Nous continuons ici à passer en revue les autos qui ont dominé leurs séries à Monaco. Les plateaux E, F, G sont exclusivement composés de Formule 1 construites entre 1973 et 1985. Niveau de pilotage élevé. Certaines voitures exceptionnelles. Suivez-nous !
Olivier Rogar
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GP Historique Monaco 2022 – Voitures de Grand Prix F1 3L – 1973 -1976
Est-ce le souvenir de la saison 1976, de cette lutte jusqu’au déluge japonais entre deux très grands champions, James Hunt et Niki Lauda ? Toujours est-il que nous trouvons 26 engagés dans cette série. Parmi eux, outre les ténors des championnats historiques britanniques que sont Stuart Hall, Michael Lyons Nick Padmore, Max Smith-Hilliard, Mattew Wrigley, nous trouvons d’anciens pilotes de F1 ou du Mans : Jean-Denis Deletraz, Gregor Fisken, Roberto Moreno, Emanuele Pirro, Marco Werner. Sans oublier Claudia Hürtgen, inscrite sur la Ferrari 312 B3 de 1974, ex-Lauda, mais qui ne participera pas à la course.
Le niveau est donc très relevé et la course sera dominée par Stuart Hall, encore lui, sur une McLaren M23 de 1973 avec laquelle Jacky Ickx obtint une belle 3e place au GP d’Allemagne, sur le Nürburgring en 1973. Précisons que c’est la seule course faite par le pilote Belge sur une McLaren. Les regrets sont stériles mais imaginons qu’il ait continué avec cette équipe… Peter Revson lui donna ensuite la victoire au GP du Canada. Puis elle fut successivement attribuée à Denny Hulme, Emerson Fittipaldi, David Hobbs et Jochen Mass.
Stuart Hall, a établi un meilleur tour en 1’30 »95, pas si éloigné des 1’28 »10 d’Emerson Fittipaldi en 1973, sur une Lotus 72. Le meilleur tour en course de toutes les séries.
La McLaren M23 de 1977 pilotée ici par Niklas Halusa, est la dernière d’une glorieuse lignée de 13. Attribuée à Jochen Mass, elle a terminé 4e en Espagne et à Monaco et 2e en Suède avant de céder la place à la M26 pour la suite de la saison 1977.
C’est d’ailleurs avec la M26 que James Hunt remportera en 1977 ses trois derniers Grands Prix. Celle-ci est le prototype du modèle, construite en 1976, elle a été pilotée par Hunt et Mass au cours des cinq départs qu’elle a pris en Grand Prix en 1977. Michael Lyons continue à la faire voler et l’a menée à la 3e place de cette série.
Engagée par le célèbre « Mister John of B… », la 312 T de 1975 est aux couleurs de Niki Lauda mais seul Clay Regazzoni l’a pilotée en course, en 1975. 3e en Suède et aux Pays Bas, il a remporté à son volant – hors championnat – le GP de Suisse, disputé à Dijon. On ne verra pas en course cette très belle F1.
Lorsque Roger Penske a décidé de tenter l’aventure de la F1 en 1974, après le chassis PC1, il s’est inspiré de la March 751 qu’il a fait évoluer et qui donnera la PC3 avec laquelle John Watson finira 2e au GP d’Afrique du Sud. Pour 1976 c’est la PC4 qui lui succèdera avec laquelle John Watson se classera 3e aux GP de France et de Grande Bretagne avant de l’emporter en Autriche.
Jean-Pierre Jarier écume les rue de Monaco en personne d’une part et c’est toujours un plaisir de le croiser et avec plusieurs Shadow à son nom inscrites ici. Ainsi peut on voir la DN 5 de 1975-76, avec laquelle il a pris le départ de 23 GP, aux mains de Gregor Fisken. Mais il y a aussi la DN3 de 1974 ( 3e à Monaco), menée ici par l’ancien pilote F1, Jean-Denis Deletraz.
Comment évoquer cette série sans rendre hommage à la Lotus 72 ?! En 1974, elle en était à sa 5e saison. Avec celle-ci, Jacky Ickx a pris part à 21 Grands Prix, jusqu’en 1975.
