8 septembre 2017

Le Galop des Cuirassiers

 Au Galop en Vespa

« C’est une magnifique voiture, vous avez une belle philosophie de la vie, bravo ! » Sortie de la Mercedes qui attendait derrière nous au feu rouge, une dame est venue au pas de course nous faire cette déclaration enthousiaste, alors que nous sommes sur le point d’arriver dans la petite ville de Reichshoffen, point de départ de cette seconde journée du Galop des Cuirassiers 2017. Le reste du dimanche sera à l’avenant : la rutilante Vespa 400 rouge ne cessera d’attirer les regards et de susciter la sympathie des nombreux piétons, cyclistes et automobilistes que nous croiserons. Pas besoin d’avoir une Ferrari pour se faire remarquer !

Olivier Favre

Le Galop des Cuirassiers, c’est un rallye touristique organisé pour la première fois en 2016 par le club Passion Alpine Renault Alsace. Le nom fait bien sûr référence à la bataille de Reichshoffen (qui n’a pas eu lieu à Reichshoffen, d’ailleurs, mais quelques km plus à l’est) en 1870, célèbre pour les charges des cuirassiers français qui se sacrifièrent face à l’armée allemande bien plus forte numériquement. Comme pour des centaines d’autres manifestations de ce genre, l’objectif n’est pas la performance, mais le plaisir de rouler et la convivialité entre passionnés.

Parmi les quelque soixante voitures participantes, il y a évidemment beaucoup d’Alpine et de Renault. Berlinettes, A310, A610, Spider, R5 Turbo, Clio Williams et RS, … c’est quasiment toute la production à tendance sportive de Renault depuis 50 ans qui est représentée, à l’exception des Gordes, R8 et R12. Mais on trouve aussi des Porsche, des anglaises (Morgan, Triumph TR3), des BMW, … Et dans le coin des petites, une Fiat 500 et notre Vespa, qui entendent bien ne pas passer inaperçues avec leur couleur rouge.

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Je n’étais jamais monté (ou plutôt descendu) dans une Vespa 400 et je dois avouer que je m’inquiétais un peu du confort que ma grande carcasse pourrait y trouver. Eh bien, j’avais tort : le moteur à l’arrière permet de laisser toute la place nécessaire aux jambes et les sièges sont tout à fait acceptables. En plus, la Vespa de François – sa première voiture – est dans un état impeccable. Certes, la peinture a été refaite, mais pour le reste elle est d’origine avec seulement 27 000 km au compteur. Même les petits pneus Michelin sont ceux de sa sortie d’usine ! Usine qui, on le sait, se trouvait non pas en Italie mais à Fourchambault dans la Nièvre, puisque Fiat a tout fait pour entraver la vie de cette dangereuse concurrente de sa 500.

Et en roulant on comprend pourquoi Fiat avait peur : le petit bicylindre 2 temps pousse joyeusement et la tenue de route est impeccable. François négocie les ronds-points  en décélérant à peine, mais la puce suit son cap sans problème et avale les ondulations de la route sans qu’à aucun instant on puisse avoir de doute sur ses capacités routières. Ce qui me permet de me concentrer sur le road-book afin d’indiquer à mon pilote les changements de direction. Heureusement que le parcours est simple et sans pièges, car nous n’avons pas de tripmaster et le compteur de la Vespa se limite aux kilomètres. Donc, c’est à moi d’estimer où nous en sommes depuis la dernière bifurcation. Mais je prends ma tâche au sérieux et m’en acquitte sans erreur à la satisfaction de François.

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Nous roulons sur de petites routes très agréables et peu fréquentées (ce qui est rare en Alsace, surtout le dimanche), si ce n’est par des dizaines de cyclistes que nous dépassons sans peine, y compris dans les côtes. Des côtes où l’important est quand même d’arriver à prendre de l’élan, car la première vitesse (il y en a trois) n’est pas synchronisée. Alors que le samedi fut marqué par la visite d’un site viticole, le dimanche est placé sous le signe de la bière. C’est pourquoi après un parcours sinueux d’une cinquantaine de km, nous sommes attendus pour la visite de la villa Meteor à Hochfelden. Cet espace de découverte des secrets de bière a été ouvert en 2016, sur le site de la plus ancienne brasserie de France, en activité depuis 1640.

La cohorte de participants retourne ensuite au point de départ pour y déjeuner (au menu, un plat alsacien typique que je recommande vivement : le baeckeoffe). C’est l’occasion de discuter avec Marcel et son épouse, venus avec leur magnifique Citroën SM mauve foncé (enfin, ça dépend, c’est une couleur très spéciale qui change avec la lumière). Mais il n’y pas que la couleur de spéciale : cette SM a troqué son V6 Maserati contre un V6 bi-turbo de Safrane !   Une transformation réalisée il y a une dizaine d’années par un mécanicien de génie nommé Joseph Loizeau[i]. Marcel et son épouse (aussi enthousiaste que lui) sont intarissables sur leur « Citro-nault » et sur les voyages qu’ils ont faits avec leurs voitures en 45 ans de mariage. Et Marcel nous livre en prime une anecdote amusante sur le site web ci-dessus mentionné : au départ, il ne mentionnait pas le nom Citroën, ce qui lui valut de recevoir de l’étranger, notamment d’Ukraine, quelques propositions SM qui n’avaient absolument rien à voir avec l’objet de sa passion Citroën, si ce n’est que passion et souffrance sont étymologiquement synonymes ! En tout cas, voilà un bel exemple de passionnés : « ce n’est pas de la passion, c’est de la rage » selon Marcel.

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L’édition 2017 de ce Galop des Cuirassiers s’achève avec la remise des prix, qui est notamment l’occasion de saluer l’équipage « le plus motivé » (venu de Normandie, soit 700 km) et le plus jeune. Cette dernière distinction est une bonne idée car il est important, pour assurer la relève, de montrer que ce type de manifestation n’est pas réservé aux seniors disposant d’un portefeuille bien garni. Voilà en tout cas une manifestation bien sympathique, organisée sérieusement (on est en Alsace !), mais par des gens qui ne se prennent pas au sérieux. Et qui, en prime, ont eu la météo de leur côté. Que demander de plus ?!

Photos © François Blaise et Olivier Favre

[i] Plus d’info sur cette SM ici : http://www.citroen-sm-orthodoxe.fr/

 

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