BOTTAS N’A PAS SURPRIS QUE FERRARI
En début de saison, s’appuyant sur un principe suivi depuis longtemps avec L. Hamilton et N. Rosberg, l’équipe Mercedes avait fait savoir que l’arrivée d’un nouveau pilote vierge de toute victoire, Vallteri Bottas, n’y changerait rien. Il n’y aurait pas de consigne d’équipe entre ses pilotes. Pas de priorité. Situation qui devait être remise en cause à Bahrain, troisième Grand Prix de l’année, où il fut demandé à deux reprises à Bottas de laisser le passage à Hamilton pour qu’il puisse faire la chasse à Vettel, dont la Ferrari dominait. Suite à cet événement, Mercedes fit savoir, discrètement, que recourir à une « consigne d’équipe » n’était finalement pas une notion à écarter forcément. Bon élève, consciencieux et discipliné, Bottas réagit à cela par un silence poli. Ce qui ne l’empêchait pas d’avoir une petite idée en tête. La résolution de faire le maximum pour rendre caduque cette décision. Et cela sans attendre. Au GP de Russie 2017, il prit le pas sur Hamilton dès les premiers essais libres (EL1), étant 5/10 plus vite que son leader. Il confirma aux EL2 (1/10 devant Hamilton), aux EL3 (2/10 plus rapide) et enfin en qualification où après avoir signé les meilleurs temps en Q1 et en Q2, il finit par être le moins distancé par les surprenantes Ferrari, se plaçant 3e sur la grille de départ avec 5/10 d’avance sur Hamilton. Ce qui n’est pas rien. Restait à concrétiser en course cette détermination inattendue, cette silencieuse révolte. Il y parvint de manière tranchante en prenant l’avantage sur les Ferrari avant même d’atteindre le premier virage. Puis en dictant sa loi jusqu’au bout en dépit des efforts de Vettel et de sa belle rouge. Chez Mercedes, il ne restait plus à Toto Wolff et à Niki Lauda qu’à prier pour que le festival de Bottas dure jusqu’au bout. Ce dont ils ont été exaucés… à leur propre surprise !
Johnny RIVES.
Après une première partie lénifiante, tant chacun des quatre premiers paraissait solidement assis sur ses positions (Bottas, grignotant un dixième par ci par là à Vettel, qui en faisait autant avec Raïkkonen, derrière qui Hamilton resta constamment impuissant), le GP de Russie nous a ménagé un joli final. Après les changements de pneus, le rapport des forces entre Mercedes et Ferrari parut s’inverser. Avec les pneus « violets » (ultra tendres) les Ferrari s’étaient montrées incapables de suivre le rythme imposé par Bottas. Dès qu’elles chaussèrent les « rouges » (super tendres), ce fut l’inverse : les plus rapides en piste devinrent Vettel et même Raïkkonen… Lequel établit le nouveau record du tour de Sotchi. Ce sursaut des Ferrari mit en danger Bottas au point de le pousser à sa seule erreur du week-end – un blocage de roues intempestif qui ne s’acheva par une touchette habilement évitée que miraculeusement. A l’arrivée, il n’y avait plus que 0’’6 d’écart entre Bottas et son dauphin Vettel. Cela malgré l’intervention involontaire de Massa, qui leur concédait un tour, et que Vettel eut plus de mal que Bottas à doubler. Mais Sebastian n’en fit pas une histoire : il n’avait pas tout perdu dans l’histoire en portant de 4 à 13 points son avance au championnat sur Hamilton.
FANTOME ?
L’image était tentante, mais comme l’on n’avait jamais vu Hamilton à son rang habituel lors de ce GP de Russie, on nous dit que c’était son fantôme qui avait piloté la Mercedes n°44. Il est vrai que cette « absence » pose question. Après l’arrivée, quand tous eurent mis pied à terre, Lewis fut l’un des premiers à féliciter Bottas. Ce qu’il fit sans que son attitude reflète une quelconque émotion. Rage de n’avoir pas pu se mêler à la bataille ? Plaisir de saluer la toute première victoire d’un équipier loyal ? Rien de cela… Comme s’il était toujours dans ce rêve qu’il avait traversé à Sotchi depuis le vendredi matin jusqu’au dimanche à 15 heures trente. Tel un ectoplasme vide d’émotion. Sa rivalité passée avec Nico Rosberg lui manque-t-elle à ce point ? On en saura sans doute plus lors du prochain GP d’Espagne.
MANGEUSE DE PNEUS ?
Felipe Massa fut le premier, parmi les pilotes les plus rapides, à troquer ses pneus « ultra » pour des « super », au 22e tour des 52 tours. Mais cela ne lui permit pas de boucler la totalité de la distance et il dut effectuer un second changement à son 42e passage. Juste après que Hulkenberg ait lui-même effectué son seul et unique changement. Cela valut au combatif Brésilien de se contenter d’une modeste 9e place derrière la Renault, au bout du compte, alors que sa Williams avait théoriquement tout pour se classer 6e derrière les quatre F1 « fuori classe » (hors concours) et la Red Bull de Verstappen. Mais son apparente gourmandise en pneus a privé la Williams de ce bon résultat, au grand profit des discrètes mais étonnantes Force India. Qui devancent désormais Williams au championnat constructeur. On veut espérer que l’équipe anglo-indienne ne sera pas autrement affectée par les ennuis de son créateur, Vijay Mallya, avec la justice de son pays. Ici, comment ne pas avoir une pensée spéciale pour l’étonnant Esteban Ocon dont on apprécie les performances et plus encore : son attitude très mesurée devant sa réussite. Un jeune homme de qualité, à n’en pas douter : il n’aura 21 ans que le 17 septembre prochain…
QUATRE SUPER GRANDS
Depuis le début du championnat 2017, quatre pilotes, ou plus exactement deux équipes, mobilisent régulièrement le podium : Mercedes (deux victoires, deux deuxièmes places et deux troisièmes) et Ferrari (deux victoires, deux deuxièmes places et une troisième). Le seul intrus est Verstappen (Red Bull), qui s’était classé 3e derrière Hamilton et Vettel en Chine. Qu’en sera-t-il en Espagne ? Le circuit de Montmelo, en dépit de ses exigences en tenue de route, est un circuit très favorable à la puissance. Et en ce domaine, Red Bull ne cache pas que des trois équipes majeures de la F1 c’est elle la moins bien fournie – merci Renault ! Constatation que ne partagent pas forcément leurs adversaires. Perez n’a-t-il pas placé Renault sur un pied d’égalité avec Mercedes et Ferrari ? On y verra plus clair en ce domaine au soir du GP d’Espagne. Où Red Bull annonce apparaître avec d’importantes modifications sur ses châssis. Modifications dont Verstappen mais aussi l’infortuné Daniel Ricciardo doivent avoir hâte de connaître la portée. Rendez-vous à Barcelone, donc.