10 novembre 2012

Circuit Paul Ricard, année zéro, par Johnny Rives

Johnny Rives… 

Sait-il ce que nous avons été capables de faire pour lire ses articles au sortir des imprimeries ?  Sait-il quelles passions il a  nourries des années durant  ?  Sait -il les discrètes leçons d’intégrité qu’il nous a prodiguées ?  Sa simplicité laisserait à penser que non.  Son oeil   à la fois attentif , amusé et concentré  est pourtant de ceux auxquels rien n’échappe.

Johnny Rives  se souvient pour Classic COURSES des circonstances dans lesquelles ces deux fameuses photos ont été faites.  Nous l’en remercions.

 

Classic COURSES

Jean-Pierre Beltoise, François Mazet, Johnny Rives, Jean-Pierre Jabouille, Jean-Pierre Paoli

On retrouve le même groupe, diminué par l’absence de Paul Ricard, disparu entre temps,

lors du 40e anniversaire du circuit en octobre 2010.

A la fin des années 1960, une fois définitivement arrêtée sa décision de construire un circuit automobile sur le plateau aride du Camp du Castellet, au-dessus de Bandol, Paul Ricard donna le feu vert à Jean-Pierre Paoli pour mener à bien ce projet.

Un projet inattendu de la part d’un industriel qui, après la création et l’expansion de sa propre entreprise, s’était surtout fait connaître pour avoir aidé au développement  d’activités marines en phase avec une volonté écologique.

 

Ayant renoncé en 1968 à ses fonctions de directeur d’entreprise à la tête de la société qu’il avait créée, Paul Ricard s’était orienté vers des activités prônant la culture des loisirs. L’idée de créer un circuit pour y établir des écoles de pilotage et organiser des compétitions motocyclistes et automobiles était nourrie par l’éclosion d’un renouveau national en France. Renouveau symbolisé par le dynamisme de Matra et Elf à travers les succès d’une prometteuse nouvelle vague de pilotes : Beltoise, Servoz-Gavin, Pescarolo, Cevert etc. pour ne citer que les plus fameux.

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Jusque là, Jean-Pierre Paoli dirigeait la Verrerie fondée par Paul Ricard quelques années plus tôt, à qui il l’avait rachetée pour le franc symbolique. Enfant, le boy-scout Paoli avait participé aux équipes de secouristes mises sur pied à l’occasion de la grande course régionale de l’époque : les 12 Heures d’Hyères. « Vous connaissez la course, je vous propose de m’assister pour la construction d’un circuit automobile, » lui avait dit en substance Paul Ricard 15 ans plus tard…

Totalement inexpérimenté en matière de sport automobile, Jean Pierre Paoli n’avait aucune idée arrêtée sur la réalisation d’un circuit. Ce fut sa chance. Sans opinion  « à priori », il n’avait aucune idée personnelle à défendre. Il fit son miel de tous les conseils avisés des pilotes qu’à l’époque il était de bon ton de négliger.

Ayant rencontré le champion de France F3 de 1969 François Mazet, il se fit conseiller par celui-ci  pour inviter  quelques uns des jeunes pilotes  professionnels capables de critiquer les réalisations existantes à cette époque et de suggérer des améliorations.

Jean-Pierre Paoli en réalisa une synthèse qui se révéla efficace. Jean-Pierre Beltoise farouchement opposé à la réalisation d’une longue ligne droite, à raison, ne put cependant convaincre Paul Ricard d’en réduire fortement la longueur. Paul Ricard restait marqué par les hautes vitesses du Circuit des 24 heures du Mans, il voulait que son circuit  puisse rivaliser avec elles, ce que Jean-Pierre Beltoise voulait précisément  éviter. Ce fut la seule mesure préconisée par tous les pilotes que Paul Ricard refusa. Elle est connue sous le nom de « ligne droite du Mistral ».

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Le projet était passionnant. Paoli s’y consacra ardemment. Une fois les plans établis et la stratégie de construction arrêtée, il souhaita, ultime précaution, s’assurer du bien fondé des choix opérés. Voilà comment, en octobre 1969, Paul Ricard fut amené à présenter très officieusement le projet de son circuit à un groupe de professionnels dont j’eus le plaisir de faire partie.

Six mois plus tard, en avril 1970, le circuit existait. Et une toute première course y était organisée, le Trophée Paul-Ricard, ouverte aux prototypes de 2 litres de cylindrée. Animée par Joakim Bonnier au volant d’une Lola T 210, cette course inaugurale revint finalement à Brian Redman (Chevron). Un an plus tard, en juillet 1971, le circuit Paul-Ricard atteignait la consécration en accueillant pour la première fois le Grand Prix de France que dominaient les Tyrrell de Jackie Stewart et François Cevert devant la Lotus d’Emerson Fittipaldi.

                                                                          

Johnny RIVES.

Photo @ Droits Réservés

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