IRRESISTIBLE HAMILTON
A l’issue des trois premières séances d’essais du G.P. de Singapour F1 , le bilan des forces en présence était trompeur. Pour la plupart des observateurs, nous compris, Ferrari dominait la situation. Elle dominait aussi franchement qu’elle l’avait montré précédemment à Francorchamps et à Monza – bien qu’au final elle y ait été battue. L’impitoyable circuit de Singapour semblait être un terrain idéal pour que les 062 EVO de Vettel et Raïkkonen y expriment une supériorité flagrante. Et puis tout changea dans les moments décisifs. En qualification puis en course. Avant de s’élancer pour son ultime tentative de décrocher la pole position, Vettel ne put se retenir de s’exclamer : « Cessez de me dire que nous sommes les plus rapides ! » Effectivement, ils ne l’étaient pas. Hamilton et Verstappen le démontrèrent avec un brio qui échappe régulièrement à la Scuderia et à ses acteurs, techniciens et pilotes. En théorie, Ferrari a peut-être la meilleure F1 du moment, mais en pratique elle ne sait pas concrétiser cet atout. Hamilton l’avait irrésistiblement démontré en Belgique et en Italie. A Singapour, Lewis s’est montré tout aussi irrésistible. Comment ne pas conclure que les jeux sont faits ?
Johnny RIVES.
HAMILTON
Raïkkonen semblait avoir décroché, en Q2, une performance (1’37’’194) situant avec éclat l’efficacité des Ferrari : la « pole » de 2017 (1’39’’491 par Vettel) était pulvérisée de plus de deux secondes. Mais on n’avait encore rien vu… Lewis Hamilton se chargea de remettre les montres à l’heure en Q3. Il boucla un tour à un rythme ahurissant (1’36’’015) qui laissa ses rivaux loin derrière. Le plus fascinant chez lui, outre un sens inégalable de la vitesse et de la performance, c’est sa faculté d’éviter des erreurs de pilotage auxquelles n’échappent pas ses rivaux directs. « Il suffit d’y croire ! » expliquait-il après son exploit. Sauf que les autres y croient aussi, évidemment. Mais qu’ils n’ont ni son talent, ni une F1 aussi performante que la sienne. Si elle paraît aussi merveilleuse entre ses mains, la Mercedes W09 le doit beaucoup à lui même. Valtteri Bottas ne dira pas le contraire, à qui sont offerts les mêmes éléments mécaniques sans qu’il sache en tirer le même profit qu’Hamilton. Lequel se situe au dessus du lot, comme on s’en était déjà rendu compte à Francorchamps et à Monza. Aucun doute possible.
VERSTAPPEN
Quels que soient les mérites et la valeur de Sebastian Vettel, un autre pilote qu’Hamilton s’est montré à Singapour plus convaincant que le quadruple champion du monde allemand : Max Verstappen, évidemment. Qui a finalement concédé moins de dix secondes à Hamilton au bout de 308 km de sprint, quand Vettel n’a pu faire mieux que d’en lâcher près de quarante (39’’945 précisément) au Britannique. Et cela, à en croire le jeune Batave, malgré un moteur Renault qui subissait des coupures ainsi que des baisses de rendement inattendues depuis les essais. Il faut qu’il soit sacrément fort, Max, pour surmonter aussi brillamment les faiblesses d’un moteur qu’il critique si souvent. Heureusement pour lui, tout ira mieux l’année prochaine. Il disposera un moteur irréprochable fourni par Honda.
ALONSO
Une des surprises de ce GP de Singapour aura été de constater un réel bond en avant des McLaren, en particulier celle de Fernando Alonso – le pauvre Vandoorne étant laissé pour compte par son équipe apparemment ! Onzième sur la grille de départ, l’Espagnol eut l’opportunité d’être le mieux placé des pilotes libres de choisir leurs pneus pour débuter la course. Alonso et McLaren optèrent pour les « ultra soft » (violets) qui, l’accrochage des deux Force India aidant, lui permirent de se dégager d’entrée du gros peloton. En tête duquel il se maintint jusqu’à l’arrivée, malgré les efforts des Renault et des Sauber. Une des surprises de la course fut l’inexistence des Force India (on sait pourquoi…) mais aussi des Haas, habituellement si performantes. L’équipe américaine a tiré son épingle du jeu grâce à un subterfuge : Magnussen a effectué deux changements de pneus, le dernier pour chausser des « hyper soft » tout en fin de parcours. Ils lui permirent de signer son meilleur tour une seconde plus vite (1’41’’905 contre 1’42’’913) que celui d’Hamilton. Un gag authentique qui interdit de considérer l’éventualité d’attribuer un point pour le championnat du monde à l’auteur d’une telle performance – sans signification raisonnable, Magnussen l’a clairement démontré ici ! En revanche, un point pour l’auteur de la pole position, pourquoi pas ? Hamilton ne serait pas contre. Il en a décroché sept cette saison, contre six à Vettel. Ricciardo (Monaco) et Raïkkonen (Italie) se sont partagés les deux restantes.