VETTEL EN HOMMAGE À GILLES VILLENEUVE
Avouons le sans ambages, nous attendions plus du circuit Gilles-Villeneuve que ce qu’il nous a offert dans ce GP du Canada. Après la course processionnaire de Monaco, où Ricciardo n’avait pas eu grand mal à contenir ses rivaux, on a assisté sous le soleil du Québec à une autre forme de procession.
Johnny Rives.
PROCESSION
Les trois équipes qui dominent outrageusement la F1 ont, une fois de plus, outrageusement dominé la situation au Canada. Mais qu’y faire ? Cette fois les six acteurs du haut de l’affiche se sont détachés les uns des autres insensiblement. A doses homéopathiques, par fractions de seconde. Leur lutte fut extrêmement tendue mais inexorable. L’incertitude tant espérée ne tenait qu’à la résistance de chaque mécanique. Finalement, le moins rapide des six (Raïkkonen) n’a pas concédé une demie minute à Vettel qui s’est montré, dans ces circonstances, le plus efficace des six. « Ferrari était hors de notre portée », a tristement reconnu Bottas après avoir franchi l’arrivée sept petites secondes après le héros du jour. Par bonheur, celui-ci a su fêter sa troisième victoire de la saison avec égard vis à vis du public Québécois et de son héros disparu Gilles Villeneuve. Comme pour nous consoler.
LE PAUL-RICARD EN PERSPECTIVE
Quelle perspective les derniers grands prix offrent-ils à l’approche du rendez-vous français sur le circuit Paul-Ricard ? A moins d’un caprice météorologique inattendu, comment s’attendre à un bouleversement de la hiérarchie ? Elle semble si solidement établie désormais. Comme d’ailleurs elle le fut, n’en déplaise aux nostalgiques (« C’était mieux avant »), aux époques les plus fameuses de la F1. Par exemple en 1976 quand Lauda et Hunt n’accordaient que des broutilles à leurs rivaux. Ou, plus près de nous, en 1988-89 quand du haut de leur légendaire rivalité chez McLaren, Prost et Senna mettaient sous l’éteignoir toute opposition, même celle de Ferrari. C’était déjà le cas à la création du championnat (1950) avec l’ultra domination des Alfa Romeo emmenées par l’irrésistible Fangio. C’est dire… Il faut croire qu’à l’époque on était moins exigeant au plan du spectacle. Peut-être sommes nous trop gâtés aujourd’hui ?
Pour en revenir au présent, ou plus exactement au futur immédiat, impossible d’abandonner l’impression qui nous avait gagné à l’issue du dernier GP d’Espagne (1.Hamilton, 2.Bottas) : le circuit Paul-Ricard paraissant aussi sélectif que celui de Catalunya, comment y envisager un combat indécis s’y dérouler ? La seule incertitude possible est que, contrairement à Barcelone, les écuries y débarqueront dans l’inconnu au plan des réglages. Les tâtonnements pourront altérer la hiérarchie entre les premiers tours de roue, vendredi, et les qualifications. Mais au bout du compte, sauf sursaut inattendu de Ferrari ou Red Bull, Mercedes devrait trouver sur le plateau du Camp du Castellet, un terrain favorable pour relancer les chances d’Hamilton que l’essoufflement de sa machine a muselé à Montréal.
BLEU BLANC ROUGE
Toujours dans la perspective du GP de France, le point le plus positif à ressortir du Canada, concerne la représentation française. Cocorico ? Tout en restant modeste, on soulignera l’émergence des Renault F1 derrière les six « grands » : Hulkenberg et Sainz se sont adjugés les deux premières places parmi les « autres », tout en ayant concédé un tour plein aux leaders. Les F1 couleur jaune et noir se sont tout de même défait du restant de l’opposition, malgré les qualités affichées aux essais ou en qualif par les Force India, les Haas ou autres Toro Rosso. Certes elles ont eu besoin d’un soupçon de réussite pour y parvenir. Là on songe surtout à Esteban Ocon, qui était parvenu à les devancer en début de course mais qu’un changement de pneus calamiteux à rejeté derrière elles. Après un début de saison mitigé, le grand espoir français est en train de redorer son blason, comme il l’avait déjà fait à Monaco (6e). A Montréal (9e) il a précédé une jolie triplette francophone constituée par l’étonnant Charles Leclerc (qui réussit à tirer un parti surprenant de sa modeste Sauber), par le prometteur Pierre Gasly (dont on n’est pas convaincu que son moteur Honda ait des arguments pour décider Red Bull à miser sur lui) et enfin Romain Grosjean (qui mériterait de scorer ses premiers points).
McLAREN, LA DÉCEPTION
Au terme d’un premier tiers du championnat 2018, force est d’établir un constat décevant concernant les prestations des McLaren. On attendait bien mieux de cette équipe après son passage du moteur Honda, si décevant en 2017, au Renault. Avant que la saison ne commence, on se disait que pour être en accord avec leur glorieuse histoire, les McLaren pourraient peut-être rivaliser, à moteur égal, avec les Red Bull. Ce qui aurait sacrément pimenté le championnat en faisant passer de six à huit les candidats à la victoire. Hélas, force est de reconnaître qu’on en est loin. Malgré tout le talent de Fernando Alonso, malgré les promesses placées en Stoffel Vandoorne, les McLaren restent empêtrées dans le ventre mou du peloton. Au point de, progressivement, céder du terrain à l’inattendue équipe Sauber à la tête de laquelle Frédéric Vasseur est en passe de devenir un directeur de haut calibre.