LE SACRE INDISCUTABLE D’HAMILTON
Lewis Hamilton avait irrité les plus versatiles de ses supporters en boudant une populaire manifestation des F1 dans les rues de Londres. Quatre jours plus tard, plus rien ne subsistait de cette mauvaise humeur. En dominant de bout en bout le GP de Grande-Bretagne, de cette façon irrésistible qui lui est propre, Hamilton avait rallié la totalité du public britannique à son panache jaune. Comment eut-il pu en être autrement ?
Johnny RIVES.
Lors de la première journée d’essais, vendredi, il avait laissé la vedette à son coéquipier Vallteri Bottas pendant qu’il s’obstinait à rouler avec les pneus Pirelli les moins performants (marqués en jaune). Pas d’esbroufe, il s’agissait de préparer le Grand Prix. Et bien. Le lendemain, samedi, il remettait tranquillement les montres à l’heure avec d’autant plus de conviction que les Ferrari étaient devenues plus menaçantes. Mais en F1, il n’y a qu’un jour de vérité, le dimanche. Et là, pour le coup, Lewis sortit le grand jeu, ne laissant à personne le loisir de l’inquiéter. Il mena de bout en bout sans coup férir. Personne n’y put rien. Même pas Raïkkonen, sans doute vexé une semaine plus tôt par les propos (sévères) tenus à son égard par le directeur de Ferrari Automobili, et qui réagit brillamment à Silverstone. Un Raïkkonen qui aurait vraiment mérité la 2e place derrière l’inapprochable Hamilton. Mais, contraint et forcé par une épidémie ayant affecté certains Pirelli, il l’a cédée à Bottas. Lequel a tenu à la perfection son rôle d’équipier en complétant opportunément le triomphe des Mercedes dans ce temple de la course automobile qu’est Silverstone. Où Hamilton, en signant son cinquième triomphe au GP de Grande-Bretagne, a rejoint deux autres gloires de l’Histoire de la course qui avaient en leur temps réussi la même prouesse : Jim Clark et Alain Prost.
DEGONFLÉES, LES FERRARI ?
Le jeu de mot était facile, nous n’y avons pas résisté. Les Ferrari auraient pu subir une défaite honorable à Silverstone, elles roulaient en 2e (Raïkkonen) et 4e positions (Vettel) au 48e des 51 tours prévus. Mais voilà, Pirelli leur a joué un mauvais tour bien involontairement sans doute. Si Raïkkonen avait manifesté quelques craintes, Vettel n’avait rien vu venir. Or, alors que l’arrivée était proche, l’un et l’autre ont été victime de la défaillance de leur pneu avant gauche. Déchapage pour Kimi, éclatement pour Sebastian. Alerté par ces incidents, Verstappen, qui avait exprimé les doutes concernant ses propres pneus, préféra s’arrêter pour échapper au pire. Cela lui permit de gagner une place imprévue au détriment de Vettel (qui en perdit deux autres pour se classer 7e) et de mettre un terme à sa série noire d’abandons. Raïkkonen, malgré l’incident, sauva sa place sur le podium sans cependant empêcher Bottas de lui ravir sa position de dauphin. Son désarroi apparut avec évidence après l’arrivée quand il resta prostré de longues minutes, avachi dans un fauteuil, tandis qu’auprès de lui Hamilton et Bottas commentaient joyeusement leur réussite. Il est nettement apparu, tout au long de ce Grand Prix, que si les Ferrari sont les plus proches rivales de Mercedes, elles sont néanmoins en net retrait sur les « flèches d’argent ». En tout cas sur un tracé rapide comme Silverstone. Vettel affirme que sur un parcours plus sinueux, il n’en serait rien. Ça tombe bien : le prochain rendez-vous est sur le Hungaroring proche de Budapest, où les lignes droites sont rares et courtes. Là, on verra bien si l’optimisme relatif du pilote allemand est réaliste ou non.
