En 1970 le circuit Paul Ricard incarnait le 21e siècle. Que dire de ce qu’il est devenu ? Sinon que futur s’écrit désormais 22e siècle. Et que le circuit est prêt à franchir de nouvelles décennies d’exemplarité. Sur le pont de ce vaisseau inter-temporel depuis 2011, Stéphane Clair, son Directeur Général, a accompagné le circuit dans sa dernière mutation avant le grand retour, le 24 juin 2018, du Grand Prix de France de Formule 1.
L’enjeu est de taille. Pour les promoteurs, pour la région et pour la Formule 1. Car un championnat du monde sans Grand Prix de France ne peut être aussi attractif . Que ce soit pour les passionnés, les pilotes ou les leaders industriels que compte toujours notre pays.
Stéphane Clair malgré un agenda qu’on imagine très chargé nous a fait l’amitié de bien vouloir répondre à quelques questions pour les lecteurs de Classic Courses.
Olivier Rogar
Classic Courses sur le Paul Ricard :
Circuit Paul Ricard – Genèse – Jean Pierre Paoli 1/2
Circuit Paul Ricard – Genèse – Jean Pierre Paoli 2/2
Circuit Paul Ricard – Trophée de France F2 1970
Circuit Paul Ricard – Sports Protos – Jarier en son jardin
Circuit Paul Ricard – Grand Prix de France 1971
Circuit Paul Ricard – Grand Prix de France 1978
Circuit Paul Ricard – Grand Prix de France 1980
Circuit Paul Ricard – Grand Prix de France 1990
Circuit Paul Ricard – Stéphane Clair
Olivier Rogar – Vous imaginiez-vous devenir si impliqué, si proche du sport automobile ?
Stéphane Clair – Oui. J’ai toujours été passionné depuis tout gamin, j’en ai toujours été très proche. C’est un univers que j’ai toujours côtoyé. Que ce soit en tant que compétiteur, amateur, amateur un peu plus éclairé, ou comme organisateur. En revanche arriver à la tête d’un circuit, ce n’était pas un plan de carrière que j’aurais pu imaginer. Et participer à l’organisation d’un Grand Prix de Formule 1, encore moins évidemment !
Mais en 1990 j’étais sur le muret des stands pour assister à la victoire d’Alain Prost. J’ai fait ici du karting, de la formule Ford, différentes activités, j’ai même gagné un trophée étudiant. J’ai toujours adoré cet univers. Pouvoir aujourd’hui travailler en étant aussi proche des différents teams, de différents pilotes (Ari Vatanen l’appelle à ce moment là), leur présenter notre circuit, pouvoir discuter avec des professionnels, leur donner mon avis en termes de stratégie, c’est quelque chose d’incroyablement gratifiant quand on est un passionné.
OR – La vie était-elle plus calme avant que vous parliez de Grand Prix de F1 ?
SC – Forcément la vie d’un directeur du circuit et d’un responsable de l’organisation d’un grand prix n’est pas la même qu’avant c’est évident. Les choses s’accélèrent et s’accélèrent d’autant plus qu’on approche de l’heure du Grand prix. On le constate tous les jours, on sait dès-à-présent qu’on ne pourra pas réaliser tout ce qu’on a imaginé mais c’est ainsi que les événements se font. On fait tout pour que l’expérience de spectateur soit la meilleure possible, pour que les pilotes les teams les médias soient soignés « aux petits oignons », pour que tout le monde ait une image positive de ce Grand Prix. On espère qu’on nous pardonnera les immanquables petites difficultés de la première fois. Car cette année servira de test. Ça fait maintenant cinq ou six années qu’on s’est réellement ouvert à la compétition, qu’on accueille des événements mais accueillir une course du niveau de la Formule 1, se transformer d’un circuit qui ne recevait plus de spectateurs en un circuit qui devient d’un seul coup la quatrième ou cinquième enceinte sportive française, il y a un pas qu’on est en train de franchir. On fait le maximum pour que tout soit prêt mais on découvre encore des difficultés ou des imprévus des interrogations se posent à chaque heure.
