Avignon Motor Festival. 2019. Mars. 53 000 visiteurs. Données brutes. Les classics ont pris le dessus sur les modernes. Les voitures sur les camions et tracteurs. On s’achemine vers un Avignon Classic Festival. On ne s’en plaindra certes pas sur Classic-Courses.
Mais telle est l’ère du temps. Le populo coincé entre un coût d’accès à l’ancienne prohibitif et des modernes qui font de lui l’otage de tous les rackets gouvernementaux, laisse tomber la bagnole. Interdit de rêver…
Comme d’autres salons, Avignon Motor Festival dispose depuis trois ans de sa vente aux enchères mais il a su conserver ce qui fait son charme : éditeurs, miniatures, pièces détachées, vêtements sont présents tout comme les marchands de voitures anciennes. Une nouveauté cette année.
Si la mairie d’Avignon pouvait juger utile de structurer accès , parking et surfaces du lieu, on gagnerait en agrément , en temps et en fréquentation. Chapeau aux organisateurs bénévoles qui année après année relèvent le défi.
Olivier Rogar
Facel Vega
Depuis 55 ans, la dernière marque de prestige française… (Evidemment Bugatti a son siège en France mais peut-on encore la qualifier de marque française ?) Facel a fait rêver les badauds et les stars. Peu les hommes politiques – . Ni ceux qu’elle aurait pu véhiculer, ni ceux qui auraient pu la sortir de l’ornière financière. Hormis Michel Debré qui sauva la marque une première fois en 1961, De Gaulle ignora son moteur américain. Giscard n’utilisa pas la caution de l’état pour sauver la marque. Ainsi finit le rêve, entre Elysée et Tuileries…Sans oublier Pont à Mousson ni une gestion pour le moins fantaisiste…
Tous les espoirs étaient permis pourtant. Jean Daninos homme de bon goût avait commencé chez Citroën aux carrosseries spéciales à l’époque de la C6G et des Tractions. Influencé, tout comme Jean Bugatti, par les carrosseries d’outre-atlantique ses « spéciales » avaient de la gueule mais pas l’heur de plaire au vif André. Il intervint même sur les coupés Traction. Quelle fut sa part et celle de Flaminio Bertoni ?… L’arrivée de Michelin éloigna le styliste vers l’aviation, chez Bronzavia. La guerre l’entraîna en Suisse puis en Grande Bretagne chez Avimo, une filiale de Bronzavia qui mit au point les pare-flammes du Spitfire. De la il s’envola vers le Canada puis les USA. Il y prit la direction technique de deux usines de la General Aircraft Equipment. Elles étudiaient et fabriquaient des pièces en inox ou en alliage léger.
A son retour, il prend en 1946 la présidence de Facel- Métallon qui va fournir des pièces de moteur d’avion à Hispano-Suiza, fabriquer divers objet en inox puis devenir un important sous-traitant automobile. Panhard, Somua et Delahaye sont de gros donneurs d’ordres. Mais c’est la collaboration avec Simca, dès 1948 qui va faire de Facel Metallon un véritable carrossier. Facel dessine – sans l’aide des Stabilimenti Farina qui sont intervenus sur la Simca 8 sport cabriolet – les Simca 8 coupé et Simca 9 Sport. Puis pour le compte de Ford, les Comètes et Monte-Carlo. Sans oublier les superbes Bentley Cresta.
Malgré un situation de trésorerie fragile, liée à une productivité réduite, Jean Daninos, s’oriente définitivement vers la construction automobile à partir de 1954. La Vega sera un ébauche de la Facel Vega FV1 puis des FV2, FV2B, FV3, FV3B et FV4 entre 1954 et 1958. Le style Facel est posé. Elégance, finition, puissance. Moteur 8 cylindres en V du groupe Chrysler aux puissances SAE impressionnantes : jusqu’à 360 ch… Dès 1955 est lancée l’étude d’une limousine officielle ; l’Excellence. Las, l’arrivée du Général au pouvoir en 1958 consacre la DS comme char de la république. Pourtant le Président Coty semblait tenté… Seuls quelques ambassadeurs de France en font une voiture officielle. Au Maroc, au Venezuela, en Grèce et à Washington. La production de 150 exemplaires cesse en 1961.