L’ombre de Graham Hill, longtemps recordman des victoires en Principauté (5), est toujours présente ici. Que son nom figure sur le cockpit des Lotus ou BRM qu’il y a pilotées ou sur les F1 qui ont porté son nom ou celui de son écurie. Sur la n°25, une Shadow DN1 de 1973, Hill a pris 12 départs en 1973. Emanuele Pirro, cinq fois vainqueur au Mans a eu quelque peine à obtenir des réglages satisfaisants cette année et a abandonné très tôt en course.
Pour 1974 Graham Hill commandera une voiture à Lola, la T370. Celle-ci prendra 12 départs en 1974 avec Hill, Guy Edwards et Rolf Stommelen.
Pour la suite de la saison 1974 et 1975, la T.370 devient T 371 puis finalement GH1. François Migault, Vern Schuppan, Alan Jones, Rolf Stommelen et Tony Brise en prendront le volant. Jones terminera 5e du GP d’Allemagne.
Pour aller plus loin :
Résultats de la course
GP Historique Monaco 2022 – Voitures de Grand Prix F1 3L – 1977 -1980
La période 77-80 a vu l’une des principales révolutions technologiques de la F1. D’une part l’arrivée en 1977, du moteur turbo amené par Renault et d’autre part l’effet de sol imaginé par Colin Chapman, le patron de Lotus, avec la 78. Les uns et les autres allaient s’affronter plusieurs années durant dans un combat de titans, sur piste d’abord, dans les coulisses ensuite, les grands constructeurs regroupés autour de Renault et du Président de la FISA, Jean-Marie Balestre, les « assembleurs » adeptes du V8 Cosworth, autour de Bernie Ecclestone , le Président de la FOCA. ( Voir nos articles : » Et Bernie Ecclestone prit le pouvoir« )
Si à Monaco, on peut voir depuis plusieurs années, lors du GP Historique, des voitures à effet de sol, le turbo, au coût d’exploitation et de maintenance sans commune mesure avec les moteurs atmosphériques, n’a pas droit de cité.
18 engagés dans cette série, dont l’omni présent Michael Lyons sur son Hesketh 308E, vainqueur avec un meilleur tour en 1’32 »31, à rapprocher des 1’31 »07 de Jody Scheckter sur la Wolf WR 1 en 1977. Une performance impressionnante. A relativiser peut-être quand on se souvient qu’en 1977 l’Hesketh pilotée par Rupert Keegan avait été la dernière qualifiée en 1’33 »78… Une meilleure préparation, un excellent pilote et peut – être des gommes plus évoluées qu’à l’époque ?
Fortement inspirée par la Williams FW 07, la Tyrrell 010 a couru en 1980 et 1981, pilotée par Jean-Pierre Jarier et Derek Daly en 1980 puis par Eddie Cheever et Michele Alboreto en 1981. Kevin Cogan et Ricardo Zunino l’ont également pilotée.
La voiture de Michael Cantillon a été utilisée en 1980 par Derek Daly puis Eddie Cheever et en 1981 par Michele Alboreto. (2e)
La Lotus 78 est celle par laquelle est arrivé l’effet de sol en F1. Seul son manque de fiabilité a empêché Andretti d’être champion du monde. C’est lui, qui avec quatre victoires avait remporté le plus de Grands Prix. Mais c’est Niki Lauda, avec trois victoires mais davantage de régularité qui a été couronné. Mario, que j’ai eu la chance d’interviewer pour la biographie de Patrick Tambay » Pilote et gentleman » était tellement dépité par cette situation qu’en fin de saison, m’a – t-il dit, il s’est posé la question de quitter Lotus pour Ferrari qui cherchait à remplacer Lauda. Finalement Colin Chapman l’a convaincu de rester et bien lui en a pris tant la Lotus 79 a survolé le championnat. Lui permettant enfin d’être sacré.
La Lotus 78 du Classic Team Lotus confiée à Lee Mowle (3e) a débuté en 1977 avec Mario Andretti avant d’être la voiture habituelle de Gunnar Nilsson avec laquelle il a remporté sa première – et malheureusement unique – victoire, sous la pluie, en Belgique . En 1978 elle était la monte de Ronnie Peterson en attendant l’arrivée de la 79. Il a remporté avec elle le GP d’Afrique du Sud. Ensuite elle a été vendue à Hector Rebaque, puis à Emilio de Villota qui l’a engagée en championnat Aurora.
