Nous poursuivons notre visite de Rétromobile 2019 avec les stands Bugatti qui mettent en valeur leur histoire et ses perspectives, Dppi associés aux Editions Cercle d’Art avec la sortie du second tome de leurs archives légendées par deux monuments : Manou Zurini et Johnny Rives, Fiskens qui nous font profiter d’une collection 2019 toujours exceptionnelle et d’un hall à l’autre nous revenons brièvement sur l’exposition Mini. D’une part parce qu’elle en en phase avec le titre de cette série de compte rendus et d’autre part parce qu’elle nous a furieusement rappelé une planche de Gaston Lagaffe. Episode 4.
Olivier Rogar
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Bugatti 110 ans d’histoire
Le groupe VW à Rétromobile c’est Bentley, Lamborghini et Bugatti. Histoire. Exception. Excellence. Chez Bugatti la sobriété du stand est dominé par l’ensemble moteur-boîte de la Chiron. Dimensions inhabituelles. Caractéristiques hors normes. W16. 4 turbos. 8L. 1500 ch. 700 kg. On mesure le talent des stylistes à leur capacité à intégrer un tel moteur dans la voiture.
L’entretien informel que nous avons avec Guy Coquelin, Directeur de Bugatti pour l’Europe et la Russie, s’enclenche directement :
GC : « Classic Courses, vous allez me demander si on a l’intention de faire de la compétition ? «
CC : Tout juste cher Monsieur. Mais que la réponse soit négative, probable, ou positive, scoop, veuillez nous expliquer.
GC : La philosophie de Bugatti, sa raison d’être est de créer ce qui se fait de plus exceptionnel en matière automobile. La voiture pèse 1995 kg, ce qui exclu toute notion de compétition sur circuit. Par contre elle a une vitesse de pointe de 420 km/h qui en fait la voiture la plus rapide du monde dans des conditions de sécurité normales. ( NDA : On sait que la limite vient des pneumatiques et que la Bugatti pourrait probablement atteindre 500 km/h avec des pneus adaptés. Qui n’existent pas à ce jour, même si on prête à Michelin des études avancées à ce sujet). On a une voiture à tous points de vue exceptionnelle qui peut se conduire simplement, extrêmement souple, progressive et sécurisante.
CC : Combien allez-vous en fabriquer ?
GC : Il est prévu d’en fabriquer 500, soit 50 de plus que de Veyron, avec un rythme d’environ 85 voitures par an. 300 sur les 500 ont déjà été commandées.
CC : Les pays émergents, Chine, Inde, et les USA sont ils les principaux marchés pour une telle voiture ?
GC: Contrairement à ce que beaucoup pensent, le principal marché de cette voiture est l’Europe. La Suisse, le Royaume Unis et l’Allemagne étant les pays les plus demandeurs. Et plusieurs de nos clients possèdent plusieurs Bugatti. La Chine ne favorise pas l’importation de ce type de voitures. Par contre on a des propriétaires chinois qui les font rouler en Europe ou aux USA.
CC : Cette année, vous avez mis en avant la Bugatti 55, dont on doit le style à Jean Bugatti, le fils d’Ettore. Lui qui aurait pris le relais de son père sans le fatal accident de 1939. Et de façon plus étonnante mais très bienvenue, la EB 110. Elle est le fruit de la brève relance de la marque par Romano Artioli entre 1987 et sa faillite en 1995.
GC : Oui nous voulons que se maintienne et s’entretienne le fil de l’histoire de Bugatti. Il nous a semblé normal de réintégrer la EB 110 dans cette histoire. Dans notre histoire.
C’est donc sur la EB 110 que s’est achevé ce bref entretien. Elle est le point de jonction entre l’ancienne histoire achevée en 1963 avec le rachat par Hispano Suiza et le chapitre actuel voulu , désiré et orchestré par Ferdinand Piëch, l’ancien Président du groupe Volkswagen. Une histoire qui doit être le porte étendard de la capacité du groupe à produire des objets roulants défiant tous les superlatifs. Seul le ciel est la limite ! D’ailleurs on peut imaginer que les pertes subies lors de la production de la Veyron seront amorties en partie avec celle de la Chiron. Le tarif de la voiture ayant quasiment doublé. Mais loin de nous l’idée de parler de choses triviales, d’autant plus que le prix lui non plus n’a pas de limite, sinon celle de l’imagination de l’acheteur !