OR – Le fait qu’on se situe à un niveau mondial est générateur de pression. Je pense particulièrement à l’environnement politique, institutionnel et médiatique…
SC – Moi pour l’instant je dirais qu’on n’a pas de pression, on se sent au contraire portés par une volonté très large. C’est-à-dire qu’il y a eu une sorte d’unanimité autour de ce projet. Pour rappel, avant qu’on l’annonce, personne n’y croyait. On a mené nos démarches quelque peu en secret, entre deux portes dans des bureaux isolés, on travaillait réellement sur le dossier mais on n’en parlait plus depuis 2016. Ce silence radio qui a prévalu n’a pas empêché qu’on y ait travaillé mais on n’a pas avancé seuls. Le projet ne tient que parce qu’il y a le soutien des collectivités locales.
Rappelons que le premier projet qu’on avait initié en 2012 s’était fait sur un plan national. On s’était dit « c’est le gouvernement d’un pays qui va décider qu’il y aura un grand prix ». On a vu que ça n’avait pas fonctionné. Le gouvernement suivant n’avait aucun intérêt à aller dans cette direction-là. Complètement hermétique.
OR – Donc ça s’est organisé localement ?
SC – Oui, c’est finalement en allant à l’échelle locale et en retrouvant des acteurs dynamiques qu’on a réussi à monter cette affaire. Mais en fait, nous on a simplement apporté le projet. Il nous a été demandé de démontrer qu’il avait un impact économique et que ce n’était pas simplement une manifestation avec des voitures qui tournaient en rond sur un ruban d’asphalte, aussi beau soit-il, avec autant de passionnés qu’il puisse y avoir.
Evidemment la Côte d’Azur ou la Provence n’ont pas forcément besoin d’un Grand Prix de Formule 1 pour se forger une image internationale. Cela tout le monde en était à peu près conscient. Néanmoins un événement sportif qui amène dans la région en début de saison avant que le public touristique n’arrive, des retombées économiques importantes, ça intéressait les collectivités locales.
OR – Et quelles étaient les conditions données par la Région ?
SC – Quand Christian Estrosi s’est emparé de ce dossier, il n’a pas abondé directement en faveur de la manifestation en disant « un Grand Prix de Formule 1 dans la région, formidable ! ». Non. Son approche a été celle d’un investisseur. Qu’est-ce que ça rapporte ? Combien ça coûte ? A quoi ça sert ? Qu’est-ce qu’on peut construire autour en termes de programme de fond, de formation, de créations d’emplois, d’installation d’entreprises ?
J’ai trouvé que la démarche était pointue. Différente de ce qu’on voit parfois dans le monde politique, sensible aux « coups de com ». La région était à la recherche d’événements structurants. Un Grand Prix de Formule 1 par son ampleur en est un. Les études complémentaires qu’il a faites réaliser sur la base des éléments que nous avions avancés ont démontré qu’il y avait au minimum 65 millions de retombées économiques pour la région lors de chaque édition. À partir du moment où il a été rassuré sur ce premier aspect il a dit que ça ne suffisait pas il fallait que toute la région en ait envie. C’est-à-dire que tous les départements, les communautés d’agglomération, les métropoles, les grandes villes, les Chambres de Commerce… Il fallait que tout le monde ait envie du succès de cette manifestation.
Il a donc fait le tour de toutes ces entités. Et tout le monde s’est mobilisé. Je dois avouer que ce n’est pas de la pression qu’on a mais c’est un véritable soutien de la part de tous ces gens-là. Et c’est incroyable comme ça change la vie.
OR – Qu’est -ce que ça a changé pour vous ?
SC – Quand je suis arrivé ici en 2011, le circuit après avoir était fermé puis refait, était géré en autarcie, pour ne pas dire à huis clos, un peu isolé de son environnement, alors quand je vois comme les collectivités peuvent aujourd’hui faciliter notre action en travaillant main dans la main avec nous, je parle de l’ensemble des acteurs politiques et économiques de la région, ce n’est donc pas de la pression mais une évolution considérable.