Jackie Olivier a lancé l’écurie Arrows en 1978 avec Franco Ambrosio, Alan Rees, Dave Wass et Tony Southgate. Ce dernier ayant été l’ingénieur à l’origine de la Shadow DN9, il y avait trop de similitudes entre les deux F1 pour éviter un passage devant un tribunal. L’Arrows première du nom du être démantelée et une nouvelle auto, elle aussi à effet de sol, créée. Elle ne prendra la piste qu’à partir du GP d’Autriche 1978. Ricardo Patrese et Jochen Mass en étaient les pilotes.
C’est précisément avec cette voiture que Patrese fut impliqué dans l’accident de Ronnie Peterson à Monza en 1978. Accusé dans un premier d’avoir causé l’accident, il s’avéra qu’il n’y était pour rien et fut blanchi.
Frédéric Lajoux en est le pilote à Monaco. (4e)
Que dire de Lotus lorsqu’on voit la 81, sinon qu’à un concept génial inauguré avec la 78 et porté à maturité avec la 79, succéda l’échec de la 80. De la même manière que la 76 avait été un échec après la 72. Une écurie portée par un ingénieur exceptionnel, impatient, ayant parfois trop d’idées et pensant que la nouvelle était toujours meilleure que celle qui avait précédé.
Cet axiome n’étant pas infaillible, ça a valu une année 1980 plutôt morne aux deux pilotes de l’époque, Mario Andretti et Elio de Angelis. L’effet de sol était désormais mieux maîtrisé par les autres écuries que par Lotus. Un comble.
Cette auto a été celle de Mario Andretti, d’Elio de Angelis ( 2e au GP du Brésil 1980) et de Nigel Mansell ( 3e au GP de Belgique 1981) .
Elle est pilotée à Monaco par Steve Brooks. (5e)
La Fittipaldi F7 est la dernière F1 pilotée en GP par Emerson Fittipaldi. Face aux piètre résultats de la F6, Fittipaldi avait racheté et modifié deux châssis de l’écurie de Walter Wolf qui venait de quitter la F1 suite à la retraite de James Hunt. Les deux pilotes de l’écurie étaient donc Emerson et Keke Rosberg.
Cet exemplaire est le seul à ne pas être né en tant que Wolf. Rosberg le pilota deux fois.
Son pilote à Monaco est Frits Van Eerd . (6e)
Ici les Williams n’étaient pas dans le top 6, mais comment ne pas les évoquer ? D’abord pour Sir Franck lui-même. Quel parcours, quelle ténacité, quels résultats ! Et quels souvenirs de ces querelles anglo-françaises véhiculées par les personnages hors normes que furent Williams, Balestre et que sont toujours Patrick Head, Alan Jones.
En 1977, revenu miraculeusement de sa collaboration avec Walter Wolf – il faisait même office de chauffeur…- Franck Williams avait réussi à attirer les capitaux saoudiens de Saudia Airlines, puis d’autres groupes tels que Bin Laden, TAG, etc… De quoi embaucher Patrick Head et construire une F1 conventionnelle, compacte, fiable et efficace. La FW 06. Elle portera Alan Jones et l’écuries aux 9e places des deux championnats pilotes et constructeurs.
Pilotée ici par David Shaw, c’est la dernière 06 construite. Elle a pris deux départ en Grand Prix avec Alan Jones en début de saison 1979. Avec une notable 3e place à Long-Beach.
La Williams FW07 de 1979 évoluera au cours de trois saisons. 16 châssis seront construits. C’est Clay Regazzoni qui donnera à l’écurie sa première victoire lors du GP de Grande Bretagne 1979. Un victoire comme une revanche pour Clay qui venait de passer deux années difficiles chez Ensign puis Shadow. Une victoire qui en appellerait beaucoup d’autres pour Williams, enfin sorti d’un très long tunnel.
La voiture pilotée par Mark Hazell est sortie fin 1980, pilotée par Carlos Reutemann, elle a gagné le GP d’Afrique du Sud 1981.
