul Driot, fondateur en 1988 de l’écurie DAMS, qui s’est bâtie un palmarès impressionnant dans quasiment toutes les formules monoplaces pour aspirants pilotes de F1, sans compter la formule E. Chez les Britanniques, signalons le décès de Tommy Sopwith, ancien pilote de saloon cars, fondateur de l’écurie Endeavour, puis pilote de bateaux de course.

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Jean-Paul Driot était aussi le D de l’écurie GDBA – © DR

En montant d’un cran, évoquons la disparition de deux “tycoons” :

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Aux Etats-Unis, Lee Iacocca, ingénieur de formation qui gravit les échelons chez Ford (où il lança la Mustang), avant de “sauver” Chrysler dans les années 80.

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Lee Iacocca, une légende de l’automobile américaine – © DR

En Europe, Ferdinand Piëch, neveu de Ferdinand Porsche, ‘”père de la 917”, puis de l’Audi Quattro et grand patron de Volkswagen qu’il oriente vers le grand luxe en rachetant successivement Bentley, Bugatti et Lamborghini dans les dernières années du XXe siècle.

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Ferdinand Piëch – © DR

Concernant les rallyes, dont nous essaierons de parler plus souvent dans Classic Courses en 2020, il y a eu plusieurs disparitions notables :

Jean-Luc Thérier bien sûr, auquel nous avions rendu hommage l’été dernier (https://www.classiccourses.fr/2019/08/03/jean-luc-therier-un-grand/).

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Jean-Luc Thérier, un extraordinaire talent naturel – © DR

Mais aussi l’Ecossais Andrew Cowan, ami d’enfance de Jim Clark etrallyman réputé qui obtint ses plus retentissantes victoires dans les marathons : Londres-Sydney 68 (Hillman Hunter), Londres-Sydney 77 (Mercedes 280 SE) et le Tour d’Amérique du Sud 1978 (Mercedes 450 SLC), le plus long rallye jamais organisé (plus de 28.000 km !). Il dirigea ensuite le service compétition de Mitsubishi (Mitsubishi Ralliart Europe), qu’il conduisit à cinq titres mondiaux en rallyes (quatre pour Tommi Mäkinen et un pour la marque) de 1996 à 1999.

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Andrew Cowan, l’homme des marathons – © DR

L’Anglais Russell Brookes, moins connu mais qui fut deux fois champion d’Angleterre des rallyes et un habitué des places d’honneur du rallye RAC (trois podiums consécutifs de 1977 à 79), ce qui suffit à situer sa valeur alors que cette épreuve attirait les plus grands pilotes de son époque.

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Russell Brookes – © DR

Guy Verrier, qui pilota des autos de plusieurs marques (CD, Lancia, Alpine, Porsche, …), en circuit comme en rallye, mais dont le nom est surtout associé à Citroën. Il y fut pilote dans les années 60, puis directeur de la compétition dans les années 80.

Et Claude Roure, qui a participé à l’épopée Alpine en rallye, notamment en tant que navigateur de son ami Jean-Pierre Nicolas.

De l’autre côté de l’Atlantique sont à déplorer les disparitions de deux légendes de la NASCAR :

Junior Johnson, pilote aux 50 victoires (mais jamais titré) dans les années 55-65, qui fut le premier à adopter la technique de l’aspiration, puis patron d’écurie à succès (6 titres avec Cale Yarborough et Darrell Waltrip). Mais aussi trafiquant d’alcool dans sa jeunesse, ce qui lui valut une année de prison et le privilège, plus tard, d’être immortalisé par Bruce Springsteen dans Cadillac ranch.

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Junior Johnson – © DR

Glen Wood, pilote NASCAR (4 victoires) et co-fondateur avec son frère Leonard de la célèbre écurie Wood brothers aux 99 victoires en NASCAR (série en cours) et qui “inventa” le pit stop moderne.

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Glen Wood – © DR

Ainsi que celles de :

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Charlie Hayes, un habitué du challenge Can-Amdans ses premières années, en particulier avec sa McKee.

Bill Simpson, pilote en formule Indy entre 1968 et 77 (une participation à Indy 500 en 1974), mais davantage connu pour sa compagnie Simpson Performance Products, spécialisée dans les équipements de sécurité (casques, combinaisons, gants, …) pour pilotes.

Monte Shelton, pilier de la série Transam dans les années 70 et 80 et que l’on vit aussi en Can-Am et dans les courses longue distance (3e des 24 H de Daytona 79).

Horst Kwech, autre pilote incontournable en Transam à la fin des années 60.

Jessi Combs, la femme la plus rapide du monde, qui s’est tuée dans un désert de l’Oregon en tentant de battre son record de vitesse.

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Jessi Combs – © DR

Après les pilotes, évoquons tous les autres, ceux qui leur permettent de courir. A commencer par Robin Herd qui, tout comme Lauda chez les pilotes, est le grand disparu de 2019 chez les concepteurs. Après avoir débuté sa carrière sur le projet Concorde, il passe chez McLaren en 1965 où il dessine la première F1 de la marque, dessine la Cosworth à 4 roues motrices qui ne courra jamais, puis fonde March en 1969. Il y restera près de 20 ans durant lesquels la firme se couvrira de lauriers dans presque toutes les disciplines (en particulier la F2 dans les seventies et l’Indycar un peu plus tard), à la notable exception de la F1 (trois victoires seulement).

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Grand fan de foot, Robin Herd présida aussi le club de sa ville, Oxford – @ DR

Outre Herd, le cercle des premiers employés de Bruce McLaren s’est encore réduit avec la disparition de Wally Willmott, ex-mécano de Bruce chez Cooper et qui participa à la construction des premières F1 de la marque.

Charlie Whiting, fut quant à lui chef-mécanicien chez Brabham à l’époque des succès de Nelson Piquet, puis jusqu’à ses derniers mois directeur de course de la F1.

Charlie Whiting, directeur de course de la F1 pendant plus de 20 ans – © DR

Enfin, mentionnons la mort de Beat Schenker, le mécano de Silvio Moser et celle d’André Desaubry, pilier de l’aventure Alpine où il grimpa les échelons après avoir été le mécano de Patrick Depailler.

Pour finir, citons encore quelques personnages marquants :

Marc Nicolosi, l’inventeur de Rétromobile (https://www.classiccourses.fr/2019/11/28/marc-nicolosi-retromobile/)

Le styliste Luigi Colani, le prolifique inventeur du bio-design.

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Luigi Colani – © DR

Pierre Darmendrail, auteur et l’un des animateurs de la librairie Motors Mania, bien connue des aficionados et dont la renommée dépasse largement les frontières du Béarn.

Denis Sire, dessinateur passionné par tout ce qui roule ou vole en faisant du bruit.

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Denis Sire – © DR

Hideki Yoshida, artiste japonais installé en France de longue date.

Gilbert Sabine, qui avait pris la suite de son fils, Thierry, à la tête du Paris-Dakar.

Jean Berger, ancien directeur de courses sur le circuit de Reims-Gueux.

Jean-Claude Bouttier, qui était d’abord boxeur bien sûr, mais qui fut aussi l’un des piliers du Stars Racing Team fondé par Moustache dans les années 70.

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Jean-Claude Bouttier – © Michel Clément/AFP

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