La pression on va l’avoir. C’est ce que je dis à mes équipes de terrain, à mes équipes de communication, à mes équipes informatiques et à tous les gens qui vont travailler : on va voir des clients exigeants, un public exigeant et qu’en plus ça va être télévisé donc, qu’on n’a pas le droit à l’erreur. Mais à ce stade, pour l’instant, en phase préparatoire, on évolue et on travaille dans un climat qui est très apaisé.
OR – Comment est-ce géré et par qui ?
SC – Le groupement d’intérêt public–GIP- est en fait le promoteur du Grand Prix. Il vend les billets, décide de la communication et de la stratégie. C’est un regroupement de puissances publiques auquel on est rattaché. Ca a formidablement bien marché en termes de billeterie puisqu’on est au-delà de nos objectifs. Tout le monde nous disait « vous allez voir, c’est fini, la F1 ça ne marche pas… Pourtant on a bien démontré qu’il y avait une véritable attente. Evidemment l’absence de Grand Prix en France pendant dix ans a joué mais on est un pays, avec les Belges, les Allemands, les Italiens, les Anglais… dans lequel il y a une culture de l’automobile. Lorsqu’un événement de ce genre, de cette dimension revient, il y a un engouement, une adhésion. Donc voilà on est rassuré. On a la pression, mais on part confiant.
OR – Il manque peut-être encore un pilote français en position de gagner des grands prix ?
SC – Je pense que des pilotes français capables de gagner des Grands Prix il y en a, mais qu’ils aient la bonne voiture au bon moment, c’est ce qu’il faut réussir à aligner. D’ailleurs en ce qui nous concerne, l’alignement de planètes qui s’est produit a non seulement vu l’apparition de ces trois pilotes français, voire trois et demi avec le monégasque Leclerc mais aussi le retour de Renault en tant que concurrent avec un team en propre, la présence de trois patrons d’écurie français ce qui n’est pas rien ( Abitbol chez Renault F1, Vasseur chez Sauber et Boullier chez McLaren). C’est quand même rare. On a rarement vécu des moments comme ça où la France était aussi présente dans ce monde.
Si j’ajoute à ça que les Américains, propriétaires de la Formule 1, sont super contents d’avoir un Grand prix en France et spécialement dans cette région emblématique. La Provence, la Côte d’Azur, la mer, les paysages…qui correspondent pour eux à une image et à des souvenirs également.
Une conjonction de facteurs très favorables qui a fait que ce système a pu se monter et que le projet avance. C’est très agréable mais il n’empêche qu’il y a un enjeu qui est majeur, il y a un environnement d’envergure mondiale dont le départ sera donné le 24 juin à 16h10.
OR – Vous recrutez beaucoup de gens ?
SC – Oui il y a 1500 postes à pourvoir, il y a beaucoup de candidats, et cela uniquement pour le circuit parce que chez nos sous-traitants il y a beaucoup d’autres postes à pourvoir également. Il y a un impact de cette manifestation, une montée en puissance de l’organisation. Le promoteur a souhaité n’être qu’un état-major avec des têtes pensantes qui viennent du monde du sport, du marketing sportif, de la billetterie, de la communication, et qui savent monter de gros projets. Ils ont souhaité piloter un certain nombre d’intervenants et ont confié au circuit un grand nombre de responsabilités comme l’accueil des acteurs, l’organisation sportive. Pour nous c’est un plaisir que d’avancer avec une équipe à la fois très professionnelle et riche d’importantes ambitions. C’est quelque chose d’idéal pour livrer ce type d’opération. Et quand on discute avec nos confrères autres organisateurs de Grand prix, ce n’est pas toujours le cas. Les choses ne sont pas toujours aussi simples et là on a le sentiment d’avoir les bonnes cartes en main pour pouvoir avancer.
OR – Est-ce que ça a généré des demandes concernant l’installation dans la zone, d’entreprises à caractère high-tech ?
