Lewis Hamilton relégué en dernière ligne à cause des pénalités « moteur » que l’équipe Mercedes avait stratégiquement choisi de cumuler pour lui assurer une fin de saison plus sereine, Nico Rosberg n’apparaissait pas pour autant vainqueur désigné d’avance du G.P. de Belgique. Lors des essais libres les Red Bull (1ere et 2e en L2) et les Ferrari (1ere et 3e en L3) avaient démontré un potentiel certain. Ce que les qualifications avaient confirmé : Verstappen, Raïkkonen, Vettel et Ricciardo étaient à l’affut sur la grille de départ avec quelques infimes dixièmes de retard sur la Mercedes. Or, il ne fallut que quelques hectomètres pour que tout se clarifie autour de Rosberg. Dès le premier virage, l’épingle de la Source et ses pièges habituels, l’affaire était entendue. Rosberg en émergeait vaillamment en tête cependant que Vettel, Verstappen et Raïkkonen – dans l’ordre décroissant des responsabilités – y avaient vu leurs espoirs anéantis. Pour Nico, l’essentiel était assuré bien que cela ait également servi Hamilton…
Johnny RIVES.
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UN BOULEVARD POUR NICO.
L’affaire de la Source est limpide, comme il se doit ! Tandis qu’à l’extinction des feux Verstappen marquait nettement le pas, les deux Ferrari prenaient immédiatement l’avantage sur lui. Derrière Rosberg, nettement détaché, les places risquaient d’être chères dans l’épingle. Elles le furent. Mettons nous à la place de Raïkkonen, pour qui la vue semblait dégagée et favorable. Il aborda l’épingle avec la circonspection du pilote expérimenté qu’il est. Mais une circonspection toute relative, car il ne s’agissait pas de musarder. L’espace semblait lui appartenir quand soudain tout se rétrécit autour de lui. Sur sa droite Verstappen sembla surgir de nulle part. Pour compenser son départ manqué, le Batave avait retardé son freinage à l’extrême, plongeant sur la droite de Raïkkonen en s’aidant du bas-côté de la piste. Si elle avait eu la largeur d’une moto, sa Red Bull aurait peut-être pu se faufiler… Mais là, l’affaire était perdue d’avance. Raïkkonen voulut-il écarter sa trajectoire pour éviter le contact ? Cela lui fut impossible car, sur sa gauche, recourant peut-être à l’autorité d’un leader d’équipe, Vettel fit tout simplement comme si l’autre Ferrari ne s’était pas trouvée là. Il braqua délibérément sur son compagnon d’équipe. Coincé, Kimi ne pouvait plus éviter le contact ni avec Vettel, ni avec Verstappen. Le choc ne fut pas énorme. Mais suffisant pour les éliminer tous les trois de la course à la victoire. Ils avaient ouvert à Rosberg un boulevard que Nico n’eut plus qu’à parcourir sans faire de faute pour gagner. Ce qu’il fit brillamment, renouant ainsi avec la victoire qui le fuyait depuis le 19 juin, jour de son magistral triomphe à Bakou au G.P. d’Europe au soir duquel on le croyait sur une voie royale pour décrocher le titre de champion du monde.
https://www.youtube.com/watch?v=I_cvyka3aNw
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HAMILTON TIENT BON !
Mais tel n’est plus le cas, tant s’en faut. Ce chapitre n°13 du championnat 2016 n’a pas été aussi défavorable à Hamilton que la clameur populaire le pronostiquait à l’issue des deux journées d’essais. Les 55 places de pénalité que Lewis subissait à cause du renouvellement total de son groupe propulseur (moteur, turbo, récupérateur d’énergie etc.) étaient purement théoriques. Il y en eut 20 sur la grille de départ. C’était déjà un bon handicap. Combien allait-il pouvoir en récupérer ? Dès le premier virage, il en avait déjà regagné trois. Les autres coulèrent également… de source ! La course fut interrompue à la suite de l’impressionnant accident de Kevin Magnussen survenu à la sortie de l’Eau Rouge au début du 7e tour. Pointé 13e au premier passage derrière le débutant Esteban Ocon, Hamilton occupait alors déjà la 11e place derrière Alonso – l’autre pénalisé. La course fut arrêtée deux tours plus tard (9e tour) après que plusieurs de ses prédécesseurs aient décidé d’un premier changement de pneus. Hamilton était pointé en 5e position dans la file d’attente qui stationna plusieurs minutes dans les stands. Rosberg, tout à l’avant, n’était pas très loin de lui. Hulkenberg (3e) et Alonso (4e) paraissaient être des proies à portée de sa Mercedes. Il n’y avait plus guère de soucis à se faire pour Hamilton. Le podium lui était pleinement ouvert. Il ne le manqua pas, annihilant sans trop d’émotions les espoirs qu’avait pu caresser Rosberg de combler en une seule course le retard qu’il comptait sur lui. Rendez-vous à Monza !
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POLÉMIQUES.
Le comportement de Max Verstappen, aussi présomptueux qu’il est jeune (il aura 19 ans le 30 septembre), a une fois encore fait débat à l’issue de ce G.P. de Belgique. Dans le premier virage, son attaque désespérée, et d’avance vouée à l’échec, sur Raïkkonen n’a entrainé aucune sanction. Pas plus que son passage, totalement hors des limites de la piste dans l’Eau Rouge quelques centaines de mètres plus loin. Ou encore que sa « défense », un peu plus tard dans la course, lors des attaques de Raïkkonen et Vettel qui se retrouvèrent l’un et l’autre hors piste aux Combes à cause de son comportement… viril, dirait-on en rugby. Jacques Villeneuve s’est ému non sans raison du manque de respect manifesté par Verstappen vis à vis de ses adversaires au cours de ces péripéties. Un tel comportement fait paraît-il la joie des amateurs de sensations fortes. Notre propos n’est pas de réclamer des sanctions contre Verstappen, quand nous regrettons que dans d’autres circonstances certaines viennent accabler injustement certains pilotes – Rosberg pourrait nous en dire long sur ce sujet. Mais, sans parler de sanction, il faut reconnaître que Verstappen manifeste un mépris du danger qui mériterait sans doute un recadrage sérieux. Car le risque est grand que cela se termine mal un jour. Pour lui ou pour d’autres.
https://www.youtube.com/watch?v=LN08FvtDCV0
Illustrations et videos @ DR