Pour aller plus loin :
Résultats de la course
GP Historique Monaco 2022 – Voitures de Grand Prix F1 3L – 1981 -1985
La nouvelle catégorie créée cette année nous amène à l’ère Senna-Prost. C’était hier… La limitation aux moteurs 3L atmosphériques ne nous permettra pas de voir le F1 Turbo en action. Dommage mais probablement prudent. Moins de pilotes de notoriété dans cette catégorie, Marco Werner, bien entendu, trois fois couronné au Mans, Michael Lyons sur tous les fronts à Monaco et en championnat F1 historique, Martin Stretton, cinq fois vainqueur ici, dont trois fois sur une Tyrrell P34 ! ( Interview à venir) et récent vainqueur cette année à Donington en F1 historique. Soheil Ayari était annoncé sur une Ligier JS21 mais était absent. Et Ken Tyrrell, sur la Tyrrell 011 de 1982, n’était qu’une heureuse homonymie, vous vous en doutiez !
Pour ceux qui avaient été choqués l’an passé par la bataille de tous les diables – du bouchonnage – entre la Ferrari 312 B3 ex-lauda pilotée par Alesi et la Lotus pilotée par Marco Werner, juste revanche cette année du pilote allemand. Il mènera un trio de Lotus sur le podium avec lui-même sur une 87, Michael Lyons sur une 92 et Nick Padmore sur une exceptionnelle 88B. Toutes trois engagées par les allemands de Chromecars Racing.
Sa 87 est l’adaptation de la révolutionnaire 88 à double châssis rejetée par les autorité sportives à l’époque. Nigel Mansell abandonnera 4 fois en 4 sorties à son volant. L’autre pilote de l’écurie était Elio de Angelis.
Le meilleur tour en course a été réalisé par Mark Hazell sur la Williams FW 08C de 1983 en 1’33 »081. A rapprocher des 1’27 »283 de Nelson Piquet sur Brabham BT52 en 1983.
La Lotus 92 de Michael Lyons est un modèle intermédiaire, évolution de la 91 pour le début de saison 1983. En effet , Lotus avait conçu la 93T – T comme Turbo – pour 1983 mais ne disposait pas de suffisamment de châssis pour le début de saison. La 91 Cosworth fut donc adaptée à la nouvelle réglementation qui imposait un fond plat et rebaptisée 92. Celle-ci servit de voiture de réserve à Nigel Mansell en début de saison.
Nos lecteurs savent que cette 88 à double châssis nous intéresse beaucoup. ( Voir notre article : « Lotus 88 : la F1 qui ne put jamais courir« ) . Nous nous sommes quand même interrogés sur sa légitimité à courir ici alors qu’elle n’a jamais participé à un Grand Prix. Et bien nuançons, car il le faut. Elle a été présentée en Grand Prix, aux essais notamment mais toujours interdite de départ. Ainsi cette version 88B est dans sa configuration du GP de Grande Bretagne 1981. Même si elle a fini 3e ici avec Nick Padmore, on peut imaginer que sa mise au point aurait été complexe. Malgré son potentiel théorique.
Quand on voit une Alfa Romeo, difficile de ne pas penser à Patrick Depailler… Cette 182 V12 a été conçue par Gérard Ducarouge et Mario Tollentino. Dernière Alfa F1 à moteur atmosphérique, elle est la première à coque carbone. Pilotée par Bruno Giacomelli et Andrea de Cesaris, la 182 permettra à la marque de se positionner en 10e place du championnat constructeurs.
La voiture pilotée ici par Franck Stippler ( 4e) a couru en fin de saison 1982.
Evolution de la 87B, la 91 est donc la dernière Lotus à moteur Cosworth (si l’on excepte son évolution en 92 pour 1983). Pilotée par Elio de Angelis ( Victoire au GP d’Autriche 1982).
La version engagée à Monaco par Katsuaki Kubota (5e) a pris 11 départs avec Nigell Mansell, avec une 3e place au GP du Brésil 1982.
Ken Tyrrell engagé sur une Tyrrell 011 de 1982. Beau concours de circonstances et belle homonymie. Lancée en aout 1981 avec comme pilotes Eddie Cheever et Michele Alboreto, cette voiture a gagné avec ce dernier, le GP de Las Vegas en fin de saison 1982.
L’un des pilotes les plus spectaculaire du plateau, Martin Stretton a eu un accident lors des essais et n’a pu participer à la course. Sa Tyrrell 012 de 1984 a été pilotée par Stefan Bellof en 1984 et 1985.