Rétromobile 2020 - Authentiques
24 février 2020

Rétromobile 2020 : Quand le marketing pète les plombs

Il y a une « tendance » à Rétromobile 2020.
Jusqu’alors, les constructeurs cherchaient à faire valoir leurs lettres de noblesse, leur antériorité, leur apport aux progrès de la mobilité. Ce n’est plus suffisant. Le bobo panurgique européen pédale – ou roule – électrique et veut que tout le monde en fasse autant. Il faut donc lui plaire.

Qui peut produire ses palmes électriques devient fréquentable, moral, dans le coup ! A ce jeu on a vu des retro-fitters vider les « horribles » mécaniques à pistons de sous les capots d’anciennes populaires pour en faire de « saintes » électriques. Et on a vu des constructeurs vanter leur antériorité en la matière. Porsche a choisi l’année 1900… Soit. Peugeot l’année…1941… J’ai trouvé ça léger.

Olivier Rogar

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Porsche ou l’histoire qu’on se réapproprie

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Rétromobile 2020 – Porsche 2020 @ ORogar ClassicCourses

Porsche Pionnier de l’électromobilité. Soit. Si l’on considère que l’on parle ici de Ferdinand Porsche et non de la société Porsche appartenant désormais au groupe Volkswagen.

On peut néanmoins dire qu’en allant chercher la Lohner fabriquée en 1900 pour obtenir leurs palmes électriques, les gens du marketing de Porsche ont eu une bonne idée. Lohner, société autrichienne spécialisée dans la fabrication de carrosses et de véhicules hippomobiles de luxe, s’est lancée dans la locomotion autonome après le recrutement du jeune Ferdinand Porsche en 1897 et grâce à lui.

Génie créatif

Celui-ci, inventera la roue-moteur en y intégrant un moteur électrique. Puis la recharge des batteries par génératrice alimentée par moteur thermique. Créant en même temps la première quatre roues motrices et la première hybride. Ses idées étaient tellement novatrices qu’en 1970 la Nasa s’y intéressera et s’en inspirera pour la création des rovers lunaires.

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Rétromobile 2020 – Lohner – Porsche « Semper Vivus » 1900 @ ORogar ClassicCourses

A l’exposition universelle de Paris en 1900, la « Semper Vivus » ( Toujours contente – en opposition amusante avec « La Jamais contente » , elle aussi électrique des records de Camille Jenatzy) – eut beaucoup de succès. Deux moteurs De Dion Bouton de 3.5 ch -chacun- alimentant deux génératrices de 2.5 ch qui elles mêmes alimentaient les moteurs électriques placés dans les roues ainsi que les batteries.

Impasse technologique

Lohner après avoir construit environ 300 véhicules électriques sortira en 1906 de l’impasse technologique de cette source d’énergie – poids et autonomie – largement supplantée par les véhicules à pétrole. Ferdinand Porsche partira chez Austro – Daimler et oubliera l’énergie électrique.

Lohner continuera dans les moyens de transport en commun, dans les avions, les scooters et sera propriétaire de la célèbre marque de moteurs Rotax…avant d’être rachetés en 1970 par les canadiens de Bombardier.

Plus d’un siècle après la Lohner, l’électrique revient en force chez Porsche avec la Taïcan ( Mais où vont ils chercher ces noms ? ). Le lien, même s’il parait lointain et indirect, est légitime.

Peugeot : quand le marketing pète les plombs

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Rétromobile 2020 – Peugeot 1941… @ ORogar ClassicCourses

En voyant ce panneau j’ai pensé avoir mal lu. Cette date…. Puis les bras m’en sont tombés. 1941… Quelle date historique ! Faut il toujours aller plus loin dans les références pour justifier de sa légitimité dans l’électromobilité ? Pour justifier de ses préoccupations environnementales ?

