Que devient Erik Comas ? Rencontre avec l’ancien pilote de F1 en Suisse
Dix ans ! Cela fait déjà dix ans qu’Erik Comas a offert à la Tesla Roadster sa première victoire au Rallye Monte-Carlo des Energies Alternatives. Il s’agissait alors de la première victoire d’une voiture électrique dans une course FIA, cela bien avant les débuts de la Formule E en 2014.
Mais qu’est devenu depuis Erik Comas qui, comme ses anciens collègues de F1 Alain Prost et Jean Alesi, habite en Suisse? Pour le savoir, Classic Courses l’a rencontré à Lausanne.
Sans entrer dans les détails, sachez qu’Erik Comas organise différents événements liés à l’automobile et continue à vouer une passion indéfectible à la Lancia Stratos dont la genèse a débuté en 1970, il y a exactement 50 ans.
Laurent Missbauer
Aigle
Que devient Erik Comas? Domicilié depuis le mois de septembre 2001 en Suisse, plus précisément à Aigle, dans le canton de Vaud, il organise des événements liés à l’automobile, notamment des rallyes privés conçus sur mesure pour différents clients, qu’il s’agisse de manufactures horlogères ou de compagnies d’assurance pour ne citer que deux exemples parmi d’autres. Des rallyes qui allient savamment de magnifiques routes à des haltes qui le sont tout autant. Cela dans des restaurants et des hôtels dont certains valent à eux seuls le voyage à l’image de l’Hôtel Palafitte à Neuchâtel qui est le seul cinq-étoiles construit sur pilotis en Europe. Ses 40 pavillons, qui disposent tous d’une vue sur le lac de Neuchâtel sur lequel ils sont construits, donneraient presque l’illusion d’être en croisière ou de séjourner en Polynésie!
Organisateur
Inutile de préciser que les clients d’Erik Comas sont ravis des événements qu’il organise et lui restent fidèles d’une année à l’autre. Edouard Fragnière, ancien copilote de renom dans les années quatre-vingts – il avait notamment navigué le futur champion de Suisse des rallyes Jean-Pierre Balmer – est l’un de ces clients qui ne tarissent pas d’éloges à l’égard d’Erik Comas. A la tête de TSM, une compagnie d’assurance très présente dans le sport automobile, Edouard Fragnière nous a décrit Erik Comas en ces termes: «Il n’est pas seulement un grand monsieur du sport automobile, c’est également quelqu’un qui est très professionnel dans tout ce qu’il organise. Il est sérieux et a beaucoup de prestance. Je le présente à tous mes VIP avec une confiance totale. Je sais en effet que tout sera parfait avec lui.»
Passionné
«Ce que j’apprécie également chez Erik», poursuit Edouard Fragnière, «c’est qu’il a de l’humour et qu’il adore les rallyes. Ce qui, vous en conviendrez, n’est pas banal pour un ancien pilote de F1.» Un bon exemple de cette passion pour les rallyes réside dans son adoration – le mot n’est pas trop fort – de la Lancia Stratos qu’Erik Comas qualifie de «plus belle voiture de rallye de tous les temps». Cela en parfaite connaissance de cause puisqu’il a remporté le championnat d’Italie des rallyes historiques en 2015 et le championnat d’Europe des rallyes historiques en 2017 au volant d’une Lancia Stratos, cette formidable «machine à gagner» dont la genèse date d’il y a exactement 50 ans, plus précisément du salon de Turin de 1970.
C’est en effet à la grande messe turinoise de l’automobile que le carrossier Nuccio Bertone présente le premier prototype de la Stratos, à savoir la Stratos Zero. Celle-ci, avec ses lignes résolument futuristes et son moteur placé en position centrale arrière, attire le regard de bon nombre de visiteurs du salon. Parmi eux, Cesare Fiorio, le responsable de la Squadra Corse HF Lancia. Et cela pas seulement car la Stratos Zero est équipée du moteur de la Lancia Fulvia mais également car elle permet à Cesare Fiorio de s’entretenir avec Nuccio Bertone: «Ce premier contact marque bien le point de départ du projet de la Stratos de rallye», relève Cesare Fiorio dans le livre «Lancia Stratos, mythe et réalité» qu’ont écrit Dominique Vincent et Erik Comas en 2015.
Stratos
Dans la préface de ce livre, écrite par Erik Comas, on peut notamment lire ce qui suit: «Mes amis s’étonnent tous de me voir aussi passionné et rayonnant au volant de ma Lancia Stratos, c’est juste qu’il ne peuvent pas comprendre les émotions qu’elle me procure. Aujourd’hui, ils ne comprennent toujours pas, eux qui m’ont vu remporter le championnat de Formule 3, puis celui de Formule 3000 avant de me voir courir en F1 et terminer 2e aux 24 Heures du Mans. Ils ne comprendront jamais car ils ne peuvent pas comparer, moi si !»