SC – La réponse est oui. On ouvre très prochainement, puisque les accès routiers vont être terminés pour le Grand prix, une dizaine d’hectares ouverts à l’investissement immobilier d’entreprises spécialisées dans les sports mécaniques. Elles disposeront d’un accès direct à la piste, pas seulement pour l’aspect sports mécaniques mais également pour la mobilité, pour la recherche en énergies nouvelles, en électronique embarquée. On s’aperçoit que ces entreprises novatrices ont besoin de se fédérer, elles ont besoin de travailler ensemble. On a une multitude de start-up qui se sont faites connaître pour pouvoir à la fois profiter de nos installations, en faisant des essais ici, mais aussi disposer d’un environnement d’entreprises du même secteur. C’est un gros projet qui est en train de démarrer. Les premières installations vont avoir lieu l’année prochaine. Dès 2019 des entreprises vont s’installer. On sent très bien la montée en puissance d’une part autour du Grand Prix et d’autre part autour de la stratégie de développement concernant l’automobile et les sports mécaniques.
OR – Quelque chose a-t-il été fait à destination des publics les plus « éloignés » de ce type d’événement ?
SC – Oui en particulier sur le public jeunesse. Il y a une grosse opération qui est montée le jeudi matin où plus de 10 000 collégiens et lycéens plus les élèves des écoles primaires des communes qui nous entourent vont venir découvrir ce que sont les coulisses d’un Grand prix de Formule 1. Ils vont pouvoir visiter les stands, regarder les voitures, rencontrer des pilotes. C’est quelque chose auquel tenait Christian Estrosi ; un Grand Prix ce n’est pas seulement élitiste ça doit être populaire et surtout il faut redonner le goût à la jeunesse des sports mécaniques. Là, plutôt que l’homme politique je dirais que c’est l’ancien champion qui parle. C’est le cri du cœur de celui qui a vu qu’à un moment on s’est séparé de notre public.
Et nous on le voit très bien dans la fréquentation du circuit. Le public jeunesse est très compliqué à attirer. On a donc mobilisé des moyens parallèles comme la musique, les jeux électroniques, le sport, les animations autour du Grand Prix pour faire venir les familles. Une fois que les jeunes auront accroché, ils auront peut être , eux aussi, le virus et fréquenteront le circuit comme leurs parents le faisaient avant eux. Mais on a peut-être malgré tout loupé une génération qui s’est délibérément éloignée des circuits et de ce sport.
Ceci étant je suis désolé de dire que moi le week-end je faisais de la mécanique, je réparais ma voiture ou du moins je l’entretenais. Mais aujourd’hui plus personne ne fait ça. Ne peut le faire. Vous ouvrez un capot vous avez un énorme morceau de plastique sur un moteur dont vous ignorez à première vue s’il fonctionne à l’essence ou diesel voir même le nombre de cylindres et globalement avant 30 000 km vous ne la ramenez pas au garage. Plus rien ne vous relie à vos voitures même si celles-ci sont formidables. Globalement il manque dans tout ça, ce qui crée la passion.
OR – De nombreux investissements ont été faits sur le circuit en vue de l’organisation du Grand Prix de France. Qu’en est-il en ce qui concerne l’accueil des spectateurs ?
SC – Et bien on créée 51000 places de tribune en plus des tribunes existantes. On a créé des aires pour que le public qui achète des billets dits d’enceinte générale puisse voir la course dans des conditions optimales. Il y a même d’ailleurs des places qui sont quasiment meilleures que celles des tribunes pour des gens qui ont payé les billets les moins chers. La jauge maximale sera de 80 000 spectateurs sur le circuit pour la première édition on vise autour de 65 000 personnes.
OR – Quand il y a une grande course au Paul Ricard, on se pose toujours la station des accès. Comment cela va-t-il se passer ?
SC – Oui bien entendu on s’est posé cette question. Pas tous seuls mais avec les services de la gendarmerie, avec les pouvoirs publics pour réfléchir à un plan de circulation qui devrait améliorer l’ordinaire. Soyons réalistes, on ne va pas avoir davantage de route que celles qui existent aujourd’hui. Néanmoins le système qu’on met en place devrait favoriser la fluidité et en particulier de nombreux parkings seront facilement accessibles . Il y aura aussi 1, boulevard périphérique autour du circuit et une gestion de parkings avec un accès direct à pied vers le circuit. Il n’y aura pas besoin de navettes. Nous pensons que ce système fonctionnera bien.