On ne doute pas un seul instant qu’en 1941, en France, les ingénieurs de Peugeot aient eu pour seule préoccupation, l’environnement en créant un petit véhicule électrique. Tout comme les nombreux utilisateurs de vélos, qui était devenu le principal moyen de transport, étaient les ascendants des bobos actuels, très en conscience avec leur environnement et le réchauffement climatique… ( Ironie)

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Réquisition

Pour rappel à nos jeunes lecteurs ou au gens du marketing de Peugeot – je ne pense pas que les deux se confondent – pendant la seconde guerre mondiale, après la capitulation de la France, toute notre industrie est passée sous contrôle nazi. Les usines automobiles ont été converties en usines de production de matériels militaires pour ces derniers.

Peugeot aussi. Quelques voitures électriques ont été fabriquées officiellement. Donc avec l’accord des nazis. Quelles étaient les motivations de ces derniers ? Probablement des enseignements à en tirer, le pétrole faisant défaut, l’invasion des champs pétrolifères russes n’étant encore qu’un projet, l’étude de la locomotion électrique pouvait présenter un intérêt. Par ailleurs le pétrole étant réservé aux troupes d’occupation et à tous leurs séides, l’électrique pouvait être une alternative au gazogène.

Faute ou erreur ?

Associer l’électrique à l’année 1941, pour une société française, me semble être non pas une erreur mais une faute. Pour les raisons décrites ci-dessus mais également parce que le choix était impossible. La liberté n’existait plus. La conscience qui prévalait était celle de la guerre. En l’occurrence sous la contrainte pour qui était tenu par les nazis. Il ne peut y avoir d’association plus négative que d’associer cette année là avec une innovation. Imaginons l’inverse : Porsche mettant en avant une innovation de 1941 ? Qu’auraient pensé nos bonnes âmes ?

Sabotages ou bombardements !

Par ailleurs cela peut laisser imaginer que Peugeot était au mieux avec les autorités d’occupation. Ce qui est faux. La famille Peugeot était très impliquée avec la Résistance. D’ailleurs leur situation en était devenue impossible.
D’une part, ils faisaient en sorte que la productivité soit nulle ( Baisse de 80% de la production après le passage sous contrôle allemand), se faisant donc menacer de se retrouver déménagés en Allemagne, avec leur personnel, par le responsable de l’armement du Reich….le Docteur Ferdinand Porsche lui-même.
D’autre part, ils étaient bombardés ou menacés de l’être par les anglais qui veillaient à détruire les usines au service des nazis.

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Porsche, Peugeot ou Renault ?

Ils devaient simultanément donner des gages aux allemands en produisant du matériel et donner des gages aux anglais en organisant eux-mêmes des sabotages convaincants.

Précision au sujet de Ferdinand Porsche. Lorsque la Gestapo est arrivée chez Peugeot pour déporter tous les cadres qui étaient globalement accusés de sabotage par les nazis du fait de la faiblesse de la production, c’est lui qui a pesé de tout son poids pour empêcher cela. Et il y est parvenu.

Au sujet du même Ferdinand Porsche, rappelons qu’il a été interné en France pendant trois ans après la guerre. Et ce n’est pas pour Peugeot mais Renault – Marque nationalisée pour fait de collaboration – qu’il a été consulté et a donné son avis au sujet de la 4 cv, développée en secret et à l’insu de Louis Renault pendant la guerre.

Mais qu’en pense Carlos ?

Enfin, une idée nous effleure mais nous n’osons y croire. Pour de nombreuses raisons qu’il a expliquées par ailleurs ( Voir article de l’Argus Pro ici ) , Carlos Tavares, le Président de PSA, est opposé à la manière dont l’Europe se précipite tête baissée vers le tout – électrique.

Les gens du marketing de Peugeot auraient-ils voulu apporter leur pierre à l’édifice de leur patron en créant un parallèle entre deux époques où la liberté de choix, en la matière, relève exclusivement du « politique » ?

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