SAGE RICCIARDO, BOUILLANT VERSTAPPEN
Sans attirer sur lui la même attention que son équipier Max Verstappen, sans produire les mêmes coups d’éclat, Daniel Ricciardo s’avère au fil des courses être un atout extrêmement précieux pour l’écurie Red Bull. A Silverstone, parti de la dernière ligne, il a été l’auteur d’une course pleine de détermination au terme de laquelle il a obtenu une 5e place de qualité grâce à une remontée méthodique et mesurée. Sa course, autant que celle de Verstappen, a permis de confirmer les grandes qualités routières des Red Bull auxquelles il ne manque qu’un peu de souffle en ligne droite pour se hisser plus régulièrement parmi les vainqueurs potentiels. Malgré la cavalerie de sa Ferrari, Vettel n’a pas été en mesure en début de course de déloger Verstappen de la 3e place que le Néerlandais lui avait subtilisée grâce à un départ plus incisif. Pour y parvenir il a du procéder par ruse en changeant de pneus avant son adversaire, ce qui lui a permis de se retrouver devant lui quand Verstappen a effectué le sien. Stratégie qu’il a peut-être payée en fin de parcours quand ses pneus avaient sept tours d’usure de plus que ceux d’Hamilton et 14 que ceux de Bottas. Compte tenu des vertus de leurs Red Bull, Verstappen et Ricciardo attendent avec sans doute plus d’espoir encore que Vettel d’affronter le Hungaroring, fin juillet.
RENAULT A FÊTÉ SES 40 ANS
La prestation de l’équipe française en Autriche, une semaine avant Silverstone, avait été d’une indigence totale. Les deux Renault de Palmer et Hulkenberg, hors du coup, avaient terminé toutes deux hors des points. La première journée d’essais à Silverstone semblait annoncer une déception aussi grande pour le 40e anniversaire en F1 de la firme au losange. Hulkenberg et Palmer avaient été pointés aux 17e et 18e places à la fin des premiers essais (L1). Etrennant un nouveau soubassement (fond plat) dont l’influence est si prépondérante au plan de l’aérodynamique des F1, Hulkenberg progressa de manière significative lors des L2 où il se hissa au septième rang, ayant réussi comme les six inapprochables pilotes des équipes Mercedes, Ferrari et Red Bull, à tourner en moins de 1’30’’ au tour. Performance que Hulkenberg confirma le lendemain en L3 et surtout en qualification. Ce qui, grâce à la pénalité de Bottas (changement de boîte de vitesses) et aux ennuis de Ricciardo, lui permit de décrocher la 5e place sur la grille de départ.
Restait à confirmer en course, ce dont fut empêché l’infortuné Palmer – déjà sur la sellette en raison de son comportement décevant, et là, comble de la malchance, obligé de renoncer devant son public dès le tour de formation. La responsabilité d’Hulkenberg était d’autant plus grande que Renault fêtait, sur les lieux mêmes où avait débuté avec J.P. Jabouille sa toute première F1 à moteur turbo 40 ans plus tôt, son intronisation en Grand Prix. L’Allemand de l’équipe française n’a pas déçu son employeur à cette occasion. Il a mené une course extrêmement sérieuse à l’avant de ce que Grosjean avait humoristiquement nommé le « reste du monde » une semaine plus tôt.
GP Grde Bretagne 2017 Renault @ DRPneus fatigués, il a même décidé de ne pas opposer à Ricciardo, revenu du diable vauvert, une résistance qui eut pu s’avérer funeste. Pour cueillir finalement dans le dernier tour une 6e place due aux ennuis de Vettel. Certes son meilleur tour en course (1’32’’577) le place à près de deux secondes du record établi par Hamilton (1’30’’621). Mais il situe sa F1 améliorée près d’une seconde au-dessus du rythme des Force India (1’33’’504 pour Perez et 1’33’’521 pour Ocon) que l’on désigne généralement comme les meilleures derrière les « six grands ». A confirmer en Hongrie.
GP Grde Bretagne 2017 Renault @ DR