Mais qu’a-t-elle donc de si particulier cette fameuse Lancia Stratos? Lorsqu’on pose cette question à Erik Comas, sa réponse fuse: «Avec son moteur central arrière, c’est presque une monoplace homologuée pour la route. Son équilibre est irréprochable et, tout comme une monoplace, la Stratos réagit au moindre réglage. Il s’agit d’une véritable voiture de course et sa boîte à crabots est un vrai régal. Quant au freinage, il s’agit de ce qui se faisait de mieux à l’époque, dérivé de la F1 avec des pinces Lockheed et surtout un poids plume de 888 kg! Last but not least, son moteur Ferrari Dino est un chef-d’œuvre et la mélodie de ses six cylindres provoque à chaque fois un frisson indescriptible!»
Alpine
On pourrait écouter Erik Comas parler des heures sur son amour pour les compétitions routières ou sur son enthousiasme pour les Alpine. Cela aussi bien des anciennes A110 qu’il avait admirées, enfant, sur les routes du Rallye Monte-Carlo de sa Drôme natale, que de l’A110 actuelle qu’il qualifie de véritable réussite.
Entre le plat principal et le dessert que nous avons partagés avec lui et son épouse Raffaella à Lausanne, sur les rives suisses du lac Léman, Erik Comas nous révèle qu’il a également participé personnellement aux grands débuts du renouveau de la marque Alpine en 2012, l’année du 50e anniversaire de l’A110.
Making of
C’est en effet lui qui, cette année-là, donne la réplique à Jean Ragnotti dans le film promotionnel tourné au col du Susten, dans les Alpes suisses. Erik Comas, au volant d’une ancienne Alpine A110, s’y livre à une formidable course-poursuite avec Jean Ragnotti qui pilote le prototype Alpine A110-50.
Or ce n’est pas l’acteur, que l’on voit à l’écran, qui conduit l’Alpine A110 lancée à la poursuite de Jean Ragnotti mais bien Erik Comas dont on ne voit jamais le visage dans ce court-métrage que vous pouvez visionner à partir de ce lien https://www.youtube.com/watch?v=-11A-FtTibs. On précisera que cette vidéo promotionnelle est un petit bijou. La route du col du Susten est de toute beauté et il en va de même pour les nombreuses prises de vue filmées depuis un hélicoptère. Même constat pour les figures acrobatiques effectuées par Jean Ragnotti et Erik Comas. Des figures qui ont nécessité au début du film un message de mise en garde dans lequel on peut lire que ce suit: «N’essayez en aucun cas de reproduire ces comportements sur route ouverte… Ce film n’est en aucun cas une incitation à la vitesse et à la délinquance routière. Il a été tourné sur une route fermée par un pilote professionnel dans des conditions de sécurité optimales.»
Ces conditions de sécurité optimales apparaissent au grand jour dans le «making of» que l’on peut voir à partir de ce lien https://www.youtube.com/watch?v=gnh6CaHisL0 . On y voit Erik Comas, chemise blanche, et Jean Ragnotti, polo rouge, écouter attentivement les instructions de l’équipe de tournage dans un lieu fictif qui est présenté comme étant «Le Renault Alpine Research Center Switzerland»… A apprécier sans modération! Ce conseil s’applique également au site www.lanciastratos.com . Non content d’avoir écrit un livre sur la Lancia Stratos, Erik Comas anime avec son épouse italienne Raffaella Serra Comas un site entièrement dédié à cette redoutable bête de course dessinée par Marcello Gandini qui travaillait à l’époque à la carrosserie Bertone.
Site web
«Le but de ce site trilingue, anglais, français et italien, est de parler du présent de la Lancia Stratos dans le monde en regroupant et en interagissant avec le plus grand nombre de propriétaires de cette formidable voiture», explique Erik Comas. «Ce site me permet également de rendre hommage aux hommes qui ont écrit une page incroyable du sport automobile des années 70. Ce sont eux les témoins de cette période pendant laquelle, de 1974 à 1980, la Lancia Stratos a remporté de nombreuses victoires et tout autant de places d’honneur.» Comme cet article paraît alors que le Monte-Carlo 2020 bat son plein, on rappellera que c’est il y a exactement 40 ans que la Lancia Stratos est montée sur le podium du Rallye Monte-Carlo pour la dernière fois de sa longue et fructueuse carrière. Vainqueurs en 1979, Alain Darniche et Alain Mahé avaient amené en 1980 la Lancia Stratos de l’écurie Chardonnet sur la 2e marche du podium, à 2’32’’ des vainqueurs Walter Röhrl et Christian Geistdörfer. Ceux-ci remportaient à cette occasion la première de leur quatre victoires au Monte-Carlo avec quatre voitures différentes: Fiat 131 Abarth (1980), Opel Ascona 400 (1982), Lancia Rally 037 (1983) et Audi Quattro (1984)!
Et à propos de Lancia Stratos, sachez que l’une d’entre elles est exposée à l’Autobau, le plus beau musée de Suisse que nous venons de vous présenter sur Classic Courses : https://www.classiccourses.fr/actualites/autobau-le-plus-beau-musee-automobile-de-suisse/ .
Fredy Lienhard, le propriétaire du musée Autobau, voue une grande estime à Erik Comas. D’ailleurs, la Tesla Roadster électrique au volant de laquelle Erik Comas s’est imposé au Rallye Monte-Carlo des Energies Alternatives en 2010 figure en bonne place à l’Autobau, non loin d’une Porsche 918 Spyder hybride et d’une Ferrari LaFerrari, hybride elle aussi!