Évidemment comme pour tout grand événement – on avait hier par exemple une demi-finale de ligue européenne de football à Marseille, 63 000 spectateurs, la ville a été bloquée de 15 heures à la fin du match et au-delà – on aura sans doute à vivre ce genre de chose, avec des ralentissements et un temps un peu plus important que d’habitude pour venir jusque-là. Mais le risque de blocage a été éliminé.
J’ajoute à ça qu’il y a un très beau service qui a été mis en place avec six hélicoptères et autant de bases de départ à six minutes de vol du circuit. Vous pouvez donc laisser vos voitures sur les parkings de ces bases et vous acheminer en hélicoptère jusqu’au circuit. Celà a des tarifs qui restent raisonnables. Les hélicoptères se posent sur l’aéroport du Castellet est un service de navettes vous accompagne jusqu’à votre tribune.
OR – Le circuit accueille aujourd’hui beaucoup de manifestations de voitures anciennes, quel est votre ressenti par rapport à ce type de compétition ?
SC – J’ai une tendresse particulière pour ces disciplines. Je ne me suis pas lancé parce que lorsqu’on démarre c’est la fuite en avant perpétuelle. J’ai eu quelques motos puis j’ai commencé à racheter des voitures que j’avais conduites dans ma jeunesse…Bref le parcours qui mène à la collectionnite ! Je m’en suis aperçu et je me retiens. Je n’ai pas le temps, je n’ai plus le temps mais ça me passionne c’est quelque chose d’extraordinaire.
Ce qui me surprend le plus par exemple lorsque je monte à bord de ma petite Alfa, c’est le manque de sécurité. Mais comment a-t-on pu aller vite avec ces voitures ? Comment avoir fait des courses avec des engins pareils quand on compare avec la sécurité présente dans les voitures d’aujourd’hui ?
Mais d’un autre côté aujourd’hui ça semble tellement facile, aseptisé qu’à mes yeux ça présente un intérêt moindre. Notamment les GT. Je ne parle pas des voitures de course préparée qui nécessitent de réelles compétences de pilote. Mais des GT modernes. Quand on compare les choses on se dit juste que c’est incroyable. En termes de sensations on se demandent pourquoi les gens ne reviennent pas à l’essence de ce qu’étaient ces voitures de sport.
OR – Paradoxalement on parle de voitures anciennes avec peu de sécurité passive mais elles tournent sur un circuit très avant-gardiste en termes de sécurité !
SC – Aujourd’hui on sert de modèle. Les derniers circuits créés se sont très largement inspirés de ce qu’on a fait ici au Castellet. On répond aux exigences de la FIA par rapport à la venue de Formules 1 modernes, ce qui demande encore davantage d’investissements en matière de sécurité et je pense que tout l’intérêt d’un circuit comme le Ricard c’est que les installations qu’on offre aux écuries de Formule 1 on les offre également à tous ceux qui vont venir y tourner dans des formules intermédiaires. Le pilote qui arrive avec une Youngtimer, une petites 205, va voir exactement la même sécurité que le pilote de F1.
Mélanger l’ensemble de ces participants, de ces publics est pour moi l’un des intérêts d’une installation comme le circuit Paul Ricard. Quand j’étais très jeune je venais aider une école de pilotage ici, en leur nettoyant les voitures et en faisant quelques menus travaux, comme installer les gens à bord des autos. En échange, le soir venu j’avais droit à une petite heure de pilotage sur une Formule Ford. Je m’en souviens encore. Quand je regarde les photos on était dans des combinaisons en coton avec des baskets et un casque avec lequel aujourd’hui il serait interdit de faire du scooter. On était là et on bossait toute la journée pour cette heure qui était comme un sacre. Au cours de ma semaine je n’avais qu’une hâte c’est que le week-end arrive !