Bugatti aujourd’hui est à la voiture ce que les plus grands couturiers sont à la mode, Berlutti aux chaussures ou Richard Mille à la montre. Un concept store a ouvert à Munich, un autre prochainement à Monaco. On peut y choisir sa voiture, se faire conseiller pour le choix difficile entre des milliers de combinaisons et patienter pendant les deux années de délais d’attente en complétant sa garde robe avec des vêtements Bugatti fabriqués en Italie.
Marqueur évident de l’importance prise par le Salon Rétromobile dans l’image de marque des constructeurs, on pouvait y croiser plusieurs PDG de grandes marques, y compris celui de Bugatti, Monsieur Stephan Winkelmann, qui exerçait précédemment ses talents au sein du groupe, chez Audi puis comme PDG de Lamborghini.
Dppi et les Editions Cercle d’Art
Dppi, l’agence dont le copyright souligne les photos dans tous les magazines de sport automobile existe depuis 1965. C’est la plus ancienne ! Cinquante trois années d’archives. Celles d’une époque en or pour la passion. Celles de la passion pure partagée par public et pilotes. Celles d’un esthétisme qui devait autant aux personnages qu’au dessin des autos. Celles d’une pureté mariant l’absence de publicité et le piqué de négatifs noirs et blancs.
Quant aux Editions Cercle d’Art elles ont été créées en 1949 sous le « parrainage » de Pablo Picasso. Reprises en 2014 par Richard Mille, elles se consacrent au livre d’art de prestige.
Le trésor quelque peu endormi de Dppi et le talent des éditeurs ont donné naissance à une série d’annuels débutant avec 1965, suivi depuis Rétromobile 2019 par 1966. . Ils reprennent des photos de chaque année légendées par les deux monuments que sont Manou Zurini, l’un des fondateurs et piliers de l’agence et Johnny Rives, l’un des plus grands journalistes que la F1 ait connu. Celui que sa sensibilité met naturellement en résonance avec l’esprit du pilote. Celui qui observe, décrit et vous laisse juge. Celui dont les pilotes sont toujours les amis.
Les deux ayant légendé chaque photo, on devine assez facilement l’auteur par la différence d’approche. Manou Zurini, le photographe vous prend par le bras et à témoin : il vous montre ce que vous devez voir. Il vous tutoie d’ailleurs. Johnny Rives vous explique discrètement pour que vous compreniez ce qu’il y a à voir. Et cette différence est fascinante. Bravo à ceux qui ont l’idée d’un tel équipage pour ce beau livre.
Est-il nécessaire de souligner la qualité de l’ouvrage ? Tirage exceptionnel, qualité de mise en page, tout lui confère un statut particulier. Et l’on imagine le travail qu’il y a derrière celà pour nous donner le plaisir de nous évader vers ces années. A-t-on idée de la vie sauvage d’un négatif photo au sein d’une agence ? Rayures, coups de crayon, coups de ciseaux, poussière… Il faut donc d’abord effectuer la sélection, puis les scanner en très haute définition et ensuite les « nettoyer » et là, mieux vaut être zen car ça prend tu temps et de l’énergie ! Mais le résultat est là, superbe. Et au vu des dédicaces interminables sur le stand, il semble que les lecteurs ne s’y soient pas trompés.
Et dire qu’il va falloir attendre 2020 pour lire 1967 …
Fiskens – Quality as usual
Tartan déployé, le team Fiskens est présent comme tous les ans. Gregor que l’on connait mais aussi Dougal son frère. Le stand ne désemplit pas. Il est certain que si toutes les ventes ne se font pas à Rétromobile, le salon est la vitrine principale du marchand. En fait Fiskens est davantage un courtier qu’un marchand. Il prend en charge vos voitures et se fait commissionner sur la vente. Expérience, savoir-faire, relationnel, du fin fond de l’Ecosse au centre du marché européen en passant par les pistes de Goodwood ou de Monaco, Fisken est omni-présent. Un petit mot sur le brexit et la voiture ancienne. Pas trop d’inquiétude. Par contre sur les voitures neuves …
Parmi les voitures exposées, deux ont été pilotées par Jean-Pierre Jarier. La Daytona et la Shadow. Shadow pilotée il y a deux ans à Monaco par Gregor Fisken avec une 5e place du Grand Prix Historique.
Mini, Mini …. M’enfin !
Même la mini finit par prendre de l’âge. Pourtant à la voir elle semble avoir la sveltesse d’une jeune fille par rapport au modèle actuel. De quoi donner des idées que les taxateurs fous n’ont pas encore eues. Alors nous n’irons pas plus loin !
A suivre…