MAX L’INSOLENT AIDE HAMILTON
A l’issue d’une séance de qualification grandiose, une réalité apparaissait en toute clarté : sur le rude et probant circuit Gilles-Villeneuve de Montréal, deux pilotes illuminaient la F1 à la veille du GP du Canada – Hamilton et Vettel, est-il besoin de le préciser ? Ils dominaient plus que jamais. A commencer par leurs propres équipiers, Bottas et Raïkkonen. Les deux Finlandais étaient une fois encore réduits au rôle utile mais peu glorieux de faire-valoir… L’intérêt de la course reposait une fois encore sur la rivalité de ces deux champions d’exception. Plus que quiconque, ils personnifient le duel Mercedes-Ferrari. Le duel était ouvert car rien ne garantissait que la supériorité affichée par la Mercedes d’Hamilton au cours du sprint des qualifications pourrait être rééditée sur la distance d’un Grand Prix. Hélas ! cette incertitude ne dura que quelques secondes après le départ. Juste le temps d’arriver au rendez-vous du premier virage cher à Julien Fébreau. Quand, surgi comme l’éclair, Verstappen mit fin au suspense « à l’insue de son plein gré ». L’insolent Max avait faufilé sa Red Bull entre Raïkkonen, Bottas et Vettel avec une promptitude et une adresse stupéfiantes. Frôlant l’un, frôlant l’autre, il émergea en 2e position dès le premier obstacle. Tout s’était passé comme miraculeusement… à un cheveux près. Ou un centimètre près, si l’on préfère. Un centimètre ou guère plus dont l’aileron avant de Vettel ressentit irrémédiablement les effets. Fin des espoirs pour l’infortuné Sebastian. Hamilton, tranquille leader, ne le savait pas encore. Mais la victoire lui était acquise. Son seul concurrent était out. Il ne lui restait plus qu’à piloter sa Mercedes n°44 sans erreur au bout des 300 km prévus. Une formalité pour lui.
Johnny RIVES.
HAMILTON ET VETTEL
Servi de façon inespérée par l’infortune de Vettel, Lewis Hamilton n’a totalement refait son retard sur Sebastian au championnat du monde que pendant 17 tours. Au dix-huitième, ayant partiellement comblé le retard que lui avait coûté son changement d’aileron avant en début de course (il avait été pointé 18e et dernier), l’Allemand avait déjà hissé sa Ferrari en dixième position. Au classement virtuel du championnat du monde, il reprenait les commandes avec un petit point d’avance. Mais il n’en resta pas là, sa course poursuite le conduisant à la quatrième place en dépit d’un second changement de pneus – seules, parmi les dix premiers classés, les Ferrari en ont changé deux fois. Finalement le podium ne lui échappa que pour quelques dixièmes au profit de l’opiniâtre Daniel Ricciardo. Ce qui lui permet de conserver une confortable avance sur Hamilton : 12 points. Celui-ci paye ainsi un parcours moins régulier que celui de Vettel. Mais vu la démonstration qu’il a effectuée à Montréal, tant en qualif qu’en course, ses chances au championnat sont loin d’être compromises. Au contraire. Entre son implication intacte (ce dont on aurait pu douter à Monaco où il s’était laissé distraire par le festival de Cannes) et la qualité du travail que l’équipe Mercedes F1 réussit à maintenir à un niveau très élevé – les Ferrari, malgré leurs nets progrès, semblent rester un poil en retrait – le favori du championnat 2017 reste aujourd’hui Lewis Hamilton. On laissera à Vettel la responsabilité de contester ce pronostic. Car qui d’autre ?
BOTTAS ET RAÏKKONEN
« Je ferai ce que je peux », avait pronostiqué Vallteri Bottas sur ses propres chances au Canada. Derrière la modestie de ce propos on devine du fatalisme. L’an dernier, depuis le poste de pilotage de la Williams qu’il pilotait alors, Bottas avait certainement mesuré le talent d’Hamilton. Mais certainement avec moins de précision qu’il peut le faire cette saison. Où, bien installé chez Mercedes à la place occupée jusque là par Nico Rosberg, il mesure exactement les efforts qu’il lui reste à développer pour se hisser au niveau de celui qu’il faut bien nommer son leader. Par rapport à Raïkkonen (qui, chez Ferrari, occupe une situation aussi embarrassante par rapport à Vettel), il bénéficie de l’énorme avantage de disposer d’une F1 plus performante et plus fiable. Car s’il y a moins de fatalisme chez Raïkkonen, concernant sa situation au sein de la Scuderia, un constat s’impose : avec quatre podiums (dont une victoire) contre deux, Bottas est sur une lancée bien plus favorable que son compatriote. Dimanche, encore, alors qu’il pouvait à quelques tours de la fin convoiter la 4e place qui finit par échoir à Vettel, Raïkkonen en a été empêché par une défaillance passagère de sa Ferrari. Mais quelle défaillance ! Affectant le récupérateur d’énergie, elle l’a soudain mis en grande difficulté de freinage – dont il s’est tiré avec un brio que personne ne songerait à lui contester. Mais au moment de faire les comptes, il s’est finalement contenté de finir après Vettel… comme toujours depuis le début de la saison. Au point que désormais, même s’il parvenait à décrocher une ou deux victoires – on le lui souhaite en récompense de sa passion et de la fraicheur de son attitude – ses chances au championnat paraissent définitivement condamnées.
OCON ET GROSJEAN
Bien sûr, on suit le comportement de nos deux représentants depuis le début de la saison. L’opiniâtreté et la conviction de Romain Grosjean d’une part. La candeur et le punch d’Esteban Ocon de l’autre. Toute comparaison entre les deux « frenchies » est impossible en raison des différences de matériel entre la Haas-Ferrari de l’un et la Force India-Mercedes de l’autre. Pour s’en tenir au Canada, c’est Ocon qui a émergé une fois encore, comme le lui permet sa Force India. Mais cette fois, il a brillé d’un éclat inédit, allant jusqu’à se hisser en 2e position derrière Hamilton. Il s’y maintint un bon moment (23e au 31e tour) avant de s’arrêter pour son changement de pneus. Après quoi, il retomba à la 6e place derrière Perez (malheureusement pour lui) et Raïkkonen. Sa fin de course fut enthousiasmante. Après le second changement de pneus de Raïkkonen, il pressa Perez qui lui-même pressait un Ricciardo en difficulté avec des pneus inadaptés (les jaunes, dits « tendres », qui en fin de compte étaient des « durs » peu performants sur ce circuit). Perez fit le maximum non pas pour déborder Ricciardo mais bien pour ne pas être lui-même débordé par Ocon. La susceptibilité d’un leader ( ?) risquant d’être débordé par son second l’entraina dans une erreur dont son équipe devrait lui reparler.
Ocon fut très intelligent, d’abord en évitant l’accrochage – erreur qu’un pilote inexpérimenté comme lui guettait à chaque freinage. Puis, au lieu d’accabler son équipier d’invectives, en se contentant de dire que Perez avait préféré défendre ses propres chances que celles de son équipe. Au final une course brillantissime mais mal payée (6e).
Le contraire de Grosjean, qui n’a pas eu la partie facile lui non plus à cause d’une impardonnable bévue de Carlos Sainz qui l’a « chargé » inconsidérément (au sens guerrier du terme), le forçant au même handicap initial que Vettel (changement d’aileron avant). Après quoi, depuis la 17e place que cela lui valut, Grosjean a fait preuve d’une belle ténacité qui l’a vu gagner des places au point (grâce à la panne de l’infortuné Alonso) de décrocher la 10e position. Une récompense méritée mais bien payée quand même !