La HK 500 apparait en 1958. Moteur De Soto Typhoon TY7 de 360 ch SAE, 500 signifiant 5 chevaux par kilo. A cette époque les voitures sont très légères. La grosse HK 500 ne pèse « que » 1660 kg. Le poids semble d’ailleurs davantage vérifiable que la puissance réelle ! Elle sera le modèle le plus produit avec 490 exemplaires jusqu’en 1961 . Paul Frère établira un record de vitesse sur un kilomêtre à 237 km/h sur l’autoroute d’Anvers. Voiture légèrement préparée mais gros moteur non homologué pour la France ( 6286 cm3). La HK 500 impressionne tous les journalistes de l’époque. Sa renommée est mondiale. Autocar l’estimant même sans rivale directe. Elle coûte 46750 Francs. Contre 71000 francs pour une Ferrari 250 GT ou 57000 Francs pour une Mercedes 300 SL.
Le projet de Jean Daninos est pourtant de vendre des autos en plus grand nombre. La jet set fait la réputation de la société mais est trop peu nombreuse pour rentabiliser la production. D’un côté on n’est pas encore à la folle époque où l’on peut vendre une voiture à l’équivalent de 140 années de SMIC et de l’autre la question ne se pose pas en ces termes puisque les Facel ne sont pas même pas assez chères par rapport à leurs concurrentes….
Le projet d’une Facel plus abordable naît donc de cette idée. Ce sera la Facellia. Le style est typiquement celui des Facel, la finition du même niveau et le moteur plus modeste. A ce stade déjà pointe la difficulté de l’exercice. Gadgets mis à part, le coût de développement d’une petite voiture est le même que celui d’une grosse. La diffusion seule conditionne le prix de revient. Le marché imposant le prix de vente. Vouloir produire à grande échelle c’est aussi disposer de fonds importants. Ligne de production et achat des matériaux constituant un redoutable piège à trésorerie.
Or, celle de Facel est déjà défaillante. Et la catastrophe vient du fameux moteur « plus modeste ». Celui-ci a été commandé à Pont-à-Mousson, le spécialiste de la fonte ductile qui fait déjà de bonnes boîtes de vitesses. Le prototype fait très peu d’essais. Ceux-ci se limitent à 1200 km sur les routes suisses. Ca semble incroyable. Et la faiblesse congénitale du moteur n’est pas perçue comme telle. Car après sa présentation au salon de Paris 1959, les ventes démarrent très bien. Mais les moteurs cassent. Les pistons se percent. L’échange standard devient un cercle infernal par lequel, des moteurs seront changés par centaines aux frais de la marque sans pour autant que les problèmes aient été réglés. Donc d’autres casses se produiront avec les nouveaux moteurs. Une Facellia F2 au moteur modifié est présentée en 1961. Mais la réputation de la voiture est faite. Les ventes se sont effondrées. C’est une Facellia rebaptisée Facel III dotée d’un robuste moteur Volvo qui tente de relancer le modèle.
Entre-temps sont intervenus deux événements : exsangue, la marque à laquelle Michel Debré avait réussi à faire obtenir un prêt de 1 milliard de Francs ( anciens) , ne peut bénéficier d’un second coup de pouce. Giscard s’y refuse. En juillet 1962, elle est mise en redressement judiciaire. Le second événement est le lancement de la superbe Facel II qui succède à la HK 500. Performance exceptionnelle en des temps aussi troublés pour la firme.
En complément de gamme est lancée la Facel VI en 1964, son moteur BMC 6 cylindres étant sensé donné une gamme complète à la marque : 4, 6 , 8 cylindres. Las, les ventes sont faibles et la marque est mise en liquidation judiciaire le 31 octobre 1964…
JMB Racing
L’écurie JB Racing fondée par Jean Pierre Jabouille et Jean Michel Bouresche en 1995 est devenue JMB Racing en 2000. Elle s’est distinguées sur de nombreux théâtres au cours de son existence et son palmarès, extrait de Wikipedia trahit la multiplicité des championnats et catégories existant en sport automobile. Il est nécessaire de suivre cela de très près ou de participer spécifiquement à un championnat pour s’y retrouver ! Aujourd’hui JMB s’est tourné vers les Classics où peuvent s’exprimer tous les talents dont il a su faire preuve en compétition.
Palmarès JMB Racing
- Porsche Supercup
- Vainqueur du titre pilote en 1995 avec Jean-Pierre Malcher et en 1996 avec Emmanuel Collard
- Vainqueur du titre par équipe en 1995
- FIA Sportscar
- Vainqueur du titre pilote en 1998 et 1999 avec Emmanuel Collard et Vincenzo Sospiri et en 2000 avec David Terrien et Christian Pescatori
- Vainqueur du titre par équipe en 1998, 1999 et 2000
- FIA GT
- Vainqueur du titre pilote catégorie N-GT en 2001 avec David Terrien et Christian Pescatori
- Vainqueur du titre par équipe en 2001
- International GT Open
- Vainqueur du titre pilote en 2011 avec Soheil Ayari
- Vainqueur du titre par équipe en 2011
- Le Mans Series
- Vainqueur du titre pilote catégorie GT en 2004 avec Roman Rusinov
- Vainqueur dans la catégorie FLM aux 6 Heures d’Imola 2011
- Speedcar Series
- Vice-champion au classement pilote en 2009 avec Johnny Herbert
- Vice-champion au classement équipe en 2009
- Ferrari Challenge
- Vainqueur du titre pilote dans le challenge européen avec Nicolas Misslin
La voiture française
De nombreux clubs de marque exposent à Avignon Motor Festival des représentantes de l’industrie française. Souvent dans une mise en scène soignée. On y croise nombre d’amateurs. Anonymes ou non .
La passion des couleurs !
Les marchands de voitures
Classic Car Design
Un très bon point à ces deux passionnés. L’un d’eux, Loïc Perois, est le designer de la PGO Cévennes. Nous les avons observés à l’oeuvre avec des investisseurs néophytes. Pas de baratin, de maquignonnage ou de fausses informations. Beaucoup de raison et – surtout – un côté didactique, soucieux de faire partager à leur interlocuteur leur passion de l’auto ancienne. Orientant l’impétrant vers la pratique avant tout et non sur le « mirifique » rapport d’un placement nouveau. Nous avons beaucoup apprécié. Ils sont basés à Alès dans le Gard. www.classiccardesign.fr
Atelier 76
Comme son nom ne l’indique pas, Atelier 76 est localisé dans le 26 à Pierrelatte. La structure qui occupe trois employés à plein temps a été créée par Jérémie Cordier il y a trois ans et se spécialise dans la restauration carrosserie. Du beau travail. Des gens modestes et passionnés comme on les apprécie chez Classic Courses. Ils font aussi de l’achat-vente et du dépôt-vente. Une équipe sympathique qui a su réunir autour de Jérémie des sous-traitants de talent dans des domaines complémentaires au sien ; sellerie, mécaniques notamment. Sur leur stand, une De Tomaso importée des US au sujet de laquelle j’ai obtenu des informations claires et transparentes, une Volvo 1800 coupé en réfection carrosserie intégrale et un beau coupé Jaguar 3,8L à refaire intégralement. www.atelier76eurl.com
L’âme d’AMF
Les marchands et les amateurs d’anciennes venant ici avec leurs trésors et leurs rêves.
Leclere Motorcars
Damien Leclere est un jeune commissaire-priseur dynamique et entreprenant. De Marseille où il continue d’exercer, il est « monté » à Paris et pas n’importe où : à Drouot, où il office également. Et comme l’automobile ancienne le passionne, il a monté depuis quelques années un département « Motorcars » qui organise une vente lors de chaque Avignon Motor Festival.
Notre sentiment est que le sourcing de ces voitures n’est pas toujours évident et que les propriétaires attendent parfois trop des engins qu’ils proposent. Le banal côtoie donc l’exception et le prix de départ du banal est parfois décalé avec la réalité du marché. Celui – ci serait-il en train d’atterrir ? Ce n’est pas impossible. Il faut que les véhicules aient une histoire limpide, des propriétaires impliqués qu’elles soient matching et si possible avec factures et carnet d’entretien. 5
50% des 81 lots ont trouvé preneurs. Quelques exemples, une Mustang cabriolet 1968 saine mais à reprendre estimée 28-32 k€. Non vendue. Coupé Alfa Romeo Bertone 2000 1973 estimé 37-43 k€. Non vendu. Triumph TR3 estimée à 33-38 k€, vendue à 39.6 k€. Mustang Fastback auto 1965, particulièrement propre, estimée 33-36 k€, vendue 39 k€. Maserati 4.2L Mexico 1969, estimée 115-130 k€, vendue 115.2 k€. Jaguar Type E série 1 , 1961, Complète mais en état proche épave, estimée 50-70 k€, vendue 112.8 k€. Une surprise quand même… Daimler XJC 4.2L 1975, estimée 30-38 k€, non vendue. Seules 2 Ferrari sur 9 se sont vendues. Une 348TS de 1991 à son estimation haute de 60 k€ et une 308 GTS de 1980 au- dessus de son estimation haute à 80.4 k€. La Ferrari 330 était l’estimation la plus haute, aux alentours de 700 k€ ne s’est pas vendue. Quant à la Porsche 3.2L Speedster de 1989, première main exceptionnelle avec 20 000 km, elle s’est vendue 220.8 k€.