Je trouve que ça, tout comme recevoir un team de Formule 1 venant faire des essais de pneumatiques avec des ingénieurs des systèmes d’acquisition de données très performants, ça constitue ce qui est le sport automobile. Et moi c’est ce qui me plaît. Je fais de la course sur glace, du rallye et de la monoplace. J’aime tous ces univers et c’est le mélange qui est intéressant. Ce n’est pas parce qu’aujourd’hui il y a, par exemple, un parking de Ferrari que les gens qui sont là en youngtimers ou en Alfa ne vont pas pouvoir leur parler. Le circuit c’est un endroit où les passionnés se retrouvent : spectateurs, acteurs, pilotes tous les milieux se mélangent, le trait commun c’est la passion.
OR – Dernière question même si je pense qu’on ne peut pas la poser à un organisateur : y a-t-il une équipe ou un pilote que vous soutenez ?
SC – Ah je crois qu’on n’a pas le droit ! Alors ce qu’on va faire simplement c’est revenir un peu en arrière. Moi à l’époque de Prost et Senna je dois avouer que j’étais davantage Prost que Senna même si on appréciait Senna et qu’il est devenu une icône absolue. En course je trouvais que l’intelligence du «Professeur » était incroyable. Pour la suite des événements on ne pourra pas ne pas dire que Schumacher ne nous a ému et impressionné. Aujourd’hui j’aurais davantage de mal à m’enthousiasmer. J’apprécie la fougue d’un Verstappen.
Mais je dirais que mon rêve évidemment c’est qu’on ait trois Français sur le podium ! C’est déjà arrivé !
Propos recueillis par Olivier Rogar
27 avril 2018 circuit Paul Ricard
Stéphane Clair, parcours :
Né en 1971, Stéphane Clair est un véritable passionné de sports mécaniques. Pilote de moto émerite, il a participé au Championnat de France enduro et à de nombreux rallye à travers le monde dont le prestigieux DAKAR à plusieurs reprises. Mais il est également pilote auto en rallye-raid sur circuit terre et glace, son dernier engagement n’est autre que le rallye du Var en Novembre 2015.
Il débute sa carrière professionnelle comme animateur-producteur indépendant à la télévision. Il est à la fois journaliste sportif automobile couvrant la F1 et le rallye-raid mais également concepteur, producteur et animateur d’émissions ayant pour thèmes le voyage et l’aventure.
Il s’oriente ensuite vers l’aviation et devient Responsable de la communication, des relations publiques, et du développement commercial de l’Aéroport Marseille-Provence.
En 1995, il intègre l’agence Alice Evénements en tant que chef de projet, son portefeuille évènementiel s’étend de l’organisation de congrès à celle d’évènements sportifs. En 2000 il est promu Directeur Général Associé de l’agence et accède en 2004 à la Vice présidence du groupe Alice où lui sont confiés la gestion des comptes clients d’EDF, IBM, NISSAN, TOTAL et bien d’autres.
Puis, en 2007, il est nommé directeur général de NPO Motors Event, la filiale sport auto de l’agence, il en fera l’acquisition en 2008.
Promoteur-organisateur de deux manches du Championnat du Monde FIA-FIM des Rallyes Raids en Tunisie et au Maroc, il fonde et développe également les JPMS ( Journées Professionnel de la Moto, du quad et du Scooter ) qui réunissent près de 10.000 visiteurs et plus de 200 exposants chaque année , puis crée l’Evénement Moto sur le Circuit Paul-Ricard , avec l’aide de son épouse Emma CLAIR, championne du monde de Quad et Jean Pierre BONATO, spécialiste de la moto classique.
En 2011, Stéphane Clair est appelé à la Direction Générale du Circuit Paul Ricard. Il sera chargé de booster le développement commercial du circuit et promouvoir le concept « Destination Castellet » : un site dédié aux loisirs et au tourisme (aéroport international d’affaires, un parc hôtelier du 3 aux 5 étoiles, des restaurants et des possibilités de loisirs et de détente).
Retour en dates :
1989-1991 : Animateur TV et Chargé de production (France3 / La Cinq )
1991-1995 : Responsable Communication & développement (Aéroport Marseille Provence)
1995-2009 : Vice-Président de l’agence Alice Evènements
2005-2011 : Directeur Général de NPO Motors Events
Depuis 2011 : Directeur Général Circuit